Ce projet qui inclut, en classe de troisième,
l'usage des nouvelles technologies et permet la validation de certaines
compétences du B2I, a été réalisé
en collaboration avec ses collègues, par Gaëlle LOPEZ Certifiée
de Lettres Modernes, au Collège Diderot de Sorgues, classé
ZEP.
Un projet sur " le devoir de mémoire " peut permettre,
en français, de valider certaines compétences du B2I.
Voici les grandes lignes de ce projet fondé sur les témoignages
de la seconde guerre mondiale. Il se déroule sur l'année
entière et regroupe professeurs de français, d'histoire,
de technologie et la documentaliste du collège.
- motiver et dynamiser des élèves fragiles
- donner une légitimité aux supports abordés tant
en histoire qu'en français (bien souvent, les élèves
considèrent le support donné comme factice, strictement
scolaire, non légitime. Ils ne mettent pas les œuvres littéraires
en perspective et les événements historiques en rapport
avec les productions écrites ou orales, voire filmiques, iconographiques
de l'époque.)
- d'élaborer des productions écrites, voire de les échanger
au moyen de l'outil informatique
- de réaliser un site sur l'intranet du collège
- d'aider à devenir citoyen en développant une pensée
critique et autonome.
- Communiquer au moyen d'une messagerie électronique
- Produire, créer, modifier et exploiter un document à
l'aide d'un logiciel de traitement de texte.
Le projet se décompose en plusieurs étapes brièvement
exposées ici :
- Etude en français
d'Inconnu à cette adresse de Kressmann-Taylor,
décrivant la montée du nazisme. Travail mené en
parallèle avec la progression du cours d'histoire.
- Lecture de l'image
avec un travail sur les premières et quatrièmes de couverture
de différentes éditions de l'œuvre, complété
par un travail sur les affiches de propagande au moyen d'une exposition
prêtée par l'Office national des Anciens combattants et
victimes de guerre.
- Etant donné que la notion de témoignage est importante
tant sur le plan de l'histoire dans le cadre notamment du concours de
la Résistance que sur le plan du français dans le cadre
de l'autobiographie et de la poésie engagée, une bibliographie
est distribuée aux élèves. (Document
n°1) Cette bibliographie n'est pas exhaustive mais s'appuie
sur le fonds du C.D.I du collège. Elle regroupe un ensemble de
livres portant témoignages sur la seconde guerre mondiale. (La
collègue d'histoire a voulu inclure à cette liste des
ouvrages concernant la première guerre mondiale). A partir de
cette bibliographie, les élèves auront à choisir
un livre et à élaborer une fiche
de lecture commune en français et en histoire. (Document
n°2)
Remarque : pour certaines œuvres de la liste, une fiche particulière
sera donnée. Il en est ainsi par exemple pour la nouvelle Nuit
et Brouillard de J-P Andrevon.
Une fois les fiches de lecture rendues et corrigées, ce travail
aura pour prolongements la réalisation
d'un site sur l'intranet du collège en collaboration
avec le collègue de technologie et la documentaliste. Le but
est que chaque élève rende compte de sa fiche de lecture,
ce qui sera une base de données pour le C.D.I et un moyen pour
les élèves de troisième d'être actifs. En
effet, sur ce site chaque fiche présentée s'achèvera
par un " droit de réponse " permettant aux élèves
des autres troisièmes d'ajouter leurs critiques, leurs opinions
ou leurs observations sur le livre en question.
Remarque : Les élèves pourront certes exercer leur droit
de réponse et établir un véritable dialogue au
sein de l'établissement mais sous le contrôle du professeur
de français auquel seront envoyés les commentaires et
qui en validera la forme.
- Un échange par internet
est également possible avec un autre collège. Ainsi, une
suite à Inconnu à cette adresse peut être
inventée. Pour le premier envoi, on peut proposer certaines pistes
aux élèves :
Martin a écrit une dernière lettre à Max le 12
février 1934 puis il disparaît. On peut penser qu'il a
été envoyé dans un camp de concentration et que
sa famille a été exterminée, déportée…
On pourrait imaginer une lettre
écrite quelques années après, en 1944 par exemple,
par Martin à Max.
Il pourrait :
- Dire ce qui s'est passé directement après les lettres
de Max : son interrogatoire par la gestapo, sa famille placée
sous surveillance, son château et ses biens confisqués
par les nazis…
- Puis expliquer qu'il a été enfermé sans savoir
ce que sa famille deviendrait, ayant toujours l'espoir au fond de lui
que tout allait bien pour eux et que ce cauchemar serait bientôt
fini quand " ils " se rendraient compte qu'il s'agissait d'une
monumentale erreur !
- Ensuite, il pourrait décrire sa vie à Dachau où
il aurait été déporté, il pourrait parler
de la dure réalité des camps. Il aurait pu apprendre,
alors, que sa femme et ses fils avaient été exécutés.
A la haine et à la rage qu'il aurait pu ressentir pour Max aurait
pu succéder une remise en cause. En parlant avec des détenus,
Martin aurait pu se rendre compte des monstruosités commises
par les Allemands au nom de la renaissance du pays.
- Ecrire combien il a pris conscience de son aveuglement. Découverte
de valeurs devenues, pour lui, erronées. Prise de conscience
d'un idéal qui n'est pas le sien : censure, restrictions sur
les droits de l'homme et la liberté d'expression. (Il pourrait
même se demander comment il a pu perdre tout sens critique, à
l'époque !)
- Des regrets pourraient voir le jour à l'égard de son
embrigadement dans un régime qui n'a aucune humanité,
qui reste sourd à la souffrance humaine…. Donnant lieu à
des regrets par rapport à Max et à leur amitié
qu'il a trahie au nom de valeurs fausses.
- L'expression de remords et l'aveu de sa culpabilité par rapport
à la mort de Griselle pourraient conclure la lettre.
Les élèves sont libres de proposer d'autres pistes. Par
ce biais, ils doivent réinvestir tout ce qu'ils ont travaillé
en histoire, en français et ce qu'ils ont lu de manière
plus personnelle. Suite à cet envoi, une réponse de Max
est attendue.
Cette notion de témoignage peut être
approfondie avec la séquence de français consacrée
à la poésie engagée, avec l'intervention d'un ancien
résistant pouvant donner lieu à la rédaction d'un
article de journal (nouvelle occasion d'insérer l'utilisation
de l'outil informatique) et surtout avec une sortie en fin d'année
au Musée d'histoire 1939-1945, L'appel de la liberté à
Fontaine-de-Vaucluse comme point d'orgue de ce projet.
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