LA
FABLE : Histoires d'animaux…histoires d'hommes ?
Cette séquence sur la fable
a été élaborée par Mme Evelyne DUISIT, agrégée
Lettres Modernes et aide IPR depuis 2004.
Elle a été expérimentée avec une classe
de 6ème du Collège des Prêcheurs d'Aix-en-Provence.
A.
Trame générale de la séquence
|
Objectifs :
1) Etudier le dialogue dans la fable : les paroles des personnages
(caractéristiques et fonction).
2) Etudier la visée ludique et la visée didactique
de la fable, établir un parallèle avec les deux visées
rencontrées dans Les Contes de Perrault (" Instruire et
plaire " des auteurs du XVIIème siècle).
3) Réécrire une fable, rédiger une moralité.
4) Reconnaître et employer sujet et attribut du sujet.
5) De " fabula " à " fabuleux " :
étymologie et dérivés de "fable"
6) Mémoriser et réciter une fable.
Lecture cursive : Les contes du chat perché de
M.Aymé.
Choisir un des contes et rédiger un texte d'accroche de 4ème
de couverture ; l'illustration de la 1ère de couverture sera
effectuée en cours d'arts plastiques.
SEANCE I : Maîtrise
de la langue :
-manipulation du dictionnaire : étymologie de " fable ",
dérivés (ajout de préfixes, de suffixes), synonymes
et antonymes de " fabuleux ".
-exercice d'écriture : rédiger des phrases avec ces mots.
SEANCE II : Lecture
analytique comparative :
- " La grenouille et le bœuf " de Phèdre.
- " La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf
" de La Fontaine.
Objectifs : |
-Réécriture d'une fable de l'Antiquité
au XVIIème siècle. |
|
-Mémoriser et réciter une fable =>
Evaluation orale au cours de la séquence (grille d'évaluation
établie avec les élèves => annexe). |
|
-Evaluation intermédiaire : écriture
d'imitation. |
SEANCE III : Etude
de la langue : Sujet et attribut du sujet.
Textes supports : " La grenouille et le bœuf " et "
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ".
Objectifs : |
-Reconnaître et savoir utiliser le sujet et
l'attribut du sujet. |
|
-Accorder l'attribut du sujet avec le sujet. |
SEANCE IV : Etude de
la langue : dictée dialoguée : " La
cigale et les fourmis " d'Esope.
Objectifs : |
-Evaluation des acquisitions sur l'accord de l'attribut
du sujet. |
|
-Apprendre à raisonner, à se reporter
aux mots de la même famille, pour éviter les erreurs. |
SEANCE V : Lecture
analytique : " Le loup
et l'agneau " de La Fontaine.
Objectifs : |
-Visées de la fable (réinvestir les
acquisitions précédentes). |
|
-Découvrir le discours argumentatif dans un
dialogue. |
|
-Mémoriser et jouer un des trois
personnages (le narrateur, le loup et l'agneau) => grille d'évaluation
annexée. |
SEANCE VI : Etude d'une
parodie : " Le loup
timide " de Gérard Bocholier
Objectifs : |
-Réécriture d'une fable du XVIIème
siècle au XXème siècle. |
|
-Evaluation intermédiaire : rédiger
une parodie d'une dizaine de lignes, mettant en scène des
animaux à contre-emploi. |
SEANCE VII : Etude
de la langue : Les types
de phrases : la phrase impérative ou injonctive.
Texte support : " Le renard et le bouc ".
Objectifs : |
-Reconnaître et savoir utiliser les deux types
de phrases. |
|
-Savoir conjuguer et employer l'impératif (et
le subjonctif présent). |
SYNTHESE :
- Définition et caractéristiques de la fable, rédigée
collectivement, en classe, à partir des synthèses élaborées
au cours des séances.
- Etude de l'image : " Je me sers d'animaux pour instruire
les hommes " : illustration par une gravure de Granville ("
Le corbeau et le renard ") et par une gravure de G.Doré
EVALUATION :
" La mouche et la crème " de Pierre Gamarra.
