Site Lettres





Exploitation de l’image dans le cadre d’une étude de la dénotation et de la connotation

Cette séance a été expérimentée et proposée par Mme Gaelle Lopez-Deldem,
Professeure certifiée de Lettres Modernes, au collège Voltaire de Sorgues
(collège classé ZEP, prévention violence)

 

I - Objectif pédagogique :


Exploiter l’image pour aborder des notions telles que la dénotation et la connotation, en classe de 3ème 

II - Supports :

– l’édition Folio de L’Ami retrouvé de Fred Uhlman.

– différentes éditions de l’œuvre (américaine, anglaise ou française)

IIII - Démarche pédagogique :

Les notions de dénotation et de connotation peuvent être appréhendées à partir d’un travail sur l’objet-livre au début d’une séquence consacrée à l’étude d’une œuvre intégrale. Je prendrai comme exemple L’Ami retrouvé, roman de Fred Uhlman, qui est généralement étudié en classe de troisième. Mais cette démarche est envisageable avec n’importe quelle autre œuvre exploitée en lecture cursive ou en lecture analytique, et avec des élèves d’autres niveaux, 5ème ou 4ème , par exemple.

La séance se compose d’une première étape qui consiste à décrire la première de couverture de l’édition commune utilisée par les élèves. Dans le cas présent, il s’agit de l’édition Folio N°1463.

On part d’une analyse rigoureuse de l’image, portant successivement sur :

  • le ou les personnages
  • le décor (quels indices la première de couverture offre-t-elle sur le cadre spatio-temporel ?)
  • l’illustration est-elle encadrée ?
  • les couleurs
  • le rapport entre le texte et l’image

Toutes ces informations peuvent être récapitulées rapidement au moyen d’une fiche-bilan (cf. document N°1). On peut déjà préciser aux élèves que ce travail de description, où l’on ne décrit que ce que l’on voit, relève de la dénotation.

La deuxième étape est consacrée à un travail d’interprétation. On pose aux élèves les questions suivantes: qu’est-ce que tous ces éléments descriptifs réunis signifient sur le contenu éventuel du récit à lire ? Quelles sont les hypothèses de lecture que l’on pourrait formuler à partir de la dénotation ? On s’adresse, ici, à l’imaginaire des élèves. Chacun va tisser un réseau de significations à partir de la description qui a été faite de la première de couverture. Mais on rajoute, lors de cette phase, une notation associée (à l’origine même de l’étymologie du mot connotation cf. préfixe " cum "), une dimension associée supplémentaire : ce que cela évoque pour chacun. On peut alors parler de connotation. Chaque élève note, alors, son hypothèse de lecture à partir des indices observés. Il complète également une fiche-bilan qui lui a été distribuée (cf. document N°1).

Ces hypothèses de lecture pourront être relues en fin d’étude de l’œuvre intégrale.

La troisième étape de la séance correspond à un glissement de l’image vers les mots. Il est désormais facile de montrer aux élèves que les mots, eux-aussi, peuvent être " décrits ". Il s’agira de la définition du dictionnaire et donc du sens permanent d’un mot, de son sens dénoté. De la même manière que chaque élève a investi l’image d’un sens différent qui lui était strictement personnel, un mot peut aussi revêtir un sens supplémentaire, suggéré, variable qu’à un moment donné une personne rajoute au sens permanent d’un mot. On parle de sens connoté. C’est bien le sens que chaque personne ajoute à la première signification d’un mot, ce qu’il peut évoquer d’une manière plus individuelle. On donne, alors, différents exemples : voyage, dans son sens dénoté, est un synonyme de périple mais si l’on dit " voyage voyage ", il devient le souvenir d’une ancienne chanson, pour certains. Une corneille est un oiseau mais il peut suggérer aussi un auteur du XVII° siècle ou pour la jeune génération le nom d’un chanteur. Peu importent les exemples choisis, l’essentiel est de montrer et de bien faire comprendre qu’un sens connoté peut être variable en fonction de chaque individu, en fonction de son vécu, de ses lectures, et de sa culture. Les connotations dépendent des valeurs culturelles et émotionnelles véhiculées par les mots.


La fiche-bilan peut être terminée et s’articuler ainsi :

La dénotation, la connotation 
I – Au niveau de l’image,
II – Au niveau des mots.


IV – Prolongements possibles : :

On pourrait poursuivre ce travail de l’image en appliquant la même méthodologie à différentes premières de couverture de L’Ami retrouvé (cf Parcours de lecture de V. Buhler où l’on peut trouver des reproductions d’éditions américaine, anglaise ou française de l’oeuvre). La comparaison de ces éditions pourrait préparer à l’étude de l’œuvre (réflexion sur la traduction du titre, par exemple) et amorcer des pistes en Histoire. Je pense, par exemple, à l’édition anglaise de William Collins, London qui utilise une photo d’archive présente dans de nombreux manuels d’histoire de troisième.

En prolongement, il est également ludique et intéressant de montrer aux élèves que la publicité ne cesse de jouer sur la dénotation et la connotation. On peut ainsi mettre en pratique la leçon et surtout vérifier que les notions de dénotation et de connotation sont bien acquises et maîtrisées. Ainsi peut-on leur montrer que les noms mêmes de restaurants sont fondés sur des connotations, sur l’effet produit par ce que le nom va évoquer dans l’imaginaire du futur client. C’est une première forme de publicité. Ouvrons pour cela les pages jaunes de la ville où nous enseignons. On y trouve, par exemple, " Le souper du roi ", " Au bon vieux temps ", " Le Gargantua ", etc.

On peut aussi utiliser les publicités. On peut, par exemple, se servir de celle de Lolita Lempika qui est diffusée actuellement. Après le travail de description, on est parfois surpris par le sens connoté que les élèves peuvent donner à une image. Chacun propose un sens différent en fonction de ses références personnelles et de sa culture. L’illustration est assez flagrante : certains élèves pensent à Blanche-Neige (à cause du jardin extraordinaire, du flacon en forme de pomme…) et non à Eve, au paradis originel.

 

V – Annexe  :