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La Belle histoire de Leuk-le-Lièvre :
de Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji

Ce travail a été réalisé par Mme Grare Christabel, IA-IPR de Lettres, dans le cadre d’une élaboration académique de ressources pédagogiques, destinées à faciliter la mise en œuvre des nouveaux programmes de français en 6ème. Il ne s’agit que d’une trame possible et les enseignants que cela intéresserait éventuellement, sont invités à l’exploiter comme ils le souhaitent, à la modifier ou l’enrichir à leur guise, et surtout à l’adapter à leur propre classe.

Il est centré sur la lecture et l’écriture, et sera complété par des leçons de grammaire,
réalisées conjointement par des enseignants de CM2 et de 6ème qui seront mises en ligne sur le site Lettres de l’Académie, à la rubrique " Etude de la langue ".


PREAMBULE:

Cet ouvrage figure également dans la liste des œuvres conseillées pour l’école primaire en France. Il est souvent utilisé pour l’apprentissage de la lecture en Afrique francophone, et destiné à des enfants très jeunes. Il s’agit plutôt d’un ouvrage appartenant à la littérature de jeunesse, qui ne peut remplacer, dans le cadre de l’étude des contes, les œuvres patrimoniales à lire en 6ème.

Il est plutôt conseillé de l’exploiter, en tout début d’année, et en lecture cursive préalable à un travail sur les contes de Perrault, de Grimm ou de Mme d’Aulnoy. Rédigé dans une langue très simple, il est tout à fait accessible à des élèves qui sont en train d’apprendre le Français, comme les Enaf (1), ou à ceux qui peuvent encore rencontrer de grandes difficultés en lecture.

Il est composé de 68 chapitres très courts (une page ou deux), dont certains constituent une histoire à part entière (voir structure ci-dessous). C’est le cas, par exemple des chapitres 37 à 42, 43 à 47, ou encore 57 à 68. De très nombreux chapitres sont au présent, et le lexique est constitué par un vocabulaire de base très simple. Rares sont les procédés de style et les effets littéraires, ce qui en facilite la lecture.

Les points de langue proposés sont liés aux exercices d’écriture qui accompagnent les lectures. Ils ne constituent pas un travail approfondi et systématique sur la grammaire. Les professeurs sont invités à les compléter, en fonction d’une progression annuelle efficace en matière d’étude de la langue. Des progressions de ce type seront proposées sur le site académique Lettres, et pourront être utilisées quelles que soient les œuvres étudiées dans les séquences.

(1) Il existe un CD éducatif réalisé par le Cavilam, et présentant des activités d’apprentissage du Fle pour les niveaux A2 et B1, dont le livret pédagogique est entièrement téléchargeable sur le site suivant :
www.diplomatie.gouv.fr/fr/img/pdf/leuk-le-lièvre- livret-1.pdf



INTRODUCTION GENERALE:

Cet ouvrage présente une structure composite liée à la présence de plusieurs héros, dont le principal est le personnage de Leuk le Lièvre. Sa présence constitue un fil directeur dans une trame narrative qui relate non seulement son histoire, mais aussi celle de Bouki l’Hyène, et de Samba Nouveauné, le petit d’homme qui deviendra roi, notamment grâce à son ami Leuk.

Sur les légendes proprement africaines se greffent manifestement de nombreuses réminiscences culturelles européennes : Le Roman de Renart, œuvre médiévale qui consacre à travers son héros éponyme le triomphe de l’intelligence et de la ruse, mais également d’autres œuvres comme La Chanson de Roland, le mythe d’Orphée, les fables de La Fontaine et Le Livre de la Jungle de Kipling (voir les indications ci-dessous), et les contes merveilleux européens ( avec le personnage de la fée et le don d’objets magiques).