Lecture-Ecriture d'imitation : Rédigez une fable en prose
d'une trentaine de lignes, mettant en scène un animal et illustrant
la morale : " Parfois, les choses que l'on aime sont des dangers.".
Consignes : |
-Vous utiliserez des phrases injonctives. |
|
-Vous donnerez un titre à votre fable et
vous la terminerez par une morale que vous aurez inventée,
à la suite de celle de P.Gamarra. |
|
|
ANNEXE : Grille
d'évaluation orale
B.
Trame détaillée des séances
|
SEANCE I : Maîtrise
de la langue : (Axes d'étude)
1) Manipulation du dictionnaire autour du nom " fable "
: Rechercher :
- étymologie latine : " fabula "
= propos, récit, histoire (> " fari " : parler)
|
- sens et évolution : |
- sujet d'une œuvre, sujet de plaisanterie. |
|
- récit à base d'imagination populaire ou artistique
: conte, légende. |
|
- petit récit (= apologue), destiné à illustrer
un précepte ( = moralité). |
|
- anecdote, nouvelle mensongère, mensonge. |
Employer " fable " dans quatre phrases différentes
pour illustrer chaque sens.
2) Manipulation du dictionnaire : les dérivés de
" fable " et de " fabula " :
- fabliau et fablier
- fablier (Madame de la Sablière) et fabuliste
- fabulation et fabulateur : étude des suffixes (sens des suffixes
-tion et -(t)eur ajoutés à un verbe): recherche et emploi
dans des phrases de doublons (ex : formation/formateur ; communication/communicateur
; observation/observateur…).
- affabuler/affabulation ; confabuler/confabulation : étude des
préfixes ( sens des préfixes a- et con-) : recherche et
emploi dans des phrases des deux doublons (ex : affaiblir/affaiblissement
; confronter/confrontation…).
3) Manipulation du dictionnaire autour de l'adjectif " fabuleux
" :
Recherche et classement des synonymes : |
- qui appartient au merveilleux antique. |
|
- faux comme ce qui fait partie d'une fable. |
|
- qui paraît invraisemblable quoique réel. |
Rédiger une phrase qui illustrera un des sens de " fabuleux
".
- recherche des antonymes et classement en rapport avec les synonymes.
Rédiger deux phrases pour faire apparaître la différence
qui existe entre " réel " et " ordinaire ".
SEANCE II : Lecture
analytique comparative :
" La grenouille et le bœuf " Phèdre
" La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf
"
La grenouille et le bœuf
Dans un pré, jadis, une grenouille
vit un bœuf ; et,
jalouse d'une si grande taille,
elle gonfla sa peau rugueuse. Alors
elle interrogea ses petits pour
savoir si elle était plus large que
le bœuf. Ils lui dirent que non. De
nouveau elle tendit sa
peau par un plus grand effort et demanda de
même qui était le plus grand. Ils lui dirent
: " le bœuf ". Enfin,
dépitée, elle voulut s'enfler
plus fort et resta étendue, le corps crevé.
Phèdre
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que
le bœuf
Une
grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout
comme un œuf,
Envieuse,
s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : " Regardez bien, ma sœur;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
-Nenni. -M'y voici donc ? -Point du tout. -M'y voilà ?
-Vous n'en approchez point. " La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages
;
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
J. de La Fontaine
1) Qui ?
> Schéma actantiel : |
-sujet : la grenouille. |
|
-objet : devenir aussi grosse que le bœuf. |
|
-opposant : " peau rugueuse ", petite taille. |
2) Quoi ?
>Schéma narratif : |
-SI : le manque. |
|
-EM : " vit un bœuf " (passé
simple). |
|
-Péripéties : verbes |
|
-EM : " elle creva " |
|
-SF : " resta étendue, le corps crevé
" |
I. Une même histoire,
mais effet produit différent. Pourquoi ?
