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Les Contes d’Amadou Koumba :
de Birago Diop , 1947

Ce travail, centré sur la lecture et l’écriture, a été réalisé par Mme Grare Christabel, IA-IPR de Lettres, dans le cadre d’une élaboration académique de ressources pédagogiques, destinées à faciliter la mise en œuvre des nouveaux programmes de français en 6ème. Il ne s’agit que d’une trame possible et les enseignants que cela intéresserait éventuellement, sont invités à l’exploiter comme ils le souhaitent, à la modifier ou l’enrichir à leur guise, et surtout à l’adapter à leur propre classe


PREAMBULE:

Très riches par leur diversité et une écriture aux qualités littéraires indéniables, Les Contes d’Amadou Koumba doivent faire l’objet d’une lecture en œuvre intégrale. Celle-ci permettra, en relation avec un travail sur les contes traditionnels européens, d’analyser un certain nombre de points communs, comme le passage de l’oralité à la littérarité, mais aussi la spécificité des contes africains, et l’intérêt de cette littérature qui illustre un aspect du mouvement de la Négritude: la défense et l’illustration d’une culture africaine, portée à la connaissance du monde occidental pendant l’époque coloniale, par des écrivains fortement imprégnés d’une double influence, celle de leur langue maternelle et de leur pays de naissance, et celle de leur langue d’adoption et de leur formation universitaire en France.



Sites utiles :

a) pour les élèves :
- un site généraliste sur les contes africains
http://www.soninkara.org/culture-soninke/contes/birago-diop.php;
- le site consacré à Birago Diop : http://neveu01.chez-alice.fr/birasons.htm

b) pour les enseignants :
- un article de Jean Dérivé, de l’Université de Chambéry, sur le traitement littéraire du conte africain chez Bernard Dadié et Birago Diop, consultable sur
http://semen.revues.org/document2226.html
- un site intéressant sur les contes africains : http://www.france-mail-forum.de/dos/dos2/dos2bibli.htm

1. Recherches préalables menées en salle informatique avec le professeur (et validation de quelques items du B2i



Objectifs : Découvrir Birago Diop et son œuvre ; réaliser une biographie de l’écrivain et présenter les caractéristiques des contes africains à partir des informations trouvées sur le site www.soninkara.org/culture-soninke/contes/birago-diop.php

(il ne s’agit pas de se contenter de copier-coller des informations, mais de rédiger des présentations originales qui pourront donner lieu, après la lecture des Contes d’Amadou Koumba, à des panneaux d’exposition, à des articles sur Wikipedia et/ou à des présentations orales et à des jeux de rôle liés à la création d’une émission littéraire)

Ce travail sur internet demande une préparation en amont par le professeur. La classe peut être divisée en 7 groupes qui auront des tâches différentes à réaliser :

3 groupes peuvent travailler sur le site www.soninkara.org/culture-soninke/contes/birago-diop.php

a) Le premier groupe pourra lire les 2 rubriques intitulées " Biographie de Birago Diop " et " Avant-propos " (cliquer sur Birago Diop : Amadou Koumba) ; les rubriques occupent la page centrale, et à partir des informations trouvées, il réalisera une notice biographique en trois étapes :

  • la naissance et les études
  • l’influence d’Amadou Koumba
  • l’œuvre et les amitiés littéraires
b) Le second groupe lira, dans la rubrique " culture ", les articles intitulés " les contes Soninké " et " la tradition orale Soninké " et réalisera à partir des informations trouvées, une présentation en deux étapes :

  • la tradition orale du conte
  • les enseignements du conte
d) Le troisième groupe lira, dans la rubrique " histoire ", l’article consacré aux " griots ", et réalisera, à partir des informations trouvées, une présentation en deux étapes :

  • qui sont les griots ?
  • quelles sont les missions des griots ?

