ISCIPLINES

 



 

 

HERITAGE GRECO-LATIN :

Les FABLES de LA FONTAINE

 

Pistes principales :

  1. la fable, essai de définition.
  2. imitation et création chez La Fontaine ; la question de l’originalité.
  3. le rôle de la fiction animalière dans la fable.
  4. La Fontaine et la culture antique ( présence de l’Antiquité dans les Fables : histoire, mythologie, vie quotidienne ...)
  5. La Fontaine et Homère, fable et épopée.

 

 

La fable, essai de définition, par référence à Esope, Phèdre et La Fontaine

Quelques notes et repères :

 

I Dans l’Antiquité

  • A propos de la fable ésopique, lire la riche introduction de D. Loayza à son édition bilingue des Fables d’Esope chez Flammarion (1995) (GF n° 721). Il note en particulier " l’absence en langue grecque d’un terme spécial pour désigner la fable - absence qui n’a rien de surprenant s’il est vrai que la fable n’est d’abord qu’un certain usage argumentatif d’un récit d’un type quelconque ".
  • cf. aussi le Précis de littérature gréco-latine, chez Magnard (1990), p. 73 et 74, qui évoque brièvement Esope (fables en prose : " l’apologue ésopique est un récit simple, bref, qui met en scène des animaux pour instruire les hommes. ") et Phèdre (fables en vers).
  • cf. aussi Les Genres Littéraires à Rome, chez Nathan (1990), p. 162 à 169, à propos de la fable selon Phèdre et Aviénus.

II L’opinion de La Fontaine

  • L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable, l’âme, la moralité. Aristote n’admet dans la fable que les animaux, il en exclut les hommes et les plantes. Cette règle est moins de nécessité que de bienséance, puisque ni Esope ni Phèdre, ni aucun des fabulistes ne l’a gardée, tout au contraire de la moralité, dont aucun ne se dispense. Que s’il m’est arrivé de le faire, ce n’a été que dans les endroits où elle n’a pu entrer avec grâce, et où il est aisé au lecteur de la suppléer. " La Fontaine, Préface des Fables.
  • cf. aussi Fables V, 1, Le bûcheron et Mercure, v. 1 à 32 et notamment :

" Vous voulez qu’on évite un soin trop curieux,

Et des vains ornements l’effort ambitieux ;

Je le veux comme vous : cet effort ne peut plaire.

Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire* * goût de la simplicité, vertu ésopique...

Non qu’il faille bannir certains traits délicats* : * mais désir d’enjolivements ...

Vous les aimez, ces traits ; et je ne les hais pas.

Quant au principal but* qu’Esope se propose, * ce but est la morale.

J’y tombe au moins mal que je puis.

Enfin, si dans mes vers je ne plais et n’instruis,

Il ne tient pas à moi ; c’est toujours quelque chose.

[...]

Je tâche d’y tourner le vice en ridicule,

Ne pouvant l’attaquer avec des bras d’Hercule.

C’est là tout mon talent, je ne sais s’il suffit.

Tantôt je peins en un récit

La sotte vanité [...]

[...] faisant de cet ouvrage

Une ample comédie à cent actes divers,

Et dont la scène est l’univers. "

  • cf. aussi Fables VI, 1, Le pâtre et le lion, v. 1 à 6 :

" Les Fables ne sont pas ce qu’elles semblent être.

Le plus simple animal nous y tient lieu de Maître.

Une Morale nue apporte de l’ennui ;

Le conte fait passer le précepte avec lui.

En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire,

Et conter pour conter me semble peu d’affaire. "

  • cf. encore Fables VII, A Madame de Montespan, v. 1 sq :

" L’apologue est un don qui vient des immortels ;

[...] C’est proprement un charme : il rend l’âme attentive,

Ou plutôt il la tient captive,

Nous attachant à des récits

Qui mènent à son gré les cœurs et les esprits. "

  • cf. enfin Fables IX, 1, Le dépositaire infidèle, v. 29 sq :

" Et même qui mentirait

Comme Esope et Homère,

Un vrai menteur ne serait.

