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Recherche action sur le lexique: séquences au collège Belle de Mai

Ces propositions, qui sont conçues en lien étroit avec l’étude de la langue, et dans le cadre des nouveaux programmes de Français pour la classe de 5ème, ont été élaborées par Laurence Argentin, professeur au Collège Belle de Mai de Marseille





1. Présentation de la classe et rappel du bilan de la première année

Le collège de la Belle de mai est un collège de centre-ville de Marseille classé depuis la rentrée 2006 « Ambition Réussite ». La classe qui a participé à cette expérience est une classe de cinquième de 23 élèves. Il s’agit de la classe bilangue du collège (apprentissage conjoint de l’allemand et de l’anglais). Elle a été choisie pour cette expérimentation car il s’agissait de la seule classe de sixième dont l’effectif resterait le même deux années consécutives. (L’enseignement du français a lieu en groupes dans les autres sixièmes.) Cette classe hétérogène laissait une très bonne impression à l’oral mais tout au long de l’année, les enseignants avaient regretté le manque de travail à la maison de l’ensemble des élèves. Cette tendance s’est manifestée également durant l’année de cinquième : ce sont des élèves curieux et actifs à l’oral mais ils ne travaillent guère chez eux. Au terme de la première année de l’expérimentation, le bilan avait été mitigé : les élèves étaient devenus autonomes dans l’utilisation du dictionnaire, aptes à « jongler » avec les notions de synonymie, de polysémie mais il restait de nombreux points d’achoppement à améliorer : l’emploi d’un lexique varié dans les écrits (difficulté à passer d’un vocabulaire passif à un vocabulaire actif.) et des substituts qui n’étaient pas suffisamment riches et variés. J’ai donc décidé d’axer principalement mon travail sur ces deux axes : écrire en utilisant à bon escient un lexique riche et précis et varier les substituts.

2. La conduite des apprentissages systématiques

- L’utilisation du dictionnaire
Rendus autonomes dans l’utilisation du dictionnaire durant l’année de 6°, les élèves ont bien évidemment continué à utiliser de façon régulière cet usuel. Le « jeu du dictionnaire » avait lieu une fois par semaine : les élèves devaient chercher le plus vite possible un mot (lu ou entendu) mais aussi déterminer quel était le sens en contexte de ce mot employé dans une phrase. La notion de polysémie a été clairement assimilée, tous ont compris que le sens des mots pouvait varier selon le contexte et la plupart en fin d’année parvenaient à déterminer le sens adéquat. En séance de lecture, lorsqu’un mot posait problème, les élèves demandaient spontanément à aller chercher le dictionnaire.

- Les notions structurantes
Travailler sur le lexique m’avait conduite en sixième à faire plusieurs séances « structurantes » de manière approfondie. Il ne s’agissait pas de séances particulièrement novatrices mais de concepts à fixer et à réactiver sans cesse.
En début de cinquième, j’ai constaté avec plaisir que ces notions n’étaient pas oubliées. J’ai pu m’appuyer sur ces bases pour les approfondir durant cette seconde année de l’expérimentation. Aucune séance de l’année ne s’est déroulée sans que nous évoquions les concepts de polysémie, de formation des mots, de synonymie…L’enseignement est souvent une affaire de répétition et de réactivation des connaissances et dans le domaine du lexique, cela s’est révélé particulièrement efficace.

Nous avons notamment approfondi le travail sur la polysémie. :

Les exemples de la leçon sont adaptés d’exemples donnés dans l’excellent manuel Bâtir une grammaire 5°, de Combettes – Fresson – Tomassone, Delagrave 1978.

Simultanément au travail sur la polysémie, les élèves ont été amenés à réfléchir sur la notion d’antonymie.

C’est en l’utilisant qu’un élève prouve qu’il s’est véritablement approprié un mot. Et c’est en lisant des phrases écrites par des élèves qu’on voit clairement ce qui est acquis et ce qui ne l’est pas.
J’ai beaucoup pratiqué le travail d’emploi de mots nouveaux non dans des rédactions, mais dans des phrases. C’était très encourageant pour les élèves plus ou moins en difficulté à l’écrit - et ils étaient nombreux dans cette classe- car ils ont pu se concentrer sur le lexique et la syntaxe et sont arrivés à produire de très jolies phrases, bien construites et prouvant par là que des mots du lexique étaient entrés dans leur vocabulaire. J’ai aussi fait écrire des textes courts, de huit à dix lignes, l’important étant d’y injecter des mots vus dans la séquence.
J’ai bien sûr demandé de rédiger à intervalles réguliers des textes plus longs. Mais alors pour les élèves faibles, tout l’acquis lexical était perdu ou presque ; sauf lorsque j’ai modifié ma demande et que j’ai proposé d’inventer une histoire en partant de mots d’un champ lexical vu ensemble au préalable en lecture.(cf. séquence V

- L’apprentissage du lexique

Pour accroître le bagage lexical des élèves, je leur ai demandé d’apprendre des listes de mots, dont le point de départ était les textes vus en lecture. Ces listes ont été établies en utilisant le plus souvent le Dictionnaire du français usuel de Jacqueline Picoche. Il s’agissait de listes de mots en réseaux. Il pouvait s’agir de listes de mots regroupés par thématique ou bien du lexique « autour de tel ou tel mot ». Les mots étaient à mémoriser dans une phrase. Ce vocabulaire était à retenir, sur le modèle du vocabulaire que l’on retient lors de l’apprentissage d’une langue vivante. Pour que les élèves retiennent plus facilement ce nouveau lexique, les phrases d’exemple ont parfois été élaborées en classe avec les élèves. (Cf. exercice d’écriture sur l’écharpe de soie rouge commenté infra) Chaque séance débutait, comme en sixième, par le jeu de la boîte à mots : passage de 2 ou 3 élèves au tableau ; l’élève interrogé devait tirer au hasard des papiers dans la boîte. Il devait savoir orthographier le mot et le réutiliser dans une phrase de son invention. Le cas échéant, je pouvais aussi lui demander de m’expliquer son sens. Aux élèves de lever la main pour intervenir et l’aider ou le corriger en cas d’erreurs. Cet exercice, qui a contribué à la mémorisation des mots, m’a permis de prendre conscience que très souvent, les élèves pensaient connaître le sens d’un mot mais étaient incapables de le réutiliser correctement…Il s’agissait de réemploi oral mais il permettait d’apprendre également une syntaxe correcte

Quelques séquences en exemple

Comme en sixième, le temps consacré aux séquences a été divisé en trois parts approximativement égales : un tiers du temps consacré à la lecture, un tiers du temps à l’écriture et un tiers du temps à la maîtrise de la langue. Le lexique n’était pas le moteur de chaque séquence mais il infiltrait toutes les séquences, son étude faisant l’objet de relances incessantes. Voici des exemples de séquences
  1. Séquence 2 : LIRE UNE NOUVELLE POLICIERE : L’ECHARPE DE SOIE ROUGE de M. LEBLANC


  2. Séquence 5 : HUMOUR ET MOYEN-AGE – RECITS POUR RIRE OU SE MOQUER