ISCIPLINES

 



 

 

Séquence : La narration dans le roman feuilleton

        Cette séquence s’inscrit en début d’année, elle reprend certaines notions, comme la focalisation, abordées en 4ème. Elle tend à définir les impératifs de la narration telle qu’elle est vécue par l’auteur de romans feuilletons.

        Objectif lecture : Il s’agit avant tout de montrer aux élèves comment l’auteur de romans feuilletons fait en sorte que le lecteur ait envie de lire la suite : à l’aide de quels procédés va-t-il séduire, allécher pour ainsi dire son lecteur ? Cette séquence résonne un peu en écho avec celle abordée en 5ème concernant le roman d’aventures, la notion de péripétie sera ainsi revue et peut-être même redéfinie par rapport à ce qui avait pu être fait deux ans auparavant. De même le portrait, étudié en 4ème, sera travaillé pour la portée symbolique qu’il peut recouvrir et les niveaux de langue, que l’élève connaît depuis la 6ème, seront retravaillés puisqu’il s’agira de montrer leurs variations en fonction de l’émetteur ou encore du destinataire. Finalité 1ère de cette séquence : l’interprétation ou comment l’interprétation d’un texte se construit à partir d’une analyse poussée des différents constituants du récit.

        En outre, cette séquence s’efforce de faire le lien avec les impératifs du programme de seconde puisqu’il s’agit de travailler sur un genre –en l’occurrence le roman feuilleton – et ses spécificités.

        Objectif écriture : c’est en réécrivant certains textes, en modifiant leur focalisation que l’élève devrait prendre conscience de l’importance de cette notion…Comment pénétrer dans l’intériorité d’un personnage ? Comment, au contraire, rester imperméable aux pensées du personnage auquel on donne vie ? En jouant avec les focalisations, l’élève fait connaissance avec le style indirect libre et comprend ce qui, stylistiquement, est à l’origine de la contamination des sensations du personnage : comment faire ressentir au mieux les sensations d’un personnage si ce n’est en les présentant à l’aide du style indirect libre ? L’objectif langue et l’objectif écriture s’entrecroisent ainsi.

DESCRIPTIF DE LA SEQUENCE

 

Séance 1 : Attiser la curiosité du lecteur

    Support : Alexandre Dumas, La comtesse de Charny.
    Objectif : Montrer de quelle façon l’auteur de romans feuilletons capte l’attention de son lecteur.
Résumé du passage
 : C’est le début du roman. Dumas rappelle à son lecteur un passage d’Ange Pitou dans lequel il évoquait le rôle joué par certains hommes dans les grands mouvements populaires. Il introduit le suspense en évoquant une « nuit terrible » à laquelle nous allons assister.

 

Séance 2 : Les interventions du narrateur

    Support : Alexandre Dumas, les Trois Mousquetaires.
    Objectif : Souligner le rôle des interventions du narrateur dans l’économie du roman feuilleton.
Résumé du passage : D’Artagnan écrit, sous le nom du duc de Wardes, une lettre de rupture à Milady…

Séance 3 : Varier les points de vue

    Supports : - Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires

    • Alexandre Dumas, Le vicomte de Bragelonne
    • Alexandre Dumas, La dame de Monsoreau
    • Michel Zévaco, Les Pardaillan
       

Objectif : Rappeler à l’élève ce qu’est la focalisation ; lui apprendre à la manier…
Exercice d’écriture : d’une focalisation à l’autre

Résumés des passages : • Nous assistons, à l’aide de la focalisation interne, aux pensées houleuses d’une Milady enfermée dans une prison en Angleterre.

• Le texte 2 décrit la mort de D’Artagnan.

• Le texte 3 décrit un duel entre Schomberg et Ribeirac.

• Le texte de Zévaco, quant à lui, constitue le récit, par Alice de Lux, de la façon dont, tentée par le luxe, elle est devenue espionne.

Ces textes permettent de redéfinir la notion de focalisation. Ils sont suivis d’un sujet de rédaction (changement de focalisation).