Le doux charme de maint songe

Par leur bel art inventé ,

Sous les habits du mensonge

Nous offre la vérité. "

etc.

 

 

Imitation et création chez La Fontaine ; la question de l’originalité

cf. déjà Phèdre : " Esope inventa la matière, et moi je l’ai polie en vers sénaires. " (Fables I, Prol. 12, cité in Précis de littérature gréco-latine, chez Magnard, p. 74.)

Orientations d’étude :

I Analyser la position de La Fontaine sur ce sujet :

dans l’Epître à Huet, où il prend parti pour les Anciens contre les Modernes mais dans des formules tout en nuances :

"   [...] et, me laissant guider,

Souvent à marcher seul j’ose me hasarder.

On me verra toujours pratiquer cet usage ;

Mon imitation n’est point un esclavage :

Je ne prends que l’idée, et les tours, et les lois,

Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.

Si d’ailleurs quelque endroit plein chez eux d’excellence

Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,

Je l’y transporte, et veux qu’il n’ait rien d’affecté,

Tâchant de rendre mien cet air d’antiquité. "

dans certaines réflexions sur son art qu’il glisse dans ses Fables :

  • cf. XII,26, La matrone d’Ephèse, v. 1 à 10 où La Fontaine non seulement affiche sa source (Pétrone), mais souligne sa volonté de rivaliser : l’imitation est là nettement une émulation.
  • cf. la dédicace A Monseigneur le Dauphin, premier livre des Fables :

" Je chante les héros dont Esope est le père "

  • et passim dans les fables les renvois explicites et révérencieux à Esope.

enfin, sous le couvert de l’apologue, dans certaines fables où il expose un point de vue très critique sur l’imitation :

  • XII, 19, Le singe
  • IV, 9, Le geai paré des plumes du paon

II Relever et analyser toutes les mentions explicites, dans une fable, de sa source antique (i.e.nom d’un auteur mais c’est parfois une fausse piste !) : on peut ainsi recenser Esope, Phèdre, Ovide, Pétrone.

III Comparer de près source antique et fable de La Fontaine

  • quand la source est avouée par La Fontaine (cf. ci-dessus)
  • autres fables (en particulier fournir de nombreuses fables d’Esope)

 

 

 

Le rôle de la fiction animalière chez Esope et chez La Fontaine

Etudier d’abord les affirmations de La Fontaine :

  • cf. la dédicace A Monseigneur le Dauphin, premier livre des Fables :

" Je chante les héros dont Esope est le père,

Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère,

Contient des vérités qui servent de leçons.

[...]

Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. "

  • cf. Fables VI,1, Le pâtre et le lion, v. 1 à 6 (cités ci-dessus).
  • Cf. Fables IX, 1, Le dépositaire infidèle, v. 1 à 29 :

" Grâce aux filles de Mémoire,

J’ai chanté des animaux ;

Peut-être d’autres Héros

M’auraient acquis moins de gloire.

Le Loup en langue des Dieux

Parle au Chien dans mes ouvrages ;

Les Bêtes à qui mieux mieux

Y font divers personnages ; 

[...]

Sous les habits du mensonge

Nous offre la vérité. "

  • Cf. Fables, Epilogue
  • Cf. Epître A Monseigneur le Duc de Bourgogne, Fables, XII :

" Les Animaux sont les précepteurs des Hommes dans mon Ouvrage. " .

Etudier aussi l’image d’un animal dans les fables d’Esope et dans celles de La Fontaine :

par exemple 30 fables d’Esope évoquent le renard dans leur titre (dont 11 ont inspiré La Fontaine) et elles sont 20 chez La Fontaine.

