Séquence : La narration dans le
roman feuilleton
Cette séquence
s’inscrit en début d’année, elle reprend certaines notions, comme la
focalisation, abordées en 4ème. Elle tend à définir les impératifs de
la narration telle qu’elle est vécue par l’auteur de romans feuilletons.
Objectif lecture :
Il s’agit avant tout de montrer aux élèves comment l’auteur de romans
feuilletons fait en sorte que le lecteur ait envie de lire la suite : à l’aide
de quels procédés va-t-il séduire, allécher pour ainsi dire son lecteur ? Cette
séquence résonne un peu en écho avec celle abordée en 5ème concernant
le roman d’aventures, la notion de péripétie sera ainsi revue et peut-être même
redéfinie par rapport à ce qui avait pu être fait deux ans auparavant. De même
le portrait, étudié en 4ème, sera travaillé pour la portée symbolique
qu’il peut recouvrir et les niveaux de langue, que l’élève connaît depuis la 6ème,
seront retravaillés puisqu’il s’agira de montrer leurs variations en fonction de
l’émetteur ou encore du destinataire. Finalité 1ère de cette
séquence : l’interprétation ou comment l’interprétation d’un texte se construit
à partir d’une analyse poussée des différents constituants du récit.
En outre, cette
séquence s’efforce de faire le lien avec les impératifs du programme de seconde
puisqu’il s’agit de travailler sur un genre –en l’occurrence le roman feuilleton
– et ses spécificités.
Objectif écriture :
c’est en réécrivant certains textes, en modifiant leur focalisation que l’élève
devrait prendre conscience de l’importance de cette notion…Comment pénétrer dans
l’intériorité d’un personnage ? Comment, au contraire, rester imperméable aux
pensées du personnage auquel on donne vie ? En jouant avec les focalisations,
l’élève fait connaissance avec le style indirect libre et comprend ce qui,
stylistiquement, est à l’origine de la contamination des sensations du
personnage : comment faire ressentir au mieux les sensations d’un personnage si
ce n’est en les présentant à l’aide du style indirect libre ? L’objectif
langue et l’objectif écriture s’entrecroisent ainsi.
DESCRIPTIF DE LA SEQUENCE
Séance 1 : Attiser la curiosité du lecteur
Support : Alexandre Dumas, La comtesse de Charny.
Objectif : Montrer de quelle façon l’auteur de romans
feuilletons capte l’attention de son lecteur.
Résumé du passage : C’est le début du roman. Dumas rappelle
à son lecteur un passage d’Ange Pitou dans lequel il évoquait le rôle
joué par certains hommes dans les grands mouvements populaires. Il introduit le
suspense en évoquant une « nuit terrible » à laquelle nous allons assister.
Séance 2 : Les interventions du narrateur
Support : Alexandre Dumas, les Trois Mousquetaires.
Objectif : Souligner le rôle des interventions du narrateur
dans l’économie du roman feuilleton.
Résumé du passage : D’Artagnan écrit, sous le nom du duc de Wardes, une
lettre de rupture à Milady…
Séance 3 : Varier les points de vue
Supports : - Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires
- Alexandre Dumas, Le vicomte de Bragelonne
- Alexandre Dumas, La dame de Monsoreau
- Michel Zévaco, Les Pardaillan
Objectif : Rappeler à l’élève ce qu’est la focalisation ; lui
apprendre à la manier…
Exercice d’écriture : d’une focalisation à l’autre
Résumés des passages :
• Nous assistons, à l’aide de la focalisation interne, aux pensées houleuses
d’une Milady enfermée dans une prison en Angleterre.
• Le texte 2 décrit la mort de D’Artagnan.
• Le texte 3 décrit un duel entre Schomberg et Ribeirac.
• Le texte de Zévaco, quant à lui, constitue le récit, par Alice
de Lux, de la façon dont, tentée par le luxe, elle est devenue espionne.
Ces textes permettent de redéfinir la notion de focalisation.
Ils sont suivis d’un sujet de rédaction (changement de focalisation).
Séance 4 : Insérer un dialogue
Support : Paul Féval, le Bossu.
Objectif : Montrer que le niveau de langue dépend non seulement
de l’émetteur mais aussi et surtout du destinataire.
Résumé du passage : Ce texte retrace les retrouvailles de
deux spadassins. Il est intéressant de voir à quel point leur niveau de langue
varie en fonction de la personne à laquelle ils s’adressent. Texte très théâtral
pouvant être l’occasion d’une mise en scène en classe.
Séance 5 : Insérer une description
Support : Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne
Objectif : Définir les fonctions de la description ; qu’est-ce
qu’une description symbolique ?
Résumé du passage : Il s’agit de la description d’un
voyageur dont l’apparence révèle les origines nobles (on peut alors aborder la
notion de physiognomonie).
Séance 6 : Mettre en scène les sentiments humains.
Support : Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo
Objectif : Montrer comment les sentiments peuvent être à
l’origine d’une véritable stratégie argumentative.
Résumé du passage : Mercedes supplie Edmond d’épargner son
fils. Ce texte témoigne de l’écartèlement des deux personnages entre leur passé
amoureux et un présent bien sombre…
Contrôle de fin de séquence
Support : Eugène Sue, Les Mystères de Paris.
Lectures cursives : Alexandre Dumas, Le comte de
Monte-Cristo, édition classiques Hatier.
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, édition l’école
des loisirs.
Des exposés auront été donnés sur les romans feuilletons évoqués
dans la séquence.
Séance 1 : Attiser la curiosité du lecteur
Le cabaret du pont de Sèvres
Si le lecteur veut bien se reporter un instant à notre roman d’Ange Pitou,
et ouvrant le roman au second volume, jeter un instant les yeux sur le chapitre
intitulé « la nuit du 5 au 6 octobre », il y retrouvera quelques faits qu’il
n’est point sans importance qu’il se remette en mémoire avant de commencer ce
livre, qui s’ouvre lui-même dans la matinée du 6 du même mois.
Après avoir cité nous-même quelques lignes importantes de ce chapitre, nous
résumerons les faits qui doivent précéder la reprise de notre récit, dans le
moins de paroles possible.
Ces lignes, les voici :
« A trois heures, comme nous l’avons dit, tout était tranquille à Versailles. L’Assemblée
elle-même, rassurée par le rapport de ses huissiers, s’était retirée. On
comptait bien que cette tranquillité ne serait pas troublée. On comptait mal.
Dans presque tous les mouvements populaires qui préparent les grandes
révolutions, il y a un temps d’arrêt pendant lequel on croit que tout est fini,
et que l’on peut dormir. On se trompe.