 

Séance 4 : Insérer un dialogue

Support : Paul Féval, le Bossu.
Objectif : Montrer que le niveau de langue dépend non seulement de l’émetteur mais aussi et surtout du destinataire.

Résumé du passage : Ce texte retrace les retrouvailles de deux spadassins. Il est intéressant de voir à quel point leur niveau de langue varie en fonction de la personne à laquelle ils s’adressent. Texte très théâtral pouvant être l’occasion d’une mise en scène en classe.

Séance 5 : Insérer une description

Support : Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne
Objectif : Définir les fonctions de la description ; qu’est-ce qu’une description symbolique ?

Résumé du passage : Il s’agit de la description d’un voyageur dont l’apparence révèle les origines nobles (on peut alors aborder la notion de physiognomonie).

Séance 6 : Mettre en scène les sentiments humains.

Support : Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo
Objectif : Montrer comment les sentiments peuvent être à l’origine d’une véritable stratégie argumentative.

Résumé du passage : Mercedes supplie Edmond d’épargner son fils. Ce texte témoigne de l’écartèlement des deux personnages entre leur passé amoureux et un présent bien sombre…

Contrôle de fin de séquence 

Support : Eugène Sue, Les Mystères de Paris.

Lectures cursives : Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo, édition classiques Hatier.

Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, édition l’école des loisirs.

 

Des exposés auront été donnés sur les romans feuilletons évoqués dans la séquence.

 

Séance 1 : Attiser la curiosité du lecteur

Le cabaret du pont de Sèvres

Si le lecteur veut bien se reporter un instant à notre roman d’Ange Pitou, et ouvrant le roman au second volume, jeter un instant les yeux sur le chapitre intitulé « la nuit du 5 au 6 octobre », il y retrouvera quelques faits qu’il n’est point sans importance qu’il se remette en mémoire avant de commencer ce livre, qui s’ouvre lui-même dans la matinée du 6 du même mois.
Après avoir cité nous-même quelques lignes importantes de ce chapitre, nous résumerons les faits qui doivent précéder la reprise de notre récit, dans le moins de paroles possible.
Ces lignes, les voici :
« A trois heures, comme nous l’avons dit, tout était tranquille à Versailles. L’Assemblée elle-même, rassurée par le rapport de ses huissiers, s’était retirée. On comptait bien que cette tranquillité ne serait pas troublée. On comptait mal.
Dans presque tous les mouvements populaires qui préparent les grandes révolutions, il y a un temps d’arrêt pendant lequel on croit que tout est fini, et que l’on peut dormir. On se trompe.
Derrière les hommes qui font les premiers mouvements, il y a ceux qui attendent que les premiers mouvements soient finis, et que, fatigués ou satisfaits, mais dans l’un et l’autre cas, ne voulant pas aller plus loin, ceux qui ont accompli ce premier mouvement se reposent.
C’est alors qu’à leur tour ces hommes inconnus, mystérieux agents des passions fatales, se glissent dans les foules, reprennent le mouvement où il a été abandonné, et le poussant jusqu’à ses dernières limites épouvantent, à leur réveil, ceux qui leur ont ouvert le chemin, et qui s’étaient couchés à la moitié de la route, croyant la route faite, le but atteint. »
Nous avons nommé trois de ces hommes dans le livre auquel nous empruntons les quelques lignes que nous venons de citer.

Qu’on nous permette d’introduire sur notre scène, c’est-à-dire à la porte du cabaret du pont de Sèvres, un personnage qui, pour n’avoir pas encore été nommé par nous, n’en avait pas moins joué pour cela un moindre rôle dans cette nuit terrible. »

Alexandre Dumas, La Comtesse de Charny,1853-1855, incipit.


I. Un incipit de roman-feuilleton

1. Quelles sont les indications spatio-temporelles fournies par l’auteur ? Sont-elles précises ? A votre avis, pourquoi ?
2. A quel livre se réfère l’auteur ? Qu’est-ce que cela implique pour le lecteur ? Face à quel type de roman sommes-nous ?