II. Ecriture et réécriture :
1) La fable de Phèdre
- situation spatio-temporelle indéfinie. |
|
- histoire complète ; évolution marquée par
: . |
- des connecteurs temporels.
|
|
- des questions (" interrogea ", " demanda ")
suivies de réponses (" ils lui dirent… " ;
" ils lui dirent… "). |
- mise en scène du sujet : |
- sentiments, émotions : " jalouse ", "
dépitée ". |
|
- comportement : moral : " un plus grand effort ", "
voulut…plus fort ". |
|
- comportement physique : " gonfla ", " tendit
". |
L'essentiel est raconté.
2) La fable de La Fontaine
Effets produits différents de ceux de la fable de Phèdre
:
- scène en direct : |
- énumération de 3 verbes d'action pronominaux,
au présent de narration, en un seul vers, enchaînés
par " et " > efforts faits par la grenouille sur son
corps (sens réfléchi des verbes). |
|
- enchaînement des questions et des réponses,
sans indication de locuteur, sans verbe de déclaration, ni
présentation habituelle du dialogue > action en cours,
sans interruption. |
|
- questions de plus en plus courtes de la grenouille,
en // avec les réponses de plus en plus longues et négatives
de sa soeur > essoufflement, asphyxie progressive et inutile
de la grenouille. |
Scène visuelle et auditive
|
- chute inattendue : |
- enjambement > " arrêt sur image "
du sujet " La chétive pécore ", séparé
de son verbe > effet d'attente. |
|
- aspect positif de la locution " si bien que
", en opposition avec le verbe final. |
|
- rapidité et brutalité du dénouement
rendue par la polysémie du verbe " crever " : 1
: éclater. 2 : mourir en parlant d'un animal, sens introduit
par le nom " pécore ". |
Histoire édifiante
|
Une fable enrichie pour rendre l'histoire plus attrayante
et plus édifiante : visée ludique et didactique de la
fable de La Fontaine.
III Renforcement de la visée didactique de
la fable de La Fontaine: la moralité
- Une première phrase énonçant une vérité
générale (" le monde ", " gens ",
verbes au présent).
- Progression linéaire à thèmes dérivés
: " tout bourgeois ", " tout prince ", " tout
marquis " > généralisation dans chaque catégorie.
Condamnation implicite de la vanité.
1 Reformulation de la moralité.
2 Relecture et entraînement pour l'oral : fable à mémoriser
et à interpréter.
3 Recherche de situation mettant en scène un autre animal, pour
illustrer la morale
4 Prolongement : exercice d'écriture.
ECRITURE : A la manière de La Fontaine, en vous reportant
à " La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le
bœuf ", mettez en scène un animal dans une situation
qui illustrera la morale de la fable. Vous conserverez les extraits
recopiés ci-dessous et vous compléterez les passages qui
manquent.
TITRE :
Un |
vit un |
Qui |
|
Elle/Lui, qui |
|
Disant : " Regardez bien, m
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
SEANCE III : Etude
de la langue : sujet et attribut du sujet
(Textes supports : " La grenouille et le bœuf " et "
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ")
1. Faire relever, dans la fable de La Fontaine, les informations
que donne le narrateur sur le bœuf et sur la grenouille.
Le bœuf : " de belle taille " => grand et gros.
La grenouille : " pas grosse ".
2 mêmes structures : " un bœuf / Qui (lui) sembla de
belle taille "
" Elle qui (n') était pas grosse "
" de belle taille " : information donnée, attribuée
au bœuf ( = qui) par le narrateur.
" pas grosse " : information donnée, attribuée
à la grenouille ( = qui) par le narrateur.
Relever dans la moralité une information attribuée
de la même façon.
" ….de gens qui (ne) sont pas (plus) sages "
2. Etudier les trois exemples, après les avoir simplifiés
en supprimant les substituts pronominaux :
Un bœuf lui sembla de
belle taille.( = grand et gros)
Elle n'était pas grosse.
Les gens ne sont pas
plus sages.
Attribut renvoie au même animal, à la même personne
désigné(e) par le sujet => Attribut de sujet qui s'accorde
avec lui, en genre et en nombre.
Ne peut être supprimé => suit le verbe.