Autres animaux intéressants : le loup, le lion, l’âne, le chien etc.

cf. document annexe

Dégager les différents rôles de la fiction animalière chez La Fontaine (= sujet de dissertation en Première)

 

 

La Fontaine et la culture antique

Recenser la présence de l’Antiquité dans les Fables en en classant tous les indices : histoire, mythologie, vie quotidienne ...

Ce travail facile (utiliser une édition bien annotée) est à faire sur un corpus restreint, par exemple le livre VII (cf. programme de Première).

 

 

La Fontaine et Homère, fable et épopée.

Là encore, ce travail est à faire sur un corpus restreint (cf. programme de Première), par exemple le livre VII, notamment les fables 3, 8, 13 et 16, où cette question est un des aspects de leur lecture méthodique.

FABLES1

 

 

Exercice ou exposé-recherche dans le cadre de l’étude de la fiction animalière :

étude de l’image d’un animal dans les Fables de La Fontaine (corpus = fables où le-dit animal est cité dans le titre, auxquelles on peut adjoindre celles où il intervient plus marginalement).

 

Le Loup : (16 fables)

I, 5 : le Loup et le Chien

I, 10 : le Loup et l’Agneau

II, 3 : le Loup plaidant contre le Renard par devant le Singe

III, 3 : le Loup devenu berger

III, 9 : le Loup et la Cigogne

III, 13 : le Loup et les Brebis

IV, 15 : le Loup, la Chèvre et les Chevreaux

IV, 16 : le Loup, la mère et l’enfant

V, 8 : le Cheval et le Loup 

VIII, 3 : le Lion, le Loup et le Renard

VIII, 27 : le Loup et le Chasseur

IX, 10 : le Loup et le Chien maigre

X, 6 : le Loup et les Bergers

XI, 6 : le Loup et le Renard

XII, 9 : le Loup et le Renard

XII, 17 : le Renard, le Loup et le Cheval

Penser aussi à :

VII, 1 : les Animaux malades de la peste

Le Renard : (20 fables)

I, 2 : le Corbeau et le Renard

1, 18 : le Renard et la Cigogne

II, 3 : le Loup plaidant contre le Renard par devant le Singe

II, 15 : le Coq et le Renard

III, 5 : le Renard et le Bouc

III, 11 : le Renard et les Raisins

IV, 14 : le Renard et le Buste

V, 5 : le Renard ayant la queue coupée

VI, 6 : le Renard, le Singe et les Animaux

VI, 14 : le Lion malade et le Renard

VIII, 3 : le Lion, le Loup et le Renard

IX, Discours à Madame de la Sablière : les deux Rats, le Renard et l’Ouf

IX, 14 : le Chat et le Renard

XI, 3 : le Fermier, le Chien et le Renard

XI, 6 : le Loup et le Renard

XII, 9 : le Loup et le Renard

XII, 13 : le Renard, les Mouches et le Hérisson

XII, 17 : le Renard, le Loup et le Cheval

XII, 18 : le Renard et les Poulets d’Inde

XII, 23 : le Renard anglais

Penser aussi à :

VII, 1 : les Animaux malades de la peste

Exercice en prolongement du précédent : l’image du renard dans la littérature populaire

  • cf. le Roman de Renart, notamment l’épisode avec Tiécelin le corbeau (et son fromage)
  • cf. un conte chinois, Le renard et le tigre , cité dans Œuvres et Thèmes, le Roman de Renart, p. 98 (Hatier).
  • et aussi la fable de Franc-Nohain (1873-1934) : Le renard ou les réputations

L’Ane : (13 fables)