II. Les interventions du narrateur

1. A quels moments et pour quelles raisons le narrateur intervient-il ?
2. Quels sont les différents présents employés ? A quels moments ? A quoi servent-ils ?

III. La présence du lecteur

1. Quel(s) rôle(s) joue le pronom on dans ce texte ?
2. De quelle façon le lecteur est-il intégré dans l’histoire ?

Descriptif sommaire de la séance

Le texte ainsi que les questions auront été préalablement donnés aux élèves. Il s’agit de les faire réfléchir sur la notion d’incipit et de se demander quelle est la spécificité de l’incipit d’un roman feuilleton par rapport à celui d’un roman « traditionnel » : le lecteur devra tout à la fois être tenu en haleine et être renvoyé aux livres précédents qu’il se doit – pour comprendre les allusions de l’auteur – d’avoir lus. Si tel n’est pas le cas, à l’auteur de lui donner envie de lire ses ouvrages.

Cette séance sera également l’occasion de réfléchir aux valeurs du présent, valeurs que l’élève rencontrera tout au long de l’année, notamment lorsqu’il abordera l’autobiographie.

Activité proposée : Réflexion orale sur ce que peuvent tramer ces hommes. Quels indices nous fournit l’auteur à leur sujet ? Une telle réflexion permet de montrer aux élèves que pour inventer la suite d’un texte, il faut le lire en profondeur…A quoi doit-on obligatoirement s’attendre ?

 

Séance 2 : les interventions du narrateur

(D'Artagnan, repoussé par Milady, a passé une nuit avec elle en se faisant passer pour un autre, un homme qu'elle aime, le comte de Wardes. Puis, conseillé par Athos, il lui envoie une lettre de rupture au nom de cet autre homme…)

Athos avait une grande influence sur le jeune homme ; les conseils de son ami joints aux cris de son propre cœur l’avaient déterminé, maintenant que son orgueil était sauvé et sa vengeance satisfaite, à ne plus revoir Milady. Pour toute réponse il prit donc une plume et écrivit la lettre suivante :
Ne comptez pas sur moi, Madame, pour le prochain rendez-vous : depuis ma convalescence j’ai tant d’occupations de ce genre qu’il m’a fallu y mettre un certain ordre. Quand votre tour viendra, j’aurai l’honneur de vous en faire part.
Je vous baise les mains.
Comte de Wardes
Du saphir* pas un mot : le Gascon voulait-il garder une arme contre Milady ? Ou bien, soyons franc, ne conservait-il pas ce saphir comme une dernière ressource pour l'équipement** ?
On aurait tort du reste de juger les actions d'une époque au point de vue d'une autre époque. Ce qui aujourd'hui serait regardé comme une honte pour un galant homme était dans ce temps une chose toute simple et toute naturelle, et les cadets des meilleures familles se faisaient en général entretenir par leurs maîtresses.

Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, 1844, chapitre XXXV "La nuit tous les chats sont gris"

*  que Milady avait donné au faux de Wardes
** l’équipement militaire que d’Artagnan doit s’acheter... s’il en a les moyens

I/ La suite d’une aventure

  1. Quelles sont les relations entre les personnages ?
  2. La technique du roman feuilleton : quels sont les passages rappelant au lecteur ce qu’il a lu auparavant ? Les informations issues des épisodes précédents sont-elles explicites ou non ?
  3. A quelle suite doit s’attendre le lecteur ?

II/ Les interventions du narrateur

  1. Le narrateur sait-il tout de son personnage ? Quels sont les éléments du texte permettant de justifier votre réponse ? Quelle est alors la focalisation adoptée ? Justifiez votre réponse.
  2. Le narrateur semble-t-il trouver choquant le comportement de D’Artagnan à l’égard de Milady ?
  3. Quelle est la situation d’énonciation du dernier paragraphe : qui sont l’émetteur et le destinataire ?

Descriptif de la séance : Cette séance sera l’occasion d’insister sur les interventions du narrateur et la façon dont il s’adresse au lecteur. Quelles relations entretient-il avec lui ? En quoi peut-on dire que Dumas dialogue avec son lecteur en devinant ses réactions ? Un travail sur les informations explicites et implicites sera également mené.