Comme dans les légendes de type explicatif, les histoires servent à expliquer des caractéristiques physiques (c’est le cas pour Leuk-le-lièvre, pour la Girafe et pour la lune). Comme dans les contes et les fables, elles ont également une portée morale. La visée éducative, manifeste de cet ouvrage, met en valeur des choix simples : l’intelligence et la sagesse permettent de se tirer d’affaire, il vaut mieux faire le bien plutôt que le mal, il faut toujours continuer à s’instruire auprès de ceux qui sont sages.

Néanmoins la vie reste rude dans cette Afrique, qui comme l’Europe médiévale, connaît la famine (Leuk et Bouki, tout comme Renart et Ysengrin, cherchent à se nourrir par tous les moyens) : le pays de Cocagne est avant tout celui où le mil pousse en abondance, et la richesse se mesure en têtes de bétail. La nostalgie d’un âge d’or à Doumbélane, où régnaient l’amour et la paix, cède rapidement devant l’esprit du mal qu‘incarne Bouki l’hyène. Les hommes sont peu fiables et toujours ingrats (c’est le sens des interventions de la tortue, de la girafe et de l’aveugle). La loi du plus fort règne et l’emporte, aussi bien chez les hommes que chez les animaux. L’intelligence et la ruse ne suffisent pas toujours, et Leuk le lièvre doit aussi compter, pour se tirer d’affaire, sur l’aide de la fée et des trois objets magiques qu’elle lui confie (l’écuelle, le bâton et la flûte). La magie contribue à rendre un peu plus vivable un univers où règne la violence et où il est particulièrement difficile de survivre. C’est aussi grâce à elle que Samba, fils d’une pauvre villageoise, pourra être consacré Roi.

 

Guide de lecture : Structure du récit



Projet de lecture : quelques remarques d’ordre pédagogique

La conduite de la lecture cursive peut se faire de plusieurs manières :

  • les élèves peuvent être invités à lire l’intégralité de l’œuvre avant le début de l’étude en classe. Cela est possible avec de bons lecteurs, et si on dispose d’assez de temps pour pouvoir l’exiger.
  • dans certains cas, et notamment avec des élèves qui ont des difficultés de lecture, la lecture peut être fractionnée, selon des unités de sens (on peut s’appuyer, par exemple, sur la structure indiquée précédemment). Elle peut être éventuellement accompagnée d’un petit guide de lecture destiné à faciliter le travail des élèves.

Comment contrôler que la lecture demandée a été faite ?

  • le contrôle de lecture écrit, s’il est réalisé (ce qui n’est pas une obligation), ne peut comporter que quelques questions très simples, qui n’impliquent pas une compréhension fine du texte : ce qui est contrôlé, c’est simplement que la lecture a été faite, pas que le texte a été compris. Si la lecture a été fractionnée, on ne pourra pas pratiquer le même type de contrôle pour chaque étape de la lecture (voir annexe 1)
  • on peut, au lieu de fournir les questions à la classe, demander aux élèves eux-mêmes d’imaginer 3 questions à poser à leurs camarades : cela présente l’avantage de les rendre actifs et de donner à ce travail de lecture une dimension créative et ludique. Le professeur peut diviser la classe en groupes (chaque groupe étant chargé d’un extrait précis), et organiser ensuite l’activité orale par équipes dans la classe, avec attribution de points etc…
  • le contrôle peut prendre une forme plus souple et tout aussi efficace, sous une forme orale en début d’heure, en faisant appel aux élèves volontaires mais aussi et surtout non volontaires. On peut également demander, à l’écrit ou à l’oral, de décrire le personnage, le paysage apparaissant dans le passage lu, ou de résumer l’action à partir d’une trame chronologique donnée.
  • le QCM peut également être exploité (une fois, pas systématiquement) notamment dans le cadre d’une lecture fractionnée ou d’un texte relativement court. Il vaut mieux éviter un trop grand nombre d’items, et s’en tenir à l’essentiel.
  • le questionnaire type vrai/faux est une alternative au QCM, qui appelle le même type de remarques.
  • une lecture expressive, à plusieurs voix, de quelques extraits, permet également de vérifier si le texte a déjà été lu par l’élève ou s’il le découvre au moment même de la lecture en classe.
  • La fiche de lecture, sous sa forme traditionnelle (inspirée par les activités du CDI), n’est pas conseillée pour un contrôle préalable. Elle peut éventuellement être exploitée ultérieurement, à condition d’être imaginée sous une forme originale, parfaitement adaptée à l’oeuvre étudiée, et étroitement liée au travail effectué dans la séquence. Elle peut donner lieu à un travail écrit élaboré (par groupe, par exemple) en fin de séquence.