I,13 : les Voleurs et l’Ane

II, 10 : l’Ane chargé d’éponges et l’Ane chargé de sel

II, 19 : le Lion et l’Ane chassant

III, 1 : le Meunier, son Fils et l’Ane

IV, 5 : l’Ane et le petit Chien

V, 14 : l’Ane portant des reliques

V, 21 : l’Ane vêtu de la peau du Lion

VI, 11 : l’Ane et ses maîtres

VI, 16 : le Cheval et l’Ane

VI, 18 : le Vieillard et l’Ane

VIII, 17 : l’Ane et le Chien

VIII, 25 : les deux Chiens et l’Ane mort

XI, 5 : le Lion, le Singe et les deux Anes

Penser aussi à :

VII, 1 : les Animaux malades de la peste

Le Lion : (16 fables)

I, 6 : la Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion

II, 9 : le Lion et le Moucheron

II, 11 : le Lion et le Rat

II, 19 : le Lion et l’Ane chassant

III, 10 : le Lion abattu par l’homme

III,14 : le Lion devenu vieux

IV,1 : le Lion amoureux

V,19 : le Lion s’en allant en guerre

V, 21 : l’Ane vêtu de la peau du Lion

VI, 1 : le Pâtre et le Lion

VI, 2 : le Lion et le chasseur

VI, 14 : le Lion malade et le Renard

VII, 7 : la Cour du Lion

VIII, 3 : le Lion, le Loup et le Renard

XI,1 : le Lion

XI, 5 : le Lion, le Singe et les deux Anes

Penser aussi à :

VII, 1 : les Animaux malades de la peste

VIII, 14 : les Obsèques de la Lionne

Le Cerf : (4 fables)

IV, 13 : le Cheval s’étant voulu venger du Cerf

V, 15 : le Cerf et la Vigne

VI, 9 : le Cerf se voyant dans l’eau

XII, 6 : le Cerf malade

Penser aussi à :

VIII, 14 : les Obsèques de la Lionne

Le Rat : (13 fables)

I, 9 : le Rat des villes et le Rat  des champs

II, 2 : le Conseil tenu par les Rats

II, 11 : le Lion et le Rat

III, 18 : le Chat et un vieux Rat

IV, 6 : le Combat des Rats et des Belettes

IV, 11 : la Grenouille et le Rat

VII, 3 : le Rat qui s’est retiré du monde

VIII, 9 : le Rat et l’Huître

VIII, 15 : le Rat et l’Eléphant

VIII, 22 : le Chat et le Rat

IX, Discours à Madame de la Sablière : les deux Rats, le Renard et l’œuf

XI, 11 : la Ligue des Rats

XIII, 15 : le Corbeau, la Gazelle, la Tortue et le Rat

Le Chien : (10 fables)

I, 5 : le Loup et le Chien

IV, 5 : l’Ane et le petit Chien

VI, 17 : le Chien qui lâche sa proie pour l’ombre

VIII, 7 : le Chien qui porte à son cou le dîner de son maître

VIII, 17 : l’Ane et le Chien

VIII, 25 : les deux Chiens et l’Ane mort

IX, 10 : le Loup et le Chien maigre

X, 8: le Chien à qui on a coupé les oreilles

XI, 3 : le Fermier, le Chien et le Renard

XII, 8 : la Querelle des Chiens et des Chats et celle des Chats et des Souris

Le Chat : (9 fables )

III, 18 : le Chat et un vieux Rat

VI, 5 : le Cochet, le Chat et le Souriceau

VII, 16 : le Chat, la Belette et le petit lapin

VIII, 22 : le Chat et le Rat

IX, 14 : le Chat et le Renard

IX, 16 : le Singe et le Chat

XII, 2 : le Chat et les deux Moineaux

XII, 5 : le vieux Chat et la jeune Souris

XII, 8 : la Querelle des Chiens et des Chats et celle des Chats et des Souris

N.B. les fables concernant la Chatte n’ont pas été relevées

La Grenouille : (6 fables )

I, 3 : la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf

II, 4 : les deux Taureaux et une Grenouille

II,14 : le Lièvre et les Grenouilles

III, 4 : les Grenouilles qui demandent un roi

IV, 11 : la Grenouille et le Rat

VI, 12 : le Soleil et les Grenouilles

La Fourmi :