4 groupes peuvent travailler sur le site : http://neveu01.chez-alice.fr/birasons.htm

  1. Le premier groupe peut écouter dans les archives sonores de RFI " l’art et son temps ", entretien par Ibrahima Baba Kaki, les 5 rubriques intitulées l’origine des contes (3 rubriques), " le monde des contes " et "  le succès des contes ", et en résumer les idées importantes.
  2. Le second et le troisième groupe peuvent visionner les vidéos extraites du film " Birago Diop Pète conteur ", de Paulin Soumanou Vieyra et en résumer les idées importantes. Il faudra qu’ils se répartissent les documents.
  3. Le quatrième groupe peut lire le texte de l’interview de Birago Diop, conduite par Mohamadou Kane.
Chaque groupe présentera le fruit de son travail. Il faudra ensuite confronter les informations pour construire une présentation globale qui tienne compte de toutes les sources.

* Les résultats de ces recherches peuvent conduire à un panneau d’exposition présentant Birago Diop et son œuvre, accompagné d’une présentation orale devant des visiteurs.

* Un second panneau pourra être conçu, après la lecture des Contes d’Amadou Koumba, et mettra en relief quelques thèmes ou personnages essentiels et les leçons des contes. Les illustrations pourront être conçues en collaboration avec le professeur d’Arts Plastiques.

* On peut également envisager, en fin d’étude, d’envoyer une lettre à Patrice Birago Neveu (lien possible à partir du site de Birago Diop) pour lui faire part de ses impressions de lecture.

* On peut aussi enrichir l’article de Wikipedia consacré à Birago Diop (qui est actuellement assez succinct) et imaginer une présentation des Contes d’Amadou Koumba.

2. Guide de lecture :

Remarque préliminaire : la pagination renvoie à l’édition suivante : Birago Diop, Les Contes d’Amadou Koumba, éditions Présence Africaine, 1961<

Introduction :

Le recueil des Contes d’Amadou Koumba s’ouvre et se clôture par deux chapitres d’inspiration autobiographique (" Introduction " et " Sarzan ") qui placent l’oeuvre dans le Mouvement de la Négritude. C’est aussi le cas pour le troisième récit " Les Mamelles ", dont le titre prend aussi une valeur symbolique.

L’ensemble du recueil est un hommage aux traditions culturelles de l’Afrique qu’incarne la personne d’Amadou Koumba, dont le nom est mentionné dans le titre, mais aussi à plusieurs reprises dans le recueil (dans "  Un jugement ", page 29, " Les Mamelles ", page 33 ; dans " La Biche et les chasseurs ", page 134 et page 147 ; dans " L’Héritage ", page 165). Mais Birago Diop (voir ses entretiens) ne s’est pas contenté de transcrire les contes oraux qui lui ont été racontés par le griot de sa famille, il est lui-même l’auteur de la plupart des récits proposés dans ce recueil.

Les contes font intervenir des animaux (ce sont les plus nombreux) mais aussi des personnages humains. L’un d’entre eux présente également la particularité de comporter deux histoires emboîtées : " La biche et les deux chasseurs ". La sagesse de Serigne le Marabout se transmet à la Biche M’Bile qui a brouté l’herbe sur laquelle le sage avait craché : " M’Bile devint donc, non pas le Marabout ni le Sorcier de la forêt et de la savane, mais Celle-qui-savait. Car elle savait les choses cachées aux autres, des choses qu’ignoraient les hommes qui n’étaient ni marabouts, ni sorciers " (page 135).

La plupart des contes présentent une dimension étiologique et tendent à expliquer une particularité, comme le montrent les formules finales. Il s’agit parfois d’un nom (" les Mamelles ") ou d’une expression : " Voilà pourquoi, dit Amadou Koumba, l’on parle encore chez nous du jugement de Mandiakaté-Kala " (page 29) ; " C’est depuis ce temps que l’on dit aux gens difficiles ou de mauvaise foi (ce sont les mêmes), de ne point demander une lance d’hyène " (page 88). Il s’agit, plus souvent, d’une particularité animale.