Activité proposée : Travail axé autour du questionnement mis en place par Dumas. Les élèves devront, dans un court texte de leur cru, établir un dialogue avec le lecteur en n’hésitant pas à insérer des questions à la manière de Dumas. On pourra ainsi espérer que les récits des élèves perdront leur tonalité monocorde…

 

Séance 3 : Varier les points de vue

Texte 1
(Milady, partie en Angleterre pour assassiner le duc de Buckingham, est faite prisonnière par son beau-frère, lord de Winter…)

Que de haine elle distille ! Là, immobile, et les yeux ardents et fixes dans son appartement désert, comme les éclats de ses rugissements sourds, qui parfois s'échappent avec sa respiration du fond de sa poitrine, accompagnent bien le bruit de la houle qui monte, gronde, mugit et vient se briser, comme un désespoir éternel et impuissant, contre les rochers sur lesquels est bâti ce château sombre et orgueilleux ! Comme, à la lueur des éclairs que sa colère orageuse fait briller dans son esprit, elle conçoit contre Mme Bonacieux, contre Buckingham, et surtout contre d'Artagnan, de magnifiques projets de vengeance, perdus dans les lointains de l'avenir !
Oui, mais pour se venger il faut être libre, et pour être libre, quand on est prisonnier, il faut percer un mur, desceller des barreaux, trouer un plancher (...) D'ailleurs, pour faire tout cela il faut avoir du temps, des mois, des années, et elle... elle a dix ou douze jours, à ce que lui a dit lord de Winter, son fraternel et terrible geôlier…

Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires,
ch. LII "Première journée de captivité"

Texte 2
(Athos et Porthos sont morts depuis des années. D’Artagnan, vieilli, mène une armée contre les Hollandais. En récompense de ses longues années au service du roi et de ses récentes victoires, il vient de recevoir enfin le bâton de maréchal de France. Mais à l’instant où il le reçoit, il est renversé par un boulet de canon…)

D’Artagnan essaya de se relever. On l’avait cru renversé sans blessure. Un cri terrible partit du groupe de ses officiers épouvantés : le maréchal était couvert de sang ; la pâleur de la mort montait lentement à son noble visage.
Appuyé sur les bras qui, de toutes parts, se tendaient pour le recevoir, il put tourner une fois encore ses regards vers la place*, et distinguer le drapeau blanc à la crête du bastion principal ; ses oreilles, déjà sourdes aux bruits de la vie, perçurent faiblement les roulements du tambour qui annonçaient la victoire.
Alors, serrant dans sa main crispée le bâton de velours brodé de fleurs de lis d’or, il abaissa vers lui ses yeux qui n’avaient plus la force de regarder au ciel, et il tomba en murmurant ces mots étranges, qui parurent aux soldats surpris des mots cabalistiques, mots qui jadis avaient représenté tant de choses sur la terre, et que nul excepté ce mourant ne comprenait plus :
« Athos, Porthos, au revoir ! — Aramis, à jamais, adieu ! »
Des quatre vaillants hommes dont nous avons conté l’histoire, il ne restait plus qu’un seul corps. Dieu avait repris les âmes.

Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, Epilogue, "La mort de M. d’Artagnan", 1850, Epilogue.

* qu’il est en train d’assiéger


Texte 3
(Les partisans du roi Henri III, Quélus, Schomberg et Maugiron affrontent en duel les amis du duc de Guise, Antraguet, Ribeirac et Livarot.)

Schomberg ne recula point d'un pas et se contenta de tendre son épée.
Les deux jeunes gens firent un coup fourré*.
Ribeirac eut la poitrine traversée, et Schomberg fut blessé au cou.
Ribeirac, blessé mortellement, porta la main gauche à sa plaie en se découvrant.
Schomberg en profita pour porter à Ribeirac un second coup qui lui traversa les chairs.
Mais Ribeirac, de sa main droite, saisit la main de son adversaire, et de la gauche lui enfonça dans la poitrine sa dague jusqu'à la coquille.
La lame aiguë traversa le cœur.
Schomberg poussa un cri sourd et tomba sur le dos, entraînant avec lui Ribeirac, toujours traversé par l'épée.