I, 1 : la Cigale et la Fourmi

II, 12 : la Colombe et la Fourmi

IV, 3 : la Mouche et la Fourmi

FABLES2

 

 

 

 

AVATARS D’UNE FABLE

La cigale et la fourmi

 

 

 

  1. ESOPE (Vème av. JC.) La cigale et les fourmis ; La fourmi et le hanneton
  2. AVIANUS (IVème ap. JC) La cigale et la fourmi
  3. Gilles CORROZET (1510-1569) Des fourmis et de la cigale
  4. J.A. de BAIF (1532-1589) La cigale
  5. LA FONTAINE (1621-1695)La cigale et la fourmi
  6. BENSERADE (1612-1691) La cigale et la fourmi
  7. Edouard JOUIN (XVIIIème) cité par J.P. COLLINET dans La Fontaine en amont et en aval, p. 303
  8. Louis JAUFFRET (1770-1850) La cigale vengée
  9. JUSSIEU (1792-1866) L’abeille et la fourmi
  10. Tristan CORBIERE (1845-1875) Le poète et la cigale
  11. Jean ANOUILH (1910-1987) La fourmi et la cigale
  12. l’OULIPO (XXème) La cimaise et la fraction
  13. GOTLIB, 1970 La cigale et la fourmi (B.D.)

 

Quelques idées* d’exercices 

(objectifs variables selon la classe, 4ème, 2de ou 1ère : découverte et distinction des notions d’adaptation, de pastiche et de parodie, voire d’intertextualité et d’hypertextualité) :

  • Sachant que La Fontaine connaissait 1 et sans doute 2, étudiez* le travail du fabuliste.
  • Même travail* de comparaison entre 1, 2 d’une part et 3 et 4 d’autre part.
  • Les textes 7, 10 et 11 vous semblent-ils avoir été écrits en pensant à La Fontaine ou non ? Justifiez* précisément vos réponses (similitudes, différences).
  • Montrez* que 8 et 9 sont des " suites " du texte de La Fontaine.
  • Le titre choisi par Gotlib (13) fait ouvertement référence à La Fontaine. Que pensez-vous* de cette transposition ?
  • A propos de 12 : soit le professeur n’explicite pas la règle de production de ce texte et demande aux élèves ( après toutefois leur avoir expliqué ce qu’est l’Oulipo) a) de chercher pourquoi l’Oulipo a choisi de parodier cette fable, b) de montrer pourquoi , comment la fable de La Fontaine est encore reconnaissable, c) de découvrir la règle de production ; soit on explicite la règle de production et on demande aux élèves d’inventer à leur tour une contrainte du même ordre et de réécrire ainsi la fable ( = parodie).
  • Exercice final : Ecrire une courte fable mettant en scène des animaux à la manière de La Fontaine

* toutes ces questions sont évidemment à reformuler avec des consignes plus ou moins précises et explicites selon le public envisagé.

FABLES3

 

 

Pour étudier en œuvre intégrale au lycée un livre des Fables de La Fontaine ;

exemple choisi : livre VII.

(cf. programme de 1ère L en 96-97)

 

  • Demander aux élèves une première lecture attentive, préalable à tout travail : au minimum les 18 fables, mais aussi la dédicace A Madame de Montespan, la Préface de 1668 et l’Avertissement (de 1678) au second recueil ( la lecture de quelques fables des autres livres est recommandée).
  • Contrôle écrit de cette lecture (portant sur le minimum conseillé ci-dessus) ;

il pourrait prendre la forme suivante (barème : 3 / 2 / 10 / 2 /1 /2 ) :

  1. Citez les noms de trois auteurs antiques qu’au début de sa Préface La Fontaine mentionne comme des devanciers.
  2. Par quelle métaphore, dans sa Préface, La Fontaine définit-il la fable ?
  3. Citez les deux vers de la moralité de la première fable du livre VII, Les Animaux malades de la peste.
  4. Citez le titre de la fable d’où provient chacune des citations suivantes :
  • L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours
  • Ils demandèrent la sagesse :

C’est un trésor qui n’embarrasse point.