Rédiger une synthèse partielle en
deux phrases.
3. Reconnaître les verbes attributifs :
" Une grenouille vit un bœuf " " bœuf "
ne désigne pas la grenouille => n'est pas attribut du sujet.
Elle " resta étendue " " étendue "
renvoie à " elle " => est attribut du sujet "
elle ".
" Elle était plus large… " " large "
renvoie à " elle " => est attribut du sujet "
elle ".
Relever les verbes attributifs dans les deux fables.
Sens de ces verbes : // entre " elle gonfla sa peau
" (Verbe d'action) et " elle resta étendue "
(Verbe d'état).
Etre, sembler, rester : Employer chacun dans une phrase en le faisant
suivre par un attribut du sujet. Le sujet sera au singulier.
Mettre les sujets au pluriel.
Remplacer, dans les phrases les deux verbes par un synonyme : sembler
( => paraître, avoir l'air), rester ( => demeurer).
Trouver un verbe pour remplacer " se faire " dans le titre
de la fable ( => devenir).
Rédiger une synthèse partielle en récapitulant
les verbes d'état.
Remarque : Les verbes occasionnellement attributifs
Exemple : dans la situation finale des contes : " Ils vécurent
heureux… "
Rechercher d'autres verbes, en procédant par antonymes (mourir,
naître) et en élargissant (tomber, passer pour…).
PROLONGEMENTS :
-exercices d'identification de l'attribut du sujet.
-exercices de manipulation : accord de l'attribut avec le sujet.
-exercices d'écriture : rédiger des définitions
de trois animaux fabuleux en utilisant des verbes d'état et des
attributs du sujet et en soulignant les sujets et les attributs du sujet
de deux couleurs différentes.
SEANCE IV : Maîtrise
de la langue
Objectifs :
Vérification et évaluation des acquisitions
sur : |
- l'attribut du sujet et son accord avec lesujet.
|
|
- la formation des mots. |
|
- la conjugaison de l'imparfait et du passé
simple. |
I. Correction des exercices donnés en prolongement
II. Dictée dialoguée : " La cigale et les fourmis
" d'après Esope.
Démarche suivie :
1) Lecture du texte => écouté par les élèves
=> reconnaître les objectifs.
2) Dicter le texte phrase par phrase, en demandant aux élèves
de réagir à chaque attribut du sujet et de justifier comment
ils l'identifient.
3) S'arrêter sur chaque dérivé, en demandant d'en
dégager le radical et les affixes, ainsi que de trouver des mots
de la même famille, collégialement pour les deux premiers
: " affamée " et " amassais " et individuellement
pour les suivants : " inactive ", " mélodieusement
", " négligent ".
4) Inciter à rechercher les dérivés de " chagrin
" et " danger ", pour déterminer la syllabe ou
la lettre finale, et attirer l'attention sur les deux consonnes atones
finales de " temps ".
5) Provoquer une relecture silencieuse pour rechercher les verbes 1)
à l'imparfait, 2) au passé simple, reconnaître la
personne à laquelle il est conjugué pour l'écrire
correctement.
6) Relire le texte et laisser un temps de relecture silencieuse pour
se concentrer sur les autres difficultés du texte.
Exercice de réécriture :
- Mettre au singulier : (Dicter les phrases) : " Les récoltes
étaient humides ", " Les fourmis ne semblèrent
pas surprises ".
- Mettre au pluriel : (Dicter les phrases) : " La cigale paraissait
affamée ", " Je n'étais pas inactive ",
" Il est négligent ".
III. Evaluation :
1) sur 15 points pour les acquisitions déterminées dans
les objectifs (-1 par erreur grammaticale, - 0.5 par erreur concernant
la formation des mots).
2) sur 10 points pour le reste de la dictée.
3) 5 points pour l'exercice de réécriture.