On peut essayer de classer les contes selon les catégories suivantes :

  1. les contes d’apprentissage :
  2. Plusieurs contes correspondent à des récits d’apprentissage réussi ou non. C’est le cas, par exemple de :

    - " Maman Caïman " : les petits caïmans rencontrent la mort parce qu’ils n’ont pas écouté les leçons de leur mère et lui ont désobéi.

    - " L’Héritage " : les trois fils apprennent la sagesse, après un voyage initiatique qui les a conduits vers Kém Tanne, l’enfant qui savait tout, et leur a permis de comprendre quelles sont les vraies valeurs.

    Les quatre contes réunis sous le titre " Les mauvaises compagnies " peuvent aussi être qualifiés de contes d’apprentissage. Mais outre leur visée morale (il faut savoir choisir ses amis), ils expliquent un certain nombre de particularités animales. D’un point de vue formel, ils présentent des caractéristiques communes : un couple d’animaux mal assortis, une ruse qui entraîne une mésaventure, puis une vengeance et une punition, et une formule finale similaire : " On attrapa Golo, qui se souvient encore certainement de la correction qu’il reçut et qui, depuis ce temps-là ne fréquenta plus jamais Kakatar-le-Caméléon " (page 60) ; " Kantioli laissa tomber le régime d’amandes sur Koupou-Kala-le-Crabe, qui, de ce jour-là, eut le dos aplati et marche depuis vers sa droite et vers sa gauche, mais jamais plus droit devant lui " (page 67) ; " C’est depuis ce jour que Ganar-la-Poule gratte et éparpille tout ce qu’elle trouve avant d’y mettre le bec " (page 73) ; " Yambe-l’abeille s’en retourna chez elle jouant toujours du tam-tam. Et depuis ce temps-là, elle ne répond plus au salut de M’Bott-le-Crapaud " (page 81).

  3. les contes de métamorphose :
  4. La métamorphose apparaît soit comme une ruse, soit comme une punition. Elle manifeste, dans les Contes d’Amadou Koumba, les liens étroits qui s’établissent entre les divers règnes, notamment les hommes, les animaux et la nature. On la trouve dans :

    - " Fari l’ânesse " : la reine Fari et ses compagnes sont punies pour ne pas avoir accepté leur condition. La métamorphose en âne, qui est d’abord choisie par les femmes qui souhaitent s’amuser un peu, devient une punition. Elle est à l’origine de la malédiction qui s’abat sur les ânes : " Et c’est depuis N’Guer et depuis Fari, que les ânes peinent à coups de triques et trottent, chargés, par tous les sentiers, sous le soleil et sous la lune " (page 19).

    - " La Biche et les chasseurs " : M’bile la Biche et les animaux de la brousse se métamorphosent en jolies jeunes femmes pour piéger le chasseur N’Dioumane et ses chiens.

    - " Les Mamelles " : Khary l’épouse acariâtre se retrouve avec deux bosses; elle se jette dans la mer et donne ainsi naissance aux Collines appelées " Les Mamelles ".

  5. les contes satiriques :
  6. Certains contes présentent une dimension satirique manifeste : il s’agit, le plus souvent, de ceux qui évoquent les aléas de la vie conjugale ou familiale.

    - La satire porte sur le comportement des femmes. On critique leur insatisfaction dans " Fari l’ânesse ", leur caractère acariâtre dans " Les Mamelles " et " Vérité et Mensonge ", leur incapacité à garder un secret dans " N’Gor-Niébé ", leur malveillance dans " Petit-Mari ", leur amour des bijoux dans " les Calebasses de Kouss ".

    Mais la figure de la mère est valorisée dans " Maman-Caïman "

    - Elle porte parfois sur les hommes. On critique aussi leur caractère acariâtre et violent, et leur mauvaise foi dans "Un jugement ", leur inconstance dans "Vérité et Mensonge", leur goût pour le pouvoir dans "L’Héritage" (page 163), et leur autoritarisme dans "Tours de lièvre".