  • Tenez toujours divisés les méchants :

La sûreté du reste de la terre

Dépend de là.

  • Amour, tu perdis Troie ; et c’est de toi que vint

Cette querelle envenimée

Où du sang des dieux même on vit le Xanthe teint.

  • Un trafiquant sur mer par bonheur s’enrichit.
  • C’était un Chat vivant comme un dévot ermite
  • A ces mots on cria haro sur le Baudet.
  • Je suppose qu’un moine est toujours charitable.
  • Sa grimace déplut : le monarque irrité

L’envoya chez Pluton faire le dégoûté.

  • Quel esprit ne bat la campagne ?

Qui ne fait châteaux en Espagne ?

5. Quelles sont les deux fables que le commentaire suivant, en forme de commune moralité, relie ?

Ne soyons pas si difficiles :

Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.

  1. Quelle est la leçon que l’on peut retirer à la fois de La Laitière et le pot au lait et de la fable Le Curé et le Mort ?

 

  • Lectures méthodiques : quelques spécificités à " pointer " :

dans toutes les fables : la métrique ; la variété du lexique (registres, tons...) ; l’énonciation et la distinction récit/discours ; la typologie des textes (narratif, descriptif, argumentatif) ;

plus précisément :

VII, 1, Les Animaux malades de la peste : rôle de la métrique et du rythme ; monde animal et monde humain ;

VII, 3, Le Rat qui s’est retiré du monde : l’ironie ; la satire du clergé ;

VII, 9, Le Coche et la Mouche : le schéma actanciel ;

VII, 10, La Laitière et le pot au lait : imitation /originalité (comparaison de textes : Bonaventure des Périers et La Fontaine) ; moralité implicite ; confidence personnelle ;

VII, 16, Le Chat, la Belette et le petit Lapin : le discours rapporté (discours direct, indirect et indirect libre) ; l’image du Chat ;

etc.

 

  • Etudes d’ensemble :
  1. La structure du recueil (cf. alternance fables animales/ fables humaines, alternance des styles ou même des genres, correspondances entre fables etc.)
  2. La fable comme genre : notamment la liaison fable/moralité dans chaque apologue ( moralité présente ou implicite ; si explicite, à quelle place, avec quel " volume " proportionnel ; leçon unique ou multiple...)
  3. Significations de la fiction animale d’après les fables 1, 3, 4, 7, 8, 13, 16.
  4. La société révélée par les fables (aussi bien fables mettant en scène des animaux que fables à personnages humains)
  5. Imitation et création : pourquoi La Fontaine part-il le plus souvent de textes antérieurs ? Pourquoi est-il généralement supérieur à ses sources ?
  6. La Fontaine et Homère, fable et épopée (cf. notamment les fables 3, 8, 13, 16 dans le livre VII )
  7. La Fontaine et la culture antique (en classer tous les indices : noms d’hommes célèbres, références mythologiques, allusions historiques...)

Edouard JOUIN (XVIIIème)

Par un soleil d’hiver, hélas ! bien court été,

La Fourmi butinait parmi l’herbe flétrie.

Elle voit la Cigale à la mine amaigrie

Qui se mourait de faim pour avoir trop chanté.

Prends ce grain, lui dit-elle, et qu’avec la gaieté

Il te rende la vie.

Tu ne trouves plus rien, mais j’ai dans mon grenier

Les trésors du beau temps dernier :

Ne crains donc plus la faim : chante encore, pauvre amie.

 

 

 

AVIANUS (IVème s. ap. J.C.)