Derrière les hommes qui font les premiers mouvements, il y a ceux qui attendent
que les premiers mouvements soient finis, et que, fatigués ou satisfaits, mais
dans l’un et l’autre cas, ne voulant pas aller plus loin, ceux qui ont accompli
ce premier mouvement se reposent.
C’est alors qu’à leur tour ces hommes inconnus, mystérieux agents des passions
fatales, se glissent dans les foules, reprennent le mouvement où il a été
abandonné, et le poussant jusqu’à ses dernières limites épouvantent, à leur
réveil, ceux qui leur ont ouvert le chemin, et qui s’étaient couchés à la moitié
de la route, croyant la route faite, le but atteint. »
Nous avons nommé trois de ces hommes dans le livre auquel nous empruntons les
quelques lignes que nous venons de citer.
Qu’on nous permette d’introduire sur notre scène,
c’est-à-dire à la porte du cabaret du pont de Sèvres, un personnage qui, pour
n’avoir pas encore été nommé par nous, n’en avait pas moins joué pour cela un
moindre rôle dans cette nuit terrible. »
Alexandre Dumas, La Comtesse de Charny,1853-1855, incipit.
I. Un incipit de roman-feuilleton
1. Quelles sont les indications spatio-temporelles fournies par l’auteur ?
Sont-elles précises ? A votre avis, pourquoi ?
2. A quel livre se réfère l’auteur ? Qu’est-ce que cela implique pour le lecteur
? Face à quel type de roman sommes-nous ?
II. Les interventions du narrateur
1. A quels moments et pour quelles raisons le narrateur intervient-il ?
2. Quels sont les différents présents employés ? A quels moments ? A quoi
servent-ils ?
III. La présence du lecteur
1. Quel(s) rôle(s) joue le pronom on dans ce texte ?
2. De quelle façon le lecteur est-il intégré dans l’histoire ?
Descriptif sommaire de la séance
Le texte ainsi que les questions auront été préalablement donnés
aux élèves. Il s’agit de les faire réfléchir sur la notion d’incipit et de se
demander quelle est la spécificité de l’incipit d’un roman feuilleton par
rapport à celui d’un roman « traditionnel » : le lecteur devra tout à la fois
être tenu en haleine et être renvoyé aux livres précédents qu’il se doit – pour
comprendre les allusions de l’auteur – d’avoir lus. Si tel n’est pas le cas, à
l’auteur de lui donner envie de lire ses ouvrages.
Cette séance sera également l’occasion de réfléchir aux valeurs
du présent, valeurs que l’élève rencontrera tout au long de l’année, notamment
lorsqu’il abordera l’autobiographie.
Activité proposée : Réflexion orale sur ce que peuvent
tramer ces hommes. Quels indices nous fournit l’auteur à leur sujet ? Une telle
réflexion permet de montrer aux élèves que pour inventer la suite d’un texte, il
faut le lire en profondeur…A quoi doit-on obligatoirement s’attendre ?
Séance 2 : les interventions du narrateur
(D'Artagnan, repoussé par Milady, a passé une nuit avec elle en
se faisant passer pour un autre, un homme qu'elle aime, le comte de Wardes.
Puis, conseillé par Athos, il lui envoie une lettre de rupture au nom de cet
autre homme…)
Athos avait une grande influence sur le jeune
homme ; les conseils de son ami joints aux cris de son propre cœur l’avaient
déterminé, maintenant que son orgueil était sauvé et sa vengeance satisfaite, à
ne plus revoir Milady. Pour toute réponse il prit donc une plume et écrivit la
lettre suivante :
Ne comptez pas sur moi, Madame, pour le
prochain rendez-vous : depuis ma convalescence j’ai tant d’occupations de ce
genre qu’il m’a fallu y mettre un certain ordre. Quand votre tour viendra,
j’aurai l’honneur de vous en faire part.
Je vous baise les mains.
Comte de Wardes
Du saphir* pas un mot : le Gascon voulait-il
garder une arme contre Milady ? Ou bien, soyons franc, ne conservait-il pas ce
saphir comme une dernière ressource pour l'équipement** ?
On aurait tort du reste de juger les actions d'une
époque au point de vue d'une autre époque. Ce qui aujourd'hui serait regardé
comme une honte pour un galant homme était dans ce temps une chose toute simple
et toute naturelle, et les cadets des meilleures familles se faisaient en
général entretenir par leurs maîtresses.
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires,
1844, chapitre XXXV "La nuit tous les chats sont gris"
* que Milady avait donné au faux de Wardes
** l’équipement militaire que d’Artagnan doit
s’acheter... s’il en a les moyens
I/ La suite d’une aventure
- Quelles sont les relations entre les personnages ?
- La technique du roman feuilleton : quels sont les passages rappelant au
lecteur ce qu’il a lu auparavant ? Les informations issues des épisodes
précédents sont-elles explicites ou non ?
- A quelle suite doit s’attendre le lecteur ?
II/ Les interventions du narrateur
- Le narrateur sait-il tout de son personnage ? Quels sont les éléments du
texte permettant de justifier votre réponse ? Quelle est alors la focalisation
adoptée ? Justifiez votre réponse.
- Le narrateur semble-t-il trouver choquant le comportement de D’Artagnan à
l’égard de Milady ?
- Quelle est la situation d’énonciation du dernier paragraphe : qui sont
l’émetteur et le destinataire ?
Descriptif de la séance : Cette séance sera l’occasion
d’insister sur les interventions du narrateur et la façon dont il s’adresse au
lecteur. Quelles relations entretient-il avec lui ? En quoi peut-on dire que
Dumas dialogue avec son lecteur en devinant ses réactions ? Un travail sur les
informations explicites et implicites sera également mené.
Activité proposée : Travail axé autour du questionnement mis
en place par Dumas. Les élèves devront, dans un court texte de leur cru, établir
un dialogue avec le lecteur en n’hésitant pas à insérer des questions à la
manière de Dumas. On pourra ainsi espérer que les récits des élèves perdront
leur tonalité monocorde…
Séance 3 : Varier les points de vue
Texte 1
(Milady, partie en Angleterre pour assassiner le
duc de Buckingham, est faite prisonnière par son beau-frère, lord de Winter…)
Que de haine elle distille ! Là, immobile, et les
yeux ardents et fixes dans son appartement désert, comme les éclats de ses
rugissements sourds, qui parfois s'échappent avec sa respiration du fond de sa
poitrine, accompagnent bien le bruit de la houle qui monte, gronde, mugit et
vient se briser, comme un désespoir éternel et impuissant, contre les rochers
sur lesquels est bâti ce château sombre et orgueilleux ! Comme, à la lueur des
éclairs que sa colère orageuse fait briller dans son esprit, elle conçoit contre
Mme Bonacieux, contre Buckingham, et surtout contre d'Artagnan, de magnifiques
projets de vengeance, perdus dans les lointains de l'avenir !