SEANCE V : Lecture
analytique :Le loup et l'agneau (La Fontaine)
Objectifs :
- Etudier le dialogue : |
- des échanges de paroles qui caractérisent
les rapports entre les deux personnages. |
|
- l'argumentation de l'agneau. |
- Découvrir une autre présentation
de la moralité et le point de vue du narrateur. |
Axes d'étude :
I. Paroles et personnages:
- Importance du dialogue dans la fable nombre de vers consacrés
au dialogue.
- Relations entre les personnages :
Le loup : tutoiement de l'agneau (à surligner dans la fable)
mépris du loup. L'agneau : 3ème personne du singulier
+ titre royal (à surligner dans la fable) déférence
de l'agneau.
Rapports établis sur l'aspect et sur la puissance que donne
la force physique.
II. Accusation et défense :
1. Mise en accusation de l'agneau :
- L'attaque verbale. Le loup mène le dialogue : phrase interrogative
+ annonce du crime de lèse-majesté dans l'alexandrin ("
Qui te rend si hardi / de troubler mon breuvage ? "
// entre les 2 hémistiches) + agressivité marquée
par les sonorités : allitération en r).
- La condamnation sans appel de l'agneau : lexique de la justice : "
châtié " +futur qui annonce la sentence, mais jugement
rendu grotesque par la désignation du crime : " témérité
", attribué à l'agneau : faux prétexte pour
légitimer la cruauté du loup.
-Utilisation de l'alexandrin pour souligner le ton autoritaire du loup.
2. Défense de l'agneau :
-Une argumentation construite : |
- appel à la modération et à
la raison. |
|
- observation des faits de façon objective
(" vingt pas "). |
|
conséquence : réfutation du crime dont
il est accusé. Présence d'un alexandrin, au milieu
d'octosyllabes, qui met en valeur le caractère irréfutable
de la justification. |
(Surligner les connecteurs logiques pour mettre
en évidence la progression du raisonnement).
Agneau = son propre avocat, qui sait plaider sa cause : monopole de
la parole (10 vers).
3. Un faux procès :
- Mise en échec du loup : les faits reprochés à
l'agneau ne reposent plus sur des situations concrètes, mais
sur des rumeurs (" Je sais ", " on me l'a dit "),
sur des imprécisions (" l'an passé "), sur des
méprises de personnes (" Si ce n'est toi, c'est donc ton
frère ", " quelqu'un des tiens "), sur le besoin
de légitimer son futur crime en se faisant passer pour la victime
(" Vous ne m'épargnez guère ") et justifiant
son droit à se venger (" Il faut que je me venge."),
en // passage de l'alexandrin à l'octosyllabe pour souligner
l'essoufflement des arguments du loup, disqualifiés les uns après
les autres par l'agneau.
- Une défense impossible : refus d'entendre les deux preuves
incontournables de l'agneau (" je n'étais pas né
", " Je n'en ai point ") refus du droit à la parole
de la défense : répliques de + en + courtes de l'agneau
( 2 alexandrins, puis 4 syllabes dans un décasyllabe), le loup
reprend et garde la parole, mais une parole précipitée
( 2 heptasyllabes qui suivent les 6 syllabes de la fin du décasyllabe
commencé par l'agneau), afin d'empêcher toute tentative
d'une nouvelle argumentation de l'agneau.
Le loup s'impose non par des arguments, mais par l'autorité :
" Je sais ", " c'est donc ", " c'est donc ",
" il faut que ".
Pourquoi ce procès inutile puisque le châtiment
était annoncé au début du dialogue ?
III. La moralité :
- Placée au début de la fable. L'histoire va l'illustrer.
- Point de vue du narrateur dépréciatif pour le loup :
" cet animal plein de rage ", " cette bête cruelle
", opposé à l'image poétique de l'agneau en
harmonie avec la nature + sonorités douces (" Dans
le courant d'une onde pure ").
- - L'agneau triomphe par sa plaidoirie, mais perd son procès,
alors qu'il aurait dû le gagner, s'il s'était agi d'un
vrai procès, il s'agit donc d'une parodie de procès, puisque
la loi et la justice sont bafouées.