Celui qui a passé dans l'oisiveté sa jeunesse

et n'a point su prévoir tous les maux de la vie,

lorsque sera venu le pesant fardeau du grand âge,

en vain quémandera, hélas ! l'aide d'autrui.

Une fourmi cacha, au fond de son modeste trou,

ce que dans les beaux jours elle avait récolté;

puis, quand le gel couvrit la terre de son manteau blanc

et que le dur verglas emprisonna les champs,

ne pouvant, si chétive, affronter les frimas d'hiver,

elle resta chez elle en consommant ses grains.

Mais celle qui naguère avait étourdi la campagne

de son chant lancinant, lui demanda l'aumône :

A l'époque où sur l'aire on battait les épis bien mûrs

elle n'avait cessé de chanter chaque jour.

Le minuscule insecte alors, en éclatant de rire,

répondit par ces mots à sa pauvre voisine:

J'ai amassé, cigale, afin de subsister l'hiver,

tout au long de l'été le blé de ma retraite ;

toi ma chère, en dansant tu peux bien achever ta vie,

puisque jusqu'à présent tu vécus en chantant ! "

 

 

BENSERADE (1612-1691)

Auteur de pièces de théâtre et académicien, il fut chargé par le roi d’adapter en quatrains les apologues d’Esope pour accompagner les sculptures d’animaux qui formaient un labyrinthe dans les jardins de Versailles.

La Cigale et la Fourmi

On connaît les Amis dans les occasions ;

Chère fourmi, d’un grain soyez-moi libérale ;

J’ai chanté tout l’Eté : Tant pis pour vous, Cigale ;

Et moi j’ai tout l’Eté fait mes provisions.

Vous qui chantez, irez, et toujours sans souci,

Ne songez qu’au présent ; profitez de ceci.

Pleurs, dit un vieux refrain, sont au bout de la danse.

J’ajoute : L’on périt, faute de prévoyance.

 

L.P. JUSSIEU (1792-1866)

L'Abeille et la Fourmi

À jeun, le corps tout transi,

Et pour cause,

Un jour d'hiver, la fourmi,

Près d’une ruche bien close

Rôdait plein de souci.

Une abeille vigilante

L'aperçoit et se présente :

"Que viens-tu chercher ici?

Lui dit-elle - Hélas, ma chère,

Répond la pauvre fourmi,

Ne soyez pas en colère.

Le faisan, mon ennemi,

A détruit ma fourmilière;

Mon magasin est tari;

Tous mes parents ont péri

De faim, de froid, de misère.

J'allais succomber aussi,

Quand du palais que voici

L'aspect m'a donné courage.

Je le savais bien garni

De ce bon miel, votre ouvrage;

J'ai fait effort, j'ai fini

Par arriver sans dommage.

Oh! me suis-je dit, ma sœur

Est fille laborieuse;

Elle est riche et généreuse,

Elle plaindra mon malheur;

Oui, tout mon espoir repose

Dans la bonté de son cœur.

Je demande peu de chose;

Mais j'ai faim, j'ai froid, ma sœur! -

Oh! oh! répondit l'abeille,

Vous discourez à merveille;

Mais, vers la fin de l’été,

La cigale m’a conté

Que vous aviez rejeté

Une demande pareille.

Quoi? Vous savez? - Mon Dieu, oui,

La cigale est mon amie.

Que feriez-vous aujourd'hui

Si j'étais insensible et fière,

Si j'allais vous inviter

À promener ou chanter?

Mais rassurez-vous, ma chère;

Entrez, mangez à loisir;

Usez-en comme du vôtre;

Et surtout, pour l'avenir,

Apprenez à compatir

À la misère d'un autre."

 

 

TRISTAN CORBIÈRE (1845-1875)

Le poète et la cigale

Un poète ayant rimé,

Imprimé,

Vit sa Muse dépourvue

De marraine, et presque nue :

Pas le plus petit morceau

De vers... ou de vermisseau.

