Dans le cadre de la cinquième édition des Journées de l'Antiquité,

·   l'A.G.A.P. (association des professeurs de grec et de latin de l'Académie d'Aix)

·   la troupe "Les Didascalies" (élèves du Lycée A. Daudet de Tarascon),

vous présentent :

 

 

 

 

ANTIGONE

de Jean Anouilh

 

Répétition Publique

                                              Samedi 26 mars à 20 h 30

                                                               Théâtre de Tarascon    

                  

Mise en scène de C. Kleinbort

Avec, par ordre d'entrée en scène,

le Prologue Philippe Souiller Créon Sébastien Vilar
Antigone Florence Kleinbort le garde Antoine Cortès
la nourrice Nathalie Gouvard le chœur Sandra Bertolotti
Ismène Chantal Martinez Lucie Bellone
Hémon Jérôme Jean le deuxième garde Aline Espana
le page David Bertolotti le troisième garde Ludivine Hutinet
le messager Philippe Souiller

 

 

                    Deux représentations seront données en Arles à la Chapelle du Méjean
le dimanche 10 avril à 14 h 30 et 20 h 30.

Le mythe antique d'Antigone

                    Au Vème siècle avant J.-C., le dramaturge athénien Sophocle met en scène un épisode de la légende d'Œdipe.

                    Antigone est la fille d'Œdipe, le roi de Thèbes, et de la reine Jocaste. Quand Œdipe découvre qu'il a, à son insu, tué son père et épousé sa mère, il se crève les yeux et quitte Thèbes à jamais. Après son départ, ses deux fils, Étéocle et Polynice, décident de se partager le trône et de régner chacun à son tour pendant une année. A la suite du refus d'Étéocle de rendre le pouvoir à la fin de la première année, Polynice vient assiéger Thèbes avec l'aide de troupes étrangères et les deux frères s'entre-tuent. Le pouvoir revient alors à Créon, frère de Jocaste et tuteur d'Étéocle et de Polynice.

                    L'action de la tragédie de Sophocle commence au moment où le nouveau roi, Créon, vient de célébrer les funérailles d'Étéocle et de proclamer l'interdiction d'en faire autant pour Polynice, considéré comme traître à sa patrie pour lui avoir fait la guerre. Antigone, au nom de la piété filiale et des lois divines supérieures aux lois humaines, refuse la décision de Créon et procède aux rites funéraires.

La pièce d'Anouilh

                    La première représentation de la pièce d'Anouilh est donnée le 4 février 1944 à Paris, sous l'occupation allemande. Anouilh est alors un jeune dramaturge de 34 ans, qui a déjà fait jouer huit pièces, dont La Sauvage en 1938. La mise en scène, qui témoignait d'une recherche de l'anachronisme, et le texte lui-même suscitèrent étonnement et réactions diverses. Alors que l'auteur mettait en scène un personnage mythique de l'Antiquité, on vit tout de suite dans sa pièce, à tort ou a raison, une œuvre d'actualité. Créon figura le gouvernement de Vichy et fut considéré comme un théoricien de la collaboration alors qu'Antigone apparut comme le symbole de la Résistance.

                    Mais depuis 1944 le succès de l'Antigone d'Anouilh ne s'est pas démenti, car ce drame est porteur de significations plus riches et moins conjoncturelles.

Un mythe éternel ?

                    Le mythe d'Antigone, pamphlet contre la loi humaine et pour la loi divine ou, au contraire, apologie de la raison d'Etat ? Les générations se sont succédé, incapables de trancher. Au fil des mots on découvre, cependant, que la loi divine invoquée par Antigone —enterrer les morts— n'est pas moins humaine, et que défendre l'Etat est aussi une loi divine, tandis que la pièce met en scène l'affrontement de deux amours : celui d'une sœur pour son frère et celui d'un homme pour la cité et son pouvoir. Les hésitations du chœur sont là pour souligner les incertitudes ou les ambiguïtés du devoir que dictent et l'amour et le droit.

                    Cette pluralité des sens et cette variété des interprétations —d'Eschyle et Sophocle à Anouilh et Cocteau, en passant par Garnier, Racine, Alfieri, Marmontel, Hegel, Hölderlin— sont partie intégrante de la culture occidentale. Le conflit d'Antigone et Créon est désormais, semble-t-il, une dimension a priori de la conscience intellectuelle et politique de nos démocraties. Comment expliquer autrement que ces légendes grecques antiques continuent à inspirer et à déterminer tant de nos réflexes culturels les plus fondamentaux ?

(d'après G. Steiner)

 

Production du groupe Lettres
Retour aux auteurs