- Une moralité qui n'est pas morale, mais qui montre que, seule,
triomphe la loi du plus fort : la force physique pour les animaux, la
puissance donnée par la position sociale qui n'accepte aucune
remise en cause pour les hommes.
Prolongement : exercice de réécriture :
Sur le même modèle que l'argumentation de l'agneau, rédigez
un petit paragraphe de trois phrases pour solliciter une faveur. Dans
la première phrase, vous flatterez votre interlocuteur ; dans
la seconde, vous exposerez la situation et dans la troisième,
vous conclurez par l'objet de votre demande.
SEANCE VI : Etude
d'une parodie : Le loup timide (G.Bocholier)
(en annexe à la séance)
Préparation : Relever tous les éléments identiques
entre la fable de Bocholier et celle de La
Fontaine.
Axes d'étude :
I. Ressemblances :
1. Décor : " onde ", " forêts ".
2. Personnages : " un agneau ", " un loup ".
3. Relations entre les personnages : tutoiement du loup, même
titre royal attribué au loup par
l'agneau.
Réécriture de la fable de La Fontaine ?
II. Ecarts avec la fable de La Fontaine :
1. Le loup :
- Attitude : " timide ", " n'osant ", "
détale " timide, craintif.
- Caractéristique : herbivore.
- Regard des autres : " de ces loups blancs " (= exceptions),
" montrés du doigt " rejet, mépris.
- Ton : doux (sonorités (allitérations)
en " s " et " m " : " seulement ces myrtilles
", " Je suis de ces loups blancs qui sont dans les familles
" : alexandrin explicatif prolongé par l'hexamètre
: " Toujours montrés du doigt "=> lyrisme) ; humilité,
exprimée également par la réponses très
courte (2 syllabes) : " Non pas ", suivie de l'octosyllabe
: " Epargne-moi tes moqueries " qui souligne le caractère
cocasse de la situation.
2. L'agneau :
- Ton : énergique : phrases injonctives, exclamatives
pour inciter le loup à jouer son rôle (sonorités
(allitérations) en " p " et " r " dans les
trois hexamètres).
- Attitude : téméraire : fait appel à son
amour-propre, le provoque : suicidaire !!!=> situation totalement
inadaptée au personnage habituel de l'agneau..
SITUATION TOTALEMENT INCOHERENTE PAR RAPPORT A LA REALITE : le comportement
des animaux est complément en contradiction avec celui habituel
et c'est l'agneau qui dicte au loup sa conduite à tenir. Situation
absurde QUI FAIT RIRE : c'est une PARODIE.
Même la fin est comique : l'agneau meurt à cause de sa
maladresse, ce n'est pas la victime innocente de la fable de La Fontaine.
C'est également une parodie de fable, puisqu'il n'y a pas de
moralité, donc pas de visée didactique.
Evaluation : écriture
Rédiger une parodie d'une dizaine de lignes, mettant en scène
des animaux à contre-emploi, c'est à dire dans des comportements
opposés à ceux qu'ils ont habituellement.
Le loup timide
Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survint, timide et n'osant
l'aventure
Que son grand-père lui lisait
Dans un célèbre fablier.
" Sire, lui dit l'agneau, que
votre Majesté
Prenne un peu plus d'audace.
L'honneur de votre race
En dépend, faites vite !
-Je viens boire et croquer seulement ces myrtilles.
Répondit le timide.
-Vous plaisantez ? -Non pas.
Epargne-moi tes moqueries.
Je suis de ces loups blancs qui sont, dans les familles,
Toujours montrés du doigt. "
Dans le fond des forêts il
détale
Et l'agneau se noie.
Car il était fort maladroit.
Point de vrai loup, point de morale !
Gérard Bocholier, in Jacques Charpentreau, Jouer avec les poètes
(Hachette Jeunesse)
SEANCE VII
: Etude de la langue : les différents types de phrases
: la phrase impérative ou injonctive. Texte support : "
Le renard et le bouc "
1. Relire la première tirade du renard pour déterminer
sa fonction :
Quoi ? sortir du puits.