Oui, mais pour se venger il faut être libre, et
pour être libre, quand on est prisonnier, il faut percer un mur, desceller des
barreaux, trouer un plancher (...) D'ailleurs, pour faire tout cela il faut
avoir du temps, des mois, des années, et elle... elle a dix ou douze jours, à ce
que lui a dit lord de Winter, son fraternel et terrible geôlier…
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires,
ch. LII "Première journée de captivité"
Texte 2
(Athos et Porthos sont morts depuis des années.
D’Artagnan, vieilli, mène une armée contre les Hollandais. En récompense de ses
longues années au service du roi et de ses récentes victoires, il vient de
recevoir enfin le bâton de maréchal de France. Mais à l’instant où il le reçoit,
il est renversé par un boulet de canon…)
D’Artagnan essaya de se relever. On l’avait cru
renversé sans blessure. Un cri terrible partit du groupe de ses officiers
épouvantés : le maréchal était couvert de sang ; la pâleur de la mort montait
lentement à son noble visage.
Appuyé sur les bras qui, de toutes parts, se
tendaient pour le recevoir, il put tourner une fois encore ses regards vers la
place*, et distinguer le drapeau blanc à la crête du bastion principal ; ses
oreilles, déjà sourdes aux bruits de la vie, perçurent faiblement les roulements
du tambour qui annonçaient la victoire.
Alors, serrant dans sa main crispée le bâton de
velours brodé de fleurs de lis d’or, il abaissa vers lui ses yeux qui n’avaient
plus la force de regarder au ciel, et il tomba en murmurant ces mots étranges,
qui parurent aux soldats surpris des mots cabalistiques, mots qui jadis avaient
représenté tant de choses sur la terre, et que nul excepté ce mourant ne
comprenait plus :
« Athos, Porthos, au revoir ! — Aramis, à jamais,
adieu ! »
Des quatre vaillants hommes dont nous avons conté
l’histoire, il ne restait plus qu’un seul corps. Dieu avait repris les âmes.
Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne,
Epilogue, "La mort de M. d’Artagnan", 1850, Epilogue.
* qu’il est en train d’assiéger
Texte 3
(Les partisans du roi Henri III, Quélus, Schomberg
et Maugiron affrontent en duel les amis du duc de Guise, Antraguet, Ribeirac et
Livarot.)
Schomberg ne recula point d'un pas et se contenta
de tendre son épée.
Les deux jeunes gens firent un coup fourré*.
Ribeirac eut la poitrine traversée, et Schomberg
fut blessé au cou.
Ribeirac, blessé mortellement, porta la main
gauche à sa plaie en se découvrant.
Schomberg en profita pour porter à Ribeirac un
second coup qui lui traversa les chairs.
Mais Ribeirac, de sa main droite, saisit la main
de son adversaire, et de la gauche lui enfonça dans la poitrine sa dague jusqu'à
la coquille.
La lame aiguë traversa le cœur.
Schomberg poussa un cri sourd et tomba sur le dos,
entraînant avec lui Ribeirac, toujours traversé par l'épée.
Alexandre Dumas, La Dame de Monsoreau,
1846, ch. XCVII "Le combat"
* coup fourré : chacun touche l’autre en même
temps
Texte 4
(Alice de Lux se confesse à un prêtre et raconte
comment, à seize ans, elle est devenue espionne pour le compte de la reine
Catherine de Médicis.)
A cette époque, beaucoup de jeunes seigneurs me
dirent qu’ils m’aimaient… mais moi, je n’en aimais aucun. Je n’aimais personne
!… j’aimais le luxe… j’aimais les dentelles, j’aimais les bijoux… et j’étais
pauvre… La reine me promit non pas seulement le luxe, mais la richesse ; je lui
ai promis de lui obéir aveuglément… Ce fut là mon premier crime ; la vue de
quelques écrins remplis de diamants m’affola et, pour les posséder, pour m’en
orner à ma guise, j’eusse signé un pacte avec Satan… Hélas ! Le pacte fut signé…
un jour, la reine me fit venir dans son oratoire… elle ouvrit devant moi un
tiroir resplendissant de perles, d’émeraudes, de rubis, de diamants… et elle me
dit que tout cela était à moi si je lui obéissais… Enfiévrée, les joues en feu,
l’âme bouleversée, je m’écriai : « Que faut-il faire, Majesté ? » La reine
sourit, me prit par la main, me conduisit dans une pièce qui précédait son
oratoire et souleva une tenture : derrière la tenture c’était la grande galerie
qui attenait aux appartements du roi… là se promenaient les gentilshommes que je
connaissais tous. Elle m’en désigna un et me dit : « Fais toi aimer de cet homme
! »
Un mois plus tard, j’étais la maîtresse de ce
gentilhomme…
Michel Zévaco, Les Pardaillan, à partir
de 1901. 1907, ch. XXI "Le confesseur"
Questions
I. Le point de vue
Pour chaque texte, dites (vous pouvez faire un
tableau si vous le souhaitez) :
- si un narrateur apparaît et si oui, qui il peut
être
- combien de personnages apparaissent
- si le lecteur a accès aux pensées et sensations
de tous les personnages — d’un seul — d’aucun
- si le lecteur en sait autant que les personnages
— plus qu’eux — moins qu’eux
- si le lecteur a accès à des informations sur ce
qui s’est passé avant le texte II.
II. Jouer avec le temps dans un récit
Relisez le texte 4.
- Relevez les indicateurs de temps (vous pouvez
les souligner dans le texte).
- A partir de ce relevé, divisez le texte en
parties
- Dites à quelle durée correspond chacune de ces
parties
- Pour chacune de ces durées, relevez les temps
verbaux qui sont utilisés.
- Quels événements ne sont pas racontés dans le
texte ? A votre avis, pourquoi ?
Devoir à la maison :
Transformez le texte 2, le texte 3 ou le texte 4 en adoptant un point de
vue interne à un personnage (dans le cas du texte 4, il sera interne à la reine
Catherine). Vous ferez tous les ajouts nécessaires en respectant la cohérence du
texte initial, penserez à préciser les pensées et sensations du personnage et
utiliserez des verbes de perception. Vous penserez à utiliser le style indirect
libre.