    La figure du père, critiquée dans ce dernier conte, est au contraire valorisée dans "Une commission ", où le Roi Mor donne la main de sa fille Penda à Birane, qui a su faire preuve d’intelligence et pourra ainsi protéger efficacement sa future femme (page 93), et dans "L’Héritage" où le vieux Samba sait transmettre à ses trois fils les valeurs qui ont fait de lui un sage.

Lecture d’extraits :

  • Texte 1 : extrait de L’ « INTRODUCTION », lecture analytique, les sources d’inspiration

  • Texte 2 : extrait du chapitre « LES MAMELLES », (début), lecture analytique

  • Texte 3 : extrait du conte « Les Mamelles » (fin), lecture cursive, le conte étiologique

  • Lecture cursive complémentaire : « Les Calebasses de Kouss »,à faire à la maison

  • Texte 4 : extrait des « Mauvaises compagnies I », lecture analytique

  • Lecture cursive complémentaire : Extrait des « Mauvaises Compagnies IV », à faire à la maison : depuis « M’Bott, viens donc… » (page 78) jusqu’à la fin du conte (page 81).
  • Autre lecture cursive complémentaire : La Fontaine, Fables: Livre I, 85, à faire en classe : LE RENARD ET LA CIGOGNE

  • Texte 5 : « le salaire », lecture cursive, le conte moral

  • Texte 6 : « La Biche et les deux chasseurs » (extrait), lecture analytique, la parole et les échanges humains, un conte moral

  • Texte 7 : « L’héritage », questionnaire de lecture cursive, à faire à la maison, conte d’apprentissage

  • Texte 8 : « Sarzan », lecture cursive à faire en classe

  • Texte 8: Premier poème de Keita (extrait), lecture analytique

. Etudes transversales :

Ces études transversales peuvent être proposées après plusieurs séances de lecture en classe. Elles complètent utilement la lecture d’extraits, et permettent une connaissance plus approfondie des contes étudiés. Elles peuvent être conduites sous plusieurs formes :

  • les plus complexes doivent être menées en classe sous la conduite du professeur et par groupe
  • les plus simples peuvent être données à faire aux élèves, mais avec un guide de travail et des consignes très précises
  • elles peuvent donner lieu à des synthèses écrites et/ou orales, à une petite exposition, à un livret de lecture éventuellement illustré (travail possible avec le professeur d’Arts plastiques), à une présentation au sein du collège ou devant une autre classe, à des lectures expressives, à de petites scénarisations (par exemple les passages dialogués des " Mauvaises Compagnies ", du " Salaire " ou des " Calebasses de Kouss "), à des jeux de rôles reprenant la trame d’émissions littéraires (radio ou télévision) etc. Il est important de valoriser l’ensemble du travail effectué sur l’oeuvre.

Liste des études transversales possibles : au choix

1. à faire en classe avec les élèves : le professeur doit préalablement établir la liste des passages les plus intéressants (on ne peut pas tout reprendre et certains passages font double emploi), et établir avec l’ensemble de la classe les points essentiels à mettre en valeur, qui donneront le plan de l’étude. La classe peut ensuite être divisée en groupes, chargés de l’étude de passages spécifiques. Les consignes doivent être de repérer dans l’extrait les idées importantes et de les reformuler d’une façon personnelle (il n’est pas efficace de se borner à du surlignage ou à des copier-coller). En 6ème, les consignes pour chaque groupe doivent figurer sur un document écrit, qui servira aussi à relever les idées importantes.
  1. les personnages de sages
  2. la peinture de la vie quotidienne africaine
  3. la visée morale des contes
  4. la dimension satirique des contes
2. à donner à faire en autonomie, après le travail fait en classe pour que les élèves sachent précisément comment travailler. Préciser les passages à étudier, et les consignes à respecter.

  1. les personnages de Bouki l’hyène et de Leuk-le-lièvre
  2. la peinture des animaux
  3. le thème de la ruse
  4. la représentation des hommes
  5. les relations entre les hommes et les animaux
  6. la description de l’Afrique et de la nature