Comment ? plan du renard.=> 2 étapes : - 2 verbes d'action
: "Lève", "Mets" 2 ordres donnés au
bouc, suivis de : - 3 verbes d'action au futur simple, 1ère personne
du singulier comportement du renard.
2. Etudier les 2 ordres:
// avec " imperare " : ordonner => impératif
( synonyme : injonctif)
Absence de pronom personnel, mais 2ème personne du singulier.
// entre " lève " : verbe du 1er groupe, et "
mets " : verbe du 3ème groupe.
Relever deux cas semblables dans la suite de la fable(
" Tâche ", " fais ")=> S'agit-il également
d'ordres ? 2 conseils.
3. Transposer le discours du renard :
Vouvoiement du bouc => levez, mettez, tâchez, faites.
Le renard + le bouc => levons, mettons, tâchons, faisons.
// Présent de l'indicatif
Rédiger une synthèse partielle en deux phrases.
4. Transposer à la forme négative :
Ordre négatif ou défense : mettre les deux ordres
à la forme négative, aux 3 personnes de l'impératif.
Transposer les conseils du renard de la même manière.
5. D'autres façons de donner des ordres ou des conseils
:
Plan du renard = discours explicatif, comme recette de cuisine, mode
d'emploi, notice : verbes à l'infinitif.
Conseil du narrateur, dans la moralité : " il faut considérer
la fin ". Il faut + infinitif ou subjonctif.
(subjonctif : objet d'une autre séance, plus éloignée
dans l'année)
Rédiger la seconde partie de la synthèse.
Prolongement : écriture : Rédiger une recette
de cuisine farfelue, en utilisant l'impératif, à la forme
affirmative et négative, puis réécrivez-la en mettant
les verbes à l'infinitif et en employant, également, l'expression
: " il faut "+ infinitif.
EVALUATION: "
la mouche et la crème " P. Gamarra.
La mouche et la crème
Une mouche voyant une jatte de crème
S'écria : -Quelle chance ! Ah ! que cela me plaît !
Ô délice ! Ô bonheur extrême !
Des œufs frais, du sucre et du lait,
Un tendre arôme de vanille ;
Rien ne met plus de douceur
En mon cœur !
Elle volette, elle frétille,
Elle s'approche, elle gambille
Sur le rebord
Et c'est alors
Que sur la faïence trop lisse,
La mouche glisse
Et succombe dans les délices
De cette crème couleur d'or.
Parfois, les choses que l'on aime
Sont des dangers.
Il n'est pas toujours sûr que l'on puisse nager
Dans la meilleure des crèmes.
P.Gamarra (La Mandarine et le Mandarin)
Préparation au devoir d'écriture :
Qui ?
Quoi ?
Différentes étapes du récit :
ETAPES
|
EXPRESSION
|
SENTIMENTS
|
EXPRESSION
|
La découverte |
Verbe de sensation + verbe de parole au passé simple . |
Surprise + joie bonheur dû à la gourmandise |
Phrases exclamatives
Enumération +phrase qui exprime la satisfaction.+ termes
exprimant des sensations visuelles et gustatives. |
L'approche |
Enumération de verbes d'action au présent |
Jubilation et légèreté |
Verbes de 3 syllabes, rythme dansant. |
Le plaisir-piège :
-le piège =>drame |
Enchaînement + explication + verbe =>mort |
-le plaisir : satiété |
Fin du récit, termes évoquant le paradis, la lumière
+ mélange du gustatif et du visuel. |
La moralité :
Tournure impersonnelle => " Il faut " ou " Il ne
faut pas " (phrase injonctive).
Rappel de l'histoire avec le verbe " nager " et le GN "
la meilleure des crèmes ".
SUJET d'écriture:
Rédigez une fable en prose d'une trentaine de lignes, mettant
en scène un animal et illustrant la morale : " Parfois les
choses que l'on aime sont des dangers.".
Consignes :
- Vous utiliserez des phrases injonctives.
- Vous donnerez un titre à votre fable et vous la terminerez
par une morale que vous aurez inventée, à la suite de
celle de P. Gamarra.
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