Il alla crier famine

Chez une blonde voisine,

La priant de lui prêter

Son petit nom pour rimer.

(C'était une rime en elle).

" Oh! je vous paierai, Marcelle,

Avant l'août, foi d'animal

Intérêt et principal. "

La voisine est très prêteuse,

c'est son plus joli défaut:

" Quoi : c'est tout ce qu'il vous faut ?

Votre Muse est bien heureuse...

Nuit et jour, à tout venant,

Rimer mon nom... Qu'il vous plaise !

Et moi j'en serai fort aise.

Voyons: chantez maintenant. "

 

 

L’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle)

Raymond QUENEAU (1903-1976)

 

 

 

Jean ANOUILH (1910-1987)

La fourmi et la cigale

La fourmi, qui frottait toujours,

S'arrêta pour reprendre haleine.

" Qui s'attendrira sur la peine,

Dit-elle, des ménagères?

Toujours frotter, jour après jour,

Et notre ennemie la poussière,

Aux ordures jeté notre triste butin

Revient le lendemain matin,

On se lève, elle est encor là, goguenarde.

La nuit on n'y a pas pris garde,

Croyez qu'elle en a profité,

La gueuse! Il faut recommencer,

Prendre le chiffon, essuyer

Et pousser, toujours pousser

Le balai. "

" J'ai tout mon temps, dit la poussière,

Cela s'use une ménagère.

Quelques rides d'abord et l'esprit

Qui s'aigrit;

La main durcit; le dos se courbe; tout s'affaisse,

La joue, le téton et la fesse;

Alors s'envolent les amours... "

Boudant et maugréant toujours

La ménagère rancunière

Frotte jusqu'au dernier jour,

Vainc le dernier grain de poussière

Et claque enfin, le ressort arrêté.

Vient le docteur boueux, qui crotte le parquet,

Le curé et l'enfant de chœur et la cohorte

Des voisins chuchotants qui entourent la morte...

Et sur ce corps, vainqueur de tant de vains combats,

Immobile sur son grabat

Pour la première fois une journée entière,

Retombe une dernière couche de poussière:

La bonne.

" Quant à moi, dit la cigale, j'ai une bonne. "

 

 

Fables5

 

I,2 : LE CORBEAU ET LE RENARD

(étude proposée en Lycée)

 

 

Lecture méthodique de la fable de La Fontaine :

  • le récit :

narration et description ;

rôle des temps verbaux ;

le rapport syntaxe/métrique, le rythme ;

énonciation : présence du narrateur ?

  • le discours ( à étudier dans les deux répliques du renard) :

indices personnels ;

syntaxe et temps verbaux ;

métaphore et périphrase ;

changement de ton ;

en quoi consiste l’habileté tactique de Renard ?

  • les protagonistes :

comment La Fontaine en a-t-il fait des personnages bien vivants ?

vraisemblance animale et anthropomorphisme

  • la fable comme genre :

Selon La Fontaine, " le corps [de l’apologue] est la fable, l’âme, la moralité. "

où se trouve ici la moralité ? reformulez-la à votre façon ;

en quoi cette fable se rapproche-t-elle en fait d’une comédie ?

 

Comparaison de textes :

lecture des sources (Esope, Phèdre) ;

le travail de La Fontaine sur ces sources.

 

Lecture de l’épisode équivalent dans le Roman de Renart (cf. Lagarde et Michard p. 86-87) :

peut-on déceler une différence de genre entre ce texte et la fable ?

comparez-les, au point de vue du naturel et du réalisme dans l’observation des animaux.

 

Etude du réquisitoire de Rousseau contre les Fables de La Fontaine dans Emile, livre II (où, entre autres, il prend précisément cette fable comme exemple dans son argumentation ). (cf. Lagarde et Michard, p. 299-301) :

reformulez les critiques de Rousseau ;

cherchez les arguments qu’on pourrait lui opposer.

Production du groupe Lettres 

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