Descriptif de la séance : Il s’agit ici non pas seulement
de faire en sorte que les élèves différencient parfaitement les types de
focalisation mais aussi et surtout de leur apprendre à passer d’une focalisation
à l’autre, travail difficile fondé sur la comparaison entre quatre textes
rédigés par leurs auteurs à l’aide de focalisations différentes. Ce n’est qu’en
observant ces textes que les élèves pourront apprendre à manier voire maîtriser
les différentes focalisations.
Activité proposée : Un tableau sera fait au cours de la
séance dans lequel apparaîtront les principales différences entre les types de
focalisation. Un travail à la maison sera donné.
Séance 4 : Insérer un dialogue
Macaire" et "Bertrand", de leurs vrais noms Cocardasse (un Gascon) et
Passepoil, sont deux spadassins pauvres. Ils étaient amis vingt ans plus tôt
mais ont beaucoup changé, et ne se reconnaissent pas. Ils se retrouvent par
hasard à l'entrée de l'hôtel d'un grand seigneur.
Un valet à mine haute et impertinente se présenta au seuil du vestibule. Tous
deux pensèrent à la fois :
— Le malheureux n'entrera pas !
Macaire arriva le premier.
— Je viens pour acheter, drôle ! répliqua Macaire droit comme un I et la main à
la garde de sa brette*.
— Acheter quoi ?
— Ce qu'il me plaira, coquin. Regarde moi bien ! Je suis ami de ton maître et
homme d'argent, vivadiou !
Il prit le valet par l'oreille, le fit tourner, et passa en ajoutant :
— Cela se voit, que diable !
Le valet pirouetta, et se trouva en face de Bertrand, qui lui tira son
éteignoir** avec politesse.
— Mon ami, lui dit Bertrand d'un ton confidentiel, je suis un ami de monsieur le
prince ; je viens pour affaires... de finances.
Le valet, encore tout étourdi, le laissa passer.
(...) (Les deux décident de s'adresser la parole)
— Mon gentilhomme... dit [Macaire] en saluant avec raideur.
— Mon gentilhomme... faisait au même instant Bertrand, courbé jusqu'à terre.
Ils se relevèrent comme deux ressorts et d'un commun mouvement. L'accent de
Macaire avait frappé Bertrand ; la mélopée nasale de Bertrand avait fait
tressaillir Macaire.
— As pas pur ! s'écria ce dernier ; je crois que c'est c'ta couquin de Passepoil
!
— Cocardasse ! Cocardasse junior ! repartit le Normand, dont les yeux, habitués
aux larmes, s'inondaient déjà, est-ce bien toi que je revois ?
— En chair et en os, mon bon, capédédiou ! Embrasse moi, ma caillou.
Il ouvrit ses bras, Passepoil se précipita sur son sein. A eux deux ils
faisaient un véritable tas de loques. Ils restèrent longtemps embrassés. Leur
émotion était sincère et profonde.
Paul Féval, Le Bossu, 1857, 2e partie "L'Hôtel de
Nevers", ch. 2 "Deux revenants".
* brette : épée
** éteignoir : cône qu’on posait sur une bougie pour l’éteindre
Questions
I. Narration et discours rapportés
1. Distinguer dans le texte récit et discours rapporté.
2. Quelle forme de discours rapporté apparaît dans ce texte ? Quel en est
l’effet ?
3. Le niveau de langue est-il le même dans le récit et dans le discours rapporté
? Donnez des exemples.
II. Variation selon l’émetteur
1. Comparez les répliques de "Macaire" lignes 5-6 et 8-9 à celle de
"Bertrand" lignes 14-15. Le message transmis par ces répliques est-il le même ?
Qu’est-ce qui les différencie ?
2. Quelles autres indications nous donne le récit sur la façon de parler des
deux personnages ? Quelles conclusions peut-on en tirer sur leurs caractères
respectifs ?
3. Que sait-on de l’origine sociale des personnages ? De leurs origines
géographiques? Se retrouvent-elles dans les discours rapportés ?
III. Variation selon le récepteur (destinataire)
1. A qui s’adressent les deux personnages? Comment considèrent-ils ce
destinataire?
2. A votre avis, s’exprimeraient-ils de la même façon s’ils s’adressaient
directement au grand seigneur qu’ils sont venus voir ? Imaginez ce qu’auraient
pu être alors leurs répliques.
3. Les répliques des lignes 17-18 ont elles le même niveau de langue que celles
des lignes 22-25 ? A votre avis, pourquoi ? Que s’est-il passé entre temps ?
Descriptif de la séance :
Dans ce texte, nous assistons aux retrouvailles de deux anciens
amis… Il faudra insister sur la dimension comique de ces retrouvailles.
- Présentation du texte.
- « Mise en scène » du texte : le jeu des élèves permet de montrer s’ils
ont compris ou non ce qu’ils ont lu.
- Correction des questions données préalablement à la maison
- Synthèse effectuée avec les élèves sur les niveaux de langue et leurs
variations en fonction de l’émetteur et du récepteur. Montrer que l’on
adapte son niveau de langue en fonction de celui à qui l’on s’adresse.
- Activité proposée : Transformation de certaines phrases. Du langage
familier au langage soutenu. Un tel exercice permet de vérifier que les
élèves ont bien compris le contenu des propos échangés par les deux
personnages.
Séance 5: Insérer une description
Cropole* n'avait pour le moment qu'un seul voyageur.
C'était un homme de trente ans à peine, beau, grand, austère ou plutôt
mélancolique dans chacun de ses gestes et de ses regards.
Il était vêtu d'un habit de velours noir avec des garnitures de jais ; un col
blanc, simple comme celui des puritains les plus sévères, faisait ressortir la
teinte mate et fine de son cou plein de jeunesse ; une légère moustache blonde
couvrait à peine sa lèvre frémissante et dédaigneuse.
Il parlait aux gens en les regardant en face, sans affectation, il est vrai,
mais sans scrupule, de sorte que l'éclat de ses yeux bleus devenait tellement
insupportable que plus d'un regard se baissait devant le sien, comme fait l'épée
la plus faible dans un combat singulier.
En ce temps où les hommes, tous créés égaux par Dieu, se divisaient, grâce aux
préjugés, en deux castes distinctes, le gentilhomme et le roturier, en ce temps,
disons-nous, celui dont nous venons d'esquisser le portrait ne pouvait manquer
d'être pris pour un gentilhomme, et de la meilleure race. Il ne fallait pour
cela que consulter ses mains, longues, effilées et blanches, dont chaque muscle,
chaque veine, transparaissaient sous la peau au moindre mouvement, dont les
phalanges rougissaient à la moindre crispation.
Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, ch. VI "L'inconnu"
* Cropole : l’hôtelier
I/ Le portrait : mise en place du caractère d’un personnage
- Quel est le point de vue adopté par le narrateur ?
- Relevez les adjectifs et donnez leur fonction. Quel portrait
permettent-ils de dresser du personnage ?
- Relevez une comparaison. Quel trait du caractère du personnage
permet-elle de mettre en évidence ?
II/ L’individu dans la société
1. Que révèle ce portrait des origines sociales du
personnage ? Que nous apprend le narrateur sur la société de l’époque ?
III/ La fonction du portrait
- Quelle vous semble être la fonction du portrait dans ce passage ?
- En quoi ce portrait est-il symbolique ?
Descriptif de la séance : - Objectif défini en début de
séance : Quelles sont les fonctions du portrait ? Lire des portraits ennuie
souvent les élèves. Pourtant, en lisant certains portraits de près, ils
devraient se rendre compte qu’ils revêtent une importance capitale au sein de
l’œuvre…
- Lecture puis explicitation par les élèves des termes non
compris.
- Correction des questions données préalablement aux élèves.
- Rappel, effectué par les élèves, des adjectifs et de leurs
fonctions.
- Réflexion sur les fonctions du portrait.
Activité proposée : réfléchir aux couleurs et à leurs
connotations. Dresser ensuite le portrait d’un individu peu recommandable ou au
contraire d’un personnage angélique.
Lectures complémentaires : des portraits balzaciens
(portrait de Gobseck, par exemple) dans lesquels Balzac pratique la
physiognomonie – équivalence de l’être et du paraître. On opposera ces portraits
à ceux d’un auteur comme Hugo : le personnage de Quasimodo marque la fracture de
l’équivalence entre être et paraître.
Séance 6 : Mettre en scène les sentiments humains
Edmond Dantès a été mis au secret dans
la prison du Château d’If, à Marseille. Il y est resté quatorze ans et n’a pu
s’évader que grâce à la mort de l’abbé Faria – prisonnier qui était parvenu à
communiquer avec lui – dont il a pris la place dans le sac que les geôliers
devaient jeter à la mer…L’abbé Faria a confié à Edmond son secret : sur une île
se trouve un merveilleux trésor. Edmond parvient à récupérer ce trésor et prend
le nom de Monte-Cristo. Il décide alors de consacrer le reste de sa vie à se
venger de tous ceux qui ont comploté afin de le jeter en prison alors même qu’il
n’était qu’un pauvre marin qui s’apprêtait à épouser l’élue de son cœur,
Mercédès.
Il ruine la réputation du comte de Morcerf – anciennement
Fernand Mondego, amoureux de Mercédès qui a contribué à jeter Edmond en prison
pour épouser celle-ci. Albert de Morcerf, le fils de Fernand et de Mercédès
souhaite se battre en duel avec le comte de Monte-Cristo. Affolée, sa mère,
Mercédès, se jette aux pieds de Monte-Cristo en qui elle a reconnu Edmond…
La pauvre femme laissa retomber sa tête entre ses mains ; ses
jambes plièrent sous elle, et elle tomba à genoux.
« Pardonnez, Edmond, dit-elle, pardonnez pour moi, qui vous
aime encore ! »
La dignité de l’épouse arrêta l’élan de l’amante et de la
mère. Son front s’inclina presque à toucher le tapis.
Le comte s’élança au devant d’elle et la releva.
Alors, assise sur un fauteuil, elle put, à travers ses
larmes, regarder le mâle visage de Monte-Cristo, sur lequel la douleur et la
haine imprimaient encore un caractère menaçant.
« Que je n’écrase pas cette race maudite ! murmura-t-il ; que
je désobéisse à Dieu, qui m’a suscité pour sa punition ! Impossible, madame,
impossible !
- Edmond, dit la pauvre mère, essayant de tous les moyens ; mon Dieu !
quand je vous appelle Edmond, pourquoi ne m’appelez-vous pas Mercédès ?
- Mercédès, répéta Monte-Cristo, Mercédès ! Eh bien ! oui, vous avez
raison, ce nom m’est doux encore à prononcer, et voilà la première fois,
depuis bien longtemps, qu’il retentit si clairement au sortir de mes lèvres.
Oh ! Mercédès, votre nom, je l’ai prononcé avec les soupirs de la
mélancolie, avec les gémissements de la douleur, avec le râle du désespoir ;
je l’ai prononcé, glacé par le froid, accroupi sur la paille de mon cachot ;
je l’ai prononcé, dévoré par la chaleur, en me roulant sur les dalles de ma
prison, Mercédès, il faut que je me venge, car quatorze ans j’ai souffert,
quatorze ans j’ai pleuré, j’ai maudit ; maintenant, je vous le dis, Mercédès,
il faut que je me venge ! »
Et le comte, tremblant de céder aux prières de celle qu’il a
tant aimée, appelait ses souvenirs au secours de sa haine.
« Vengez-vous, Edmond ! s’écria la pauvre mère, mais
vengez-vous sur lui, vengez-vous sur moi, mais ne vous vengez pas sur mon fils !
- Il est écrit dans le Livre saint, répondit Monte-Cristo : « Les fautes
des pères retomberont sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième
génération. » Puisque Dieu a dicté ces propres paroles à son prophète,
pourquoi serais-je meilleur que Dieu ?
- Parce que Dieu a le temps et l’éternité, ces deux choses qui échappent
aux hommes. »
Monte-Cristo poussa un soupir qui ressemblait à un
rugissement, et saisit ses beaux cheveux à pleines mains.
Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, édition
classiques Hatier, extrait 15, pp.110-111.
I/ Le désespoir d’une mère
- Qu’est-ce qui est à l’origine du désespoir de Mercédès ?
- Quelles manifestations physiologiques révèlent la douleur de Mercédès ?
- Comment cette douleur se manifeste-t-elle dans son discours ?
II/ L’écartèlement entre le passé/ le présent
- Quels sont les différents termes désignant Mercédès ? En quoi résument-ils
sa vie ?
- Comment se manifeste l’écartèlement auquel est en proie Mercédès entre son
moi présent et son moi passé ?
- Montrez que Monte-Cristo est en proie au même écartèlement.
III/ Se justifier
- De quelle façon Monte-Cristo justifie-t-il sa haine ?
- Quels sont les arguments utilisés par Mercédès pour tenter de sauver son
fils ?
- L’évocation du passé vous semble-t-elle un bon argument ? Justifiez votre
réponse.
Descriptif de la Séance
On rappellera aux élèves les aventures du Comte de
Monte-Cristo en situant leur point de départ à Marseille. On pourra d’ailleurs
insister sur les légendes qui se sont développées au château d’If autour du
personnage d’Edmond Dantès et de l’abbé Faria.