Alexandre Dumas, La Dame de Monsoreau, 1846, ch. XCVII "Le combat"
* coup fourré : chacun touche l’autre en même temps
 

Texte 4
(Alice de Lux se confesse à un prêtre et raconte comment, à seize ans, elle est devenue espionne pour le compte de la reine Catherine de Médicis.)

A cette époque, beaucoup de jeunes seigneurs me dirent qu’ils m’aimaient… mais moi, je n’en aimais aucun. Je n’aimais personne !… j’aimais le luxe… j’aimais les dentelles, j’aimais les bijoux… et j’étais pauvre… La reine me promit non pas seulement le luxe, mais la richesse ; je lui ai promis de lui obéir aveuglément… Ce fut là mon premier crime ; la vue de quelques écrins remplis de diamants m’affola et, pour les posséder, pour m’en orner à ma guise, j’eusse signé un pacte avec Satan… Hélas ! Le pacte fut signé… un jour, la reine me fit venir dans son oratoire… elle ouvrit devant moi un tiroir resplendissant de perles, d’émeraudes, de rubis, de diamants… et elle me dit que tout cela était à moi si je lui obéissais… Enfiévrée, les joues en feu, l’âme bouleversée, je m’écriai : « Que faut-il faire, Majesté ? » La reine sourit, me prit par la main, me conduisit dans une pièce qui précédait son oratoire et souleva une tenture : derrière la tenture c’était la grande galerie qui attenait aux appartements du roi… là se promenaient les gentilshommes que je connaissais tous. Elle m’en désigna un et me dit : « Fais toi aimer de cet homme ! »
Un mois plus tard, j’étais la maîtresse de ce gentilhomme…
Michel Zévaco, Les Pardaillan, à partir de 1901. 1907, ch. XXI "Le confesseur"


Questions


I. Le point de vue


Pour chaque texte, dites (vous pouvez faire un tableau si vous le souhaitez) :
- si un narrateur apparaît et si oui, qui il peut être
- combien de personnages apparaissent
- si le lecteur a accès aux pensées et sensations de tous les personnages — d’un seul — d’aucun
- si le lecteur en sait autant que les personnages — plus qu’eux — moins qu’eux
- si le lecteur a accès à des informations sur ce qui s’est passé avant le texte II.

II. Jouer avec le temps dans un récit

Relisez le texte 4.
- Relevez les indicateurs de temps (vous pouvez les souligner dans le texte).
- A partir de ce relevé, divisez le texte en parties
- Dites à quelle durée correspond chacune de ces parties
- Pour chacune de ces durées, relevez les temps verbaux qui sont utilisés.
- Quels événements ne sont pas racontés dans le texte ? A votre avis, pourquoi ?

Devoir à la maison : Transformez le texte 2, le texte 3 ou le texte 4 en adoptant un point de vue interne à un personnage (dans le cas du texte 4, il sera interne à la reine Catherine). Vous ferez tous les ajouts nécessaires en respectant la cohérence du texte initial, penserez à préciser les pensées et sensations du personnage et utiliserez des verbes de perception. Vous penserez à utiliser le style indirect libre.

Descriptif de la séance : Il s’agit ici non pas seulement de faire en sorte que les élèves différencient parfaitement les types de focalisation mais aussi et surtout de leur apprendre à passer d’une focalisation à l’autre, travail difficile fondé sur la comparaison entre quatre textes rédigés par leurs auteurs à l’aide de focalisations différentes. Ce n’est qu’en observant ces textes que les élèves pourront apprendre à manier voire maîtriser les différentes focalisations.

Activité proposée : Un tableau sera fait au cours de la séance dans lequel apparaîtront les principales différences entre les types de focalisation. Un travail à la maison sera donné.

Séance 4 : Insérer un dialogue


Macaire" et "Bertrand", de leurs vrais noms Cocardasse (un Gascon) et Passepoil, sont deux spadassins pauvres. Ils étaient amis vingt ans plus tôt mais ont beaucoup changé, et ne se reconnaissent pas. Ils se retrouvent par hasard à l'entrée de l'hôtel d'un grand seigneur.