Quels extraits choisir pour le travail fait en classe ?

On peut difficilement dépasser 5 ou 6 extraits lus en classe. Dans le cadre d’une lecture cursive, on dispose d’une très grande liberté et les critères de choix peuvent être très variés.

  • Ceux qui ont présidé aux choix effectués dans ce travail ont été de montrer quelques aspects essentiels de l’œuvre et de présenter, non seulement le héros principal de l’histoire, mais aussi des extraits dont les visées différentes (narrative, descriptive, éducative) donnent une idée générale de l’ensemble de l’œuvre.
  • D’autres extraits peuvent être choisis et préférés, en fonction d’autres critères et d’autres projets de lecture. On aurait pu ainsi décider de suivre l’évolution de Leuk le lièvre, en choisissant, par exemple, les chapitres 1, 15, 50, 62 et 68. On aurait pu s’intéresser à l’image de l’Afrique, en choisissant, par exemple, les chapitres 7, 21, 31, 49 et 68. On aurait pu choisir le thème de la ruse, étudié à travers les chapitres 13 ou 14, 19, 23 ou 24, 31 ou 36, ou simplement à travers l’histoire de la vieille fermière (chapitres 37 à 41) et/ou à celle des Laobés (chapitres 43 à 47). On aurait pu également se centrer sur l’Histoire de Samba Nouveauné, dans les derniers chapitres de l’œuvre (chapitres 57 à 68).
  • Dans tous les cas, un projet de lecture précis est nécessaire pour donner de la cohérence à la séquence et différents modes de lecture peuvent être exploités : lecture cursive (pour des passages simples dont la compréhension ne pose aucun problème), lecture analytique (conseillée pour les passages qui ont une écriture plus élaborée sur le plan littéraire) et lecture comparative (qui peut permettre d’étudier une évolution, ou des effets d’intertextualité)
Modes de lecture :

Les extraits peuvent être étudiés en classe, selon trois modes de lectures différents

  • lecture cursive : prélèvement d’informations simples pour l’élaboration d’une interprétation
  • lecture analytique : travail sur la structure du texte et sur les procédés littéraires utiles pour l’élaboration d’une interprétation
  • lecture comparative : étude des points communs et des apports spécifiques de chacun des textes qui entretiennent des liens d’intertextualité (source, échos, adaptation etc.) ou qui présentent des similarités significatives.

  1. Chapitre 1 : " Le plus jeune animal ", première apparition du héros, lecture cursive
  2. Chapitre 5 : " Leuk découvre la mer " : cet extrait est intéressant car il constitue une découverte marquante pour le héros, lecture cursive
  3. Chapitre 29 : " Le ciel ", un chapitre qui oppose une vision poétique et scientifique de la lune, et présente la famille Bouki sous un jour nouveau et plutôt positif, lecture analytique
  4. un extrait du chapitre 49 : " Serigne N’Diamala-la-girafe ", qui présente une vision poétique de l’Afrique, et un personnage qui a une influence décisive sur Leuk : cet extrait permet de travailler sur la description (animal et paysage), lecture analytique
  5. Chapitre 65 : Les belles devinettes, qui présente Leuk dans sa mission d’éducateur auprès de Samba Nouveauné : cet extrait permet de mener des activités plus ludiques, lecture cursive
  6. Chapitre 53 : " Cousin N’Diombor de lapin " : cet extrait permet de conduire rapidement une lecture comparative