Ce texte sera l’occasion de définir le registre pathétique et
de commencer un travail sur l’argumentation : Mercedes essaie, au nom du passé,
de persuader Monte-Cristo d’épargner son fils…
On n’hésitera pas à se servir des différentes versions
filmiques du Comte de Monte-Cristo pour montrer la façon dont ce passage
a été interprété par les divers cinéastes. On pourra ainsi établir un tableau
comparatif avec les élèves visant à montrer quels arguments de Mercedes ont été
conservés ou non par les cinéastes et pour quelle(s) raison(s).
Contrôle de fin de séquence
EVALUATION DE FIN DE SEQUENCE
Plusieurs personnages sont rassemblés au tapis-franc, un
cabaret fréquenté exclusivement par des bandits. Nous ont été présentés le
Chourineur, la Goualeuse et Rodolphe, jeune bandit qui vient de « rincer » le
Chourineur…Dans la salle se trouvent deux bandits observés par un autre…
Le lecteur n’a pas oublié que deux des hôtes du tapis-franc
étaient attentivement observés par un troisième personnage récemment arrivé dans
le cabaret.
L’un de ces hommes, on l’a dit, portait un bonnet grec,
cachait toujours sa main gauche, et avait instamment demandé à l’ogresse si le
Maître d’école n’était pas encore venu.
Pendant le récit de la Goualeuse, qu’ils ne pouvaient
entendre, ces deux hommes s’étaient plusieurs fois parlé à voix basse, en
regardant du côté de la porte avec anxiété.
Celui qui portait un bonnet grec dit à son camarade :
- Le Maître d’école n’aboule pas ; pourvu que le zig ne l’ait pas escarpé à
la capahut.
- Ca serait flambant pour nous qui avons nourri la poupart ! reprit l’autre.
Le nouveau venu, qui observait ces deux hommes, était placé
trop loin d’eux pour que leurs dernières paroles arrivassent jusqu’à lui ; après
avoir plusieurs fois très adroitement consulté un petit papier caché dans le
fond de sa casquette, il parut satisfait de ces remarques, se leva de table et
dit à l’ogresse, qui sommeillait dans son comptoir, les pieds sur sa chauffrette,
son gros chat noir sur ses genoux :
- Dis donc, mère Ponisse, je vais rentrer tout de suite ; veille à mon broc
et à mon assiette…car il faut se défier des francs licheurs.
- Sois tranquille, mon homme, dit la mère Ponisse, si ton assiette est vide
et ton broc aussi, on n’y touchera pas.
L’homme se prit à rire de la plaisanterie de l’ogresse et
disparut sans que son départ fut remarqué.
Au moment où cet homme sortit, Rodolphe aperçut dans la rue
le charbonnier à figure noire et à taille colossale dont nous avons parlé ;
avant que la porte fût refermée, Rodolphe eut le temps de manifester par un
geste d’impatience combien lui était importune l’espèce de surveillance
protectrice du charbonnier ; mais ce dernier, en tenant compte de la contrariété
de Rodolphe, ne quitta pas les abords du tapis franc.
Eugène Sue, Les Mystères de Paris, chapitre 4,
« histoire du chourineur ».
PREMIERE PARTIE
A/ Questions (15 points)
I/ Le point de vue (3 points)
Dites :
- si un narrateur apparaît et si
oui, qui il peut être. (0,5)
- combien de personnages apparaissent. (0,5)
- si le lecteur a accès aux pensées et sensations de tous les
personnages — d’un seul — d’aucun. (0,5)
- si le lecteur en sait autant que les personnages — plus qu’eux
— moins qu’eux.(0,5)
- si le lecteur a accès à des informations sur ce qui s’est
passé.(0,5)
Quel est alors le point de vue adopté par le narrateur dans
ce passage ? (0,5)
II/ Les interventions du narrateur (2 points)
- A quels moments le narrateur intervient-il ? (0,5)
- Pour quelles raisons ? (0,5)
- Quelle vous semble être alors sa fonction ? (1)
III/ Le lecteur (1 point)
De quelle façon est-il englobé dans l’histoire ?
IV/ Narration et discours rapportés (8 points)
- Distinguer dans le texte récit et discours rapporté. (1)
- Quelle(s) forme(s) de discours rapporté apparaît dans ce texte ? Quel en
est l’effet ? (2)
- Transformez la phrase suivante en discours indirect : « Sois
tranquille, mon homme, dit la mère Ponisse, si ton assiette est vide et ton
broc aussi, on n’y touchera pas » (2)
- Le niveau de langue est-il le même dans le récit et dans le discours
rapporté ? Donnez des exemples. (1)
- Décomposez l’adverbe « instamment », donnez-en le sens. A quel niveau de
langue appartient-il ? (1)
- De quelle origine sociale vous semblent être les personnages. Justifiez.
(1)
V/ Le portrait du charbonnier (1 point)
Relevez les adjectifs, donnez leur fonction. Quelle image ces
adjectifs dressent-ils du charbonnier ?
B/ Réécriture (5 points)
- « Au moment où cet homme sortit, Rodolphe aperçut dans la rue le
charbonnier à figure noire et à taille colossale dont nous avons parlé ;
avant que la porte fût refermée, Rodolphe eut le temps de manifester par un
geste d’impatience combien lui était importune l’espèce de surveillance
protectrice du charbonnier ; mais ce dernier, en tenant compte de la
contrariété de Rodolphe, ne quitta pas les abords du tapis franc. »
Réécrivez ce passage (en effectuant toutes les
transformations nécessaires) pour qu’il soit à la troisième personne du
pluriel. (3 points)
2. « Le nouveau venu, qui observait ces deux
hommes, était placé trop loin d’eux pour que leurs dernières paroles
arrivassent jusqu’à lui ; après avoir plusieurs fois très adroitement
consulté un petit papier caché dans le fond de sa casquette, il parut
satisfait de ces remarques, se leva de table (…) »
Réécrivez ce passage au présent de l’indicatif. (2
points)
DICTEE : (/5)
Coconnas, ivre de sang et de bruit, arrivé à cette exaltation
où, pour les gens du Midi surtout, le courage se change en folie, n’avait rien
vu, rien entendu. Il remarqua seulement que ses oreilles tintaient moins fort,
que ses mains et son visage se séchaient un peu, et, abaissant la pointe de son
épée, il ne vit plus près de lui qu’un homme couché, à la face noyée dans un
ruisseau rouge, et autour de lui que maisons qui brûlaient.
Ce fut une bien courte trêve, car au moment où il allait s’approcher de cet
homme, qu’il croyait reconnaître, la porte de la maison qu’il avait vainement
essayé de briser à coups de pavés s’ouvrit, et le vieux Mercandon, suivi de son
fils et de ses deux neveux, bondit sur Coconnas, occupé à reprendre haleine.
Alexandre Dumas, La Reine Margot
SECONDE PARTIE : rédaction. (/15)
Sujet :
Le Maître d’école arrive au tapis-franc. Imaginez la façon
dont les différents convives vont l’accueillir.
Vous penserez à récupérer :
- les temps employés par le narrateur.
- la focalisation adoptée par le narrateur.
- les personnages.
- le niveau des langues des personnages.
Vous soignerez le style et l’orthographe.
Correction du contrôle.
Première partie
A/ Questions
I/ Le point de vue
L’histoire est racontée par un narrateur qui n’hésite pas à
s’adresser directement au lecteur : « le lecteur n’a pas oublié (…) » ». Ce
narrateur est peut-être un habitué du tapis-franc : il a l’air de maîtriser le
langage des voleurs.
Plusieurs personnages apparaissent : les deux hommes ;
l’homme qui les observe ; l’ogresse ; la Goualeuse ; le Maître d’école, le zig,
Rodolphe, le charbonnier. Le zig et le Maître d’école sont simplement cités par
les personnages et ne sont pas présents sur scène.
Le lecteur entend les propos des personnages, voit leurs
réactions (geste d’impatience de Rodolphe…) mais n’a pas véritablement accès à
leurs pensées et à leurs sensations. Nous pouvons supposer que les deux hommes
sont anxieux, parce qu’ils en ont l’air : notre jugement est fondé sur une
analyse de leur apparence et non sur l’accès direct à leur sensation. De même,
nous voyons l’énervement de Rodolphe face au charbonnier mais nous ne
l’entendons pas.
Le lecteur semble en savoir moins que les personnages : nous
savons que le Maître d’école fait autorité en manière de combat auprès des
voleurs et qu’il a participé à un vol avec les deux hommes dont nous écoutons la
conversation. Nous ne savons cependant pas pourquoi on l’appelle le Maître
d’école. Nous ne savons pas non plus pourquoi le charbonnier prend soin de
Rodolphe ni pour quelle raison les deux hommes sont observés. Pourtant, à y
regarder de plus près, nous en savons plus que certains personnages (nous savons
qu’un homme observe les deux hommes – eux ne le savent pas ; nous savons que ce
que disent ces deux hommes, l’homme qui les observe ne sait pas…)
Le lecteur apprend qu’un vol a été organisé par les deux
hommes et le maître d’école : les deux hommes parlent de « poupart » (vol). Il
l’apprend de la bouche des deux hommes.
La focalisation adoptée semble donc être une focalisation
externe : on nous décrit les événements de l’extérieur. Nous avons accès aux
paroles, aux gestes et aux attitudes des personnages sans pour autant avoir
accès à leurs pensées ou à leurs sensations.
II/ Les interventions du narrateur
Le narrateur intervient au début du chapitre, il s’adresse
directement au lecteur : « Le lecteur n’a pas oublié (…) ». Il lui rappelle
ainsi quels personnages sont présents au tapis-franc.
Le narrateur a alors une fonction de rappel.
III/ Le lecteur
La mémoire du lecteur est mise en branle par l’adresse du
narrateur : « Le lecteur n’a pas oublié que deux des hôtes du tapis-franc
étaient attentivement observés par un troisième personnage récemment arrivé dans
le cabaret. »
IV/ Narration et discours rapportés
- Le texte commence par un récit assorti de courtes descriptions. Suit
ensuite un dialogue entre les deux hommes puis entre l’homme qui observe et
l’ogresse. Enfin, la fin du texte constitue un récit, celui mettant en scène
Rodolphe et le charbonnier.
- On rencontre dans ce texte du discours direct, symbolisé par la présence
de tirets et d’incises – « reprit l’autre ».
- La mère Ponisse à dit à l’homme d’être tranquille et que si son assiette
était vide et son broc aussi, on n’y toucherait pas.
- Le niveau de langue n’est pas le même dans le récit que dans le discours.
Le récit est en effet rédigé en style courant, voire, par moment en style
soutenu –emploi du passé antérieur et du passé simple : « avant que la porte
fût refermée, Rodolphe eût le temps de manifester par un geste d’impatience
(…) ». Le discours, lui, adopte un niveau de langue bien plus familier, comme
le montrent un certain nombre d’expressions comme « abouler », « le zig »,
« escarper à la capahut », « francs licheurs »…
- Instamment est un adverbe dérivé du nom « instant » auquel on a adjoint le
suffixe « -ment ». « Instamment » signifie « rapidement », «très vite », « en
un instant ». Il connote l’idée de rapidité et révèle ainsi l’impatience du
locuteur concernant l’arrivée du Maître d’école. « Instamment » appartient au
registre soutenu.
- Les personnages sont des bandits, issus du milieu populaire – pour ce qui
est des principaux personnages. Quant à Rodolphe, rien ne nous permet de
l’inscrire dans tel ou tel milieu social pour l’instant.
V/ Le portrait du charbonnier
« Noire », « colossale » qualifient le charbonnier. Ces
adjectifs connotent la force.
B/ Réécriture
« Au moment où ces hommes sortirent, ils aperçurent dans la
rue les charbonniers à figure noire et à la taille colossale dont nous avons
parlé ; avant que les portes furent refermées, ils eurent le temps de manifester
par des gestes d’impatience combien leur étaient importunes les espèces de
surveillance protectrice des charbonniers ; mais, ces derniers, en tenant compte
de leur contrariété, ne quittèrent pas les abords du tapis-franc. »
« Le nouveau venu, qui observe ces deux hommes, est placé
trop loin d’eux pour que leurs dernières paroles arrivent jusqu’à lui ; après
avoir plusieurs fois très adroitement consulté un petit papier caché dans le
fond de sa casquette, il paraît satisfait de ces remarques, se lève de table
(…). »
LECTURE CURSIVE : EVALUATION
Supports (au choix) : -Les Trois Mousquetaires
d’Alexandre Dumas, collection l’école des loisirs.
- Le Comte de Monte-Cristo, collection classiques
hatier.
Rédaction argumentative
"Vous écrivez une lettre à un(e) ami(e) pour lui parler de votre
lecture.
- vous respecterez les codes de la lettre
- vous lui donnerez un avis sur le livre et vous argumenterez cet avis avec au
moins trois arguments
- vous ferez une brève description d’un personnage du livre en expliquant
pourquoi il/elle vous a particulièrement plu/déplu."
Ou un questionnaire de lecture qui pourra servir soit
d’évaluation, soit de questionnaire à remplir par l’élève au fur et à mesure de
sa lecture. Ce questionnaire l’aiderait à mieux comprendre l’histoire afin
d’appréhender au mieux la rédaction argumentative donné ci-dessus.
Exemple de questionnaire de lecture : Le Comte de
Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
- Pourquoi Edmond Dantès est-il jeté en prison ?
Edmond Dantès est jeté en prison avant tout à cause d’une
lettre dénonciatrice rédigée par Fernand (cousin de Mercedes, jaloux
d’Edmond), Danglars (qui aimerait être capitaine à la place de Dantès) et
Caderousse. Cette lettre prétend qu’Edmond est bonapartiste.
Le procureur du Roi, Villefort, fait arrêter Edmond. Il est
sur le point de le libérer lorsque, lisant la lettre que transportait Edmond,
il se rend compte que cette lettre, rédigée par Napoléon, est adressée à son
propre père, Noirtier. Aussi, afin qu’Edmond ne divulgue pas les attaches
bonapartistes de Noirtier, décide-t-il d’envoyer Edmond dans la prison du
château d’If.
- Comment s’appelle le prisonnier 27 qui communique avec Edmond ? Que
savez-vous de lui ?
L’abbé Faria, en creusant une galerie, est parvenu à
communiquer avec Edmond Dantès. C’est un prisonnier politique qui a vite fait
d’expliquer à Edmond les raisons pour lesquelles il a été fait prisonnier. Il
a, en outre, découvert un trésor caché sur l’île de Monte-Cristo. Père
spirituel d’Edmond, il lui apprend tout ce qu’il sait.
- Combien d’années Edmond reste-il enfermé au château d’If ?
Edmond reste prisonnier quatorze ans.
- Comment parvient-il à s’évader ?
L’abbé, avec lequel il creusait une galerie pour s’évader,
meurt brutalement. Edmond prend sa place dans le sac que les marins vont jeter
à la mer. Une fois dans l’eau, il ne lui reste plus qu’à ouvrir le sac et à
s’évader.
- Comment devient-il riche ?
L’abbé Faria lui a confié un secret : sur l’île de
Monte-Cristo se trouve un trésor, caché par les Borgia…Edmond, que des marins
ont recueilli, s’y rend et s’empare du trésor. Désormais, il se fera appeler
« le comte de Monte-Cristo ».
- Que lui a appris l’abbé Faria ?
→ Où se trouve le trésor
→ un certain nombre de recettes de potions magiques
capables de tuer ou de guérir les gens.
- Comment réagit Mercedes lorsqu’elle voit pour la première fois le comte de
Monte-Cristo.
→ Trouble
→ Inquiétude par rapport à son fils.
- Qui est Haydée ? Pourquoi Monte-Cristo s’intéresse-t-il à elle ?
C’est la fille du pacha Jamina Ali-Pacha. Fort belle,
achetée comme esclave par Monte-Cristo, il ne la traitera cependant pas comme
telle. Elle sera le moyen pour lui de faire chuter le comte de Morcerf
–anciennement Fernand : lors d’une campagne en Orient, il a livré Ali Pacha à
ses ennemis et fait de sa femme et de sa fille des esclaves…
- Comment le comte de Monte-Cristo vient-il à bout de Villefort et de Mme D’Anglars ?
→ Il commence par leur faire peur en leur rappelant la mort
de leur enfant à l’aide d’une mise en scène particulière.
→ Il retrouve l’enfant, devenu un assassin. Cet assassin
donne ses origines au tribunal et confond ainsi Villefort.
- Dans quelles circonstances, Caderousse, qui avait contribué à
l’arrestation de Dantès, est-il puni ?
→ Amené à tenter de cambrioler celui qu’il croit être
l’abbé Busoni (mais qui est en fait Monte-Cristo), Caderousse est poignardé
par son complice. Agonisant, il apprend de la bouche de Monte-Cristo que
Monte-Cristo est en fait Dantès. Il meurt repentant.
- Pourquoi Monte-Cristo épargne-t-il le fils de Morcerf (Fernand) ?
Albert, s’il est bien le fils de Morcef, est aussi celui de
Mercedes, l’ancien amour d’Edmond. C’est Mercedes qui supplie Edmond, qu’elle
a reconnu, d’épargner son fils alors que celui-ci devait se battre en duel
avec lui suite aux attaques lancées par Monte-Cristo dans les journaux contre
Fernand.
- Comment se venge-t-il de Morcerf ?
Il le diffame dans les journaux en faisant savoir que pour
s’élever dans la société il a trahi beaucoup de personnes, dont Ali Pacha. En
outre, le comte de Monte-Cristo raconte à Albert, le fils de Fernand, de
quelle manière celui-ci s’est débarrassé de lui, vingt ans plus tôt. Albert et
Mercedes quittent donc Fernand qui, fou de désespoir, se suicide.
- Pourquoi peut-on dire qu’en ce qui concerne Villefort, le procureur du
Roi, sa vengeance échappe à Edmond ?
S’il veut se venger de Villefort en montrant que celui-ci a
fait enterrer vivant un enfant illégitime, Dantès ne veut pourtant pas que
tout le monde meurt autour de Villefort…Monte-Cristo a enseigné à la seconde
épouse de Villefort les secrets de l’abbé Faria…Afin que son fils, Edouard,
soit le seul héritier de Villefort, elle empoissonne sa belle-fille –
Valentine- et ses beaux-parents. Découverte par Villefort, elle s’empoisonne
et empoisonne son propre fils, Edouard. Désastre que ne souhaitait pas Dantès…
- Edmond Dantès aime-t-il encore Mercedes ?
Non, comme le montre sa façon de l’embrasser à la fin du
livre.
- Quel est le sort de Danglars ?
Danglars est fait prisonnier et affamé. Monte-Cristo paraît
dans sa prison, lui soutire plusieurs millions, lui dit qui il est puis, face
au désespoir de Danglars, lui pardonne.
- Comment expliquez-vous l’expression finale : « Attendre et espérer ».
→ L’accent est mis sur le travail du temps puisque c’est le
temps qui a permis à Dantès de se venger.
→ L’espoir, lui, prend, dans le livre, une dimension
biblique. Il faut espérer afin de voir se réaliser ses rêves.
Aussi Valentine et Maximilien devraient-ils pouvoir un jour
revoir Monte-Cristo.
Mercedes a failli à ce précepte : elle n’a ni attendu, ni
espéré, aussi est-elle, comme elle l’a dit, la plus coupable.
Séquence montée par : Delphine Imbert, collège de Saint-Andiol
(13670)
Aurélie Renault, collège Edmond Rostand, Marseille (13013)
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