Un valet à mine haute et impertinente se présenta au seuil du vestibule. Tous deux pensèrent à la fois :
— Le malheureux n'entrera pas !
Macaire arriva le premier.
— Je viens pour acheter, drôle ! répliqua Macaire droit comme un I et la main à la garde de sa brette*.
— Acheter quoi ?
— Ce qu'il me plaira, coquin. Regarde moi bien ! Je suis ami de ton maître et homme d'argent, vivadiou !
Il prit le valet par l'oreille, le fit tourner, et passa en ajoutant :
— Cela se voit, que diable !
Le valet pirouetta, et se trouva en face de Bertrand, qui lui tira son éteignoir** avec politesse.
— Mon ami, lui dit Bertrand d'un ton confidentiel, je suis un ami de monsieur le prince ; je viens pour affaires... de finances.
Le valet, encore tout étourdi, le laissa passer.
(...) (Les deux décident de s'adresser la parole)
— Mon gentilhomme... dit [Macaire] en saluant avec raideur.
— Mon gentilhomme... faisait au même instant Bertrand, courbé jusqu'à terre.
Ils se relevèrent comme deux ressorts et d'un commun mouvement. L'accent de Macaire avait frappé Bertrand ; la mélopée nasale de Bertrand avait fait tressaillir Macaire.
— As pas pur ! s'écria ce dernier ; je crois que c'est c'ta couquin de Passepoil !
— Cocardasse ! Cocardasse junior ! repartit le Normand, dont les yeux, habitués aux larmes, s'inondaient déjà, est-ce bien toi que je revois ?
— En chair et en os, mon bon, capédédiou ! Embrasse moi, ma caillou.
Il ouvrit ses bras, Passepoil se précipita sur son sein. A eux deux ils faisaient un véritable tas de loques. Ils restèrent longtemps embrassés. Leur émotion était sincère et profonde.
Paul Féval, Le Bossu,
1857, 2e partie "L'Hôtel de Nevers", ch. 2 "Deux revenants".
* brette : épée
** éteignoir : cône qu’on posait sur une bougie pour l’éteindre

Questions

I. Narration et discours rapportés
1. Distinguer dans le texte récit et discours rapporté.
2. Quelle forme de discours rapporté apparaît dans ce texte ? Quel en est l’effet ?
3. Le niveau de langue est-il le même dans le récit et dans le discours rapporté ? Donnez des exemples.

II. Variation selon l’émetteur
1. Comparez les répliques de "Macaire" lignes 5-6 et 8-9 à celle de "Bertrand" lignes 14-15. Le message transmis par ces répliques est-il le même ? Qu’est-ce qui les différencie ?
2. Quelles autres indications nous donne le récit sur la façon de parler des deux personnages ? Quelles conclusions peut-on en tirer sur leurs caractères respectifs ?
3. Que sait-on de l’origine sociale des personnages ? De leurs origines géographiques? Se retrouvent-elles dans les discours rapportés ?

III. Variation selon le récepteur (destinataire)
1. A qui s’adressent les deux personnages? Comment considèrent-ils ce destinataire?
2. A votre avis, s’exprimeraient-ils de la même façon s’ils s’adressaient directement au grand seigneur qu’ils sont venus voir ? Imaginez ce qu’auraient pu être alors leurs répliques.
3. Les répliques des lignes 17-18 ont elles le même niveau de langue que celles des lignes 22-25 ? A votre avis, pourquoi ? Que s’est-il passé entre temps ?

Descriptif de la séance :

Dans ce texte, nous assistons aux retrouvailles de deux anciens amis… Il faudra insister sur la dimension comique de ces retrouvailles.

    • Présentation du texte.
    • « Mise en scène » du texte : le jeu des élèves permet de montrer s’ils ont compris ou non ce qu’ils ont lu.
    • Correction des questions données préalablement à la maison
    • Synthèse effectuée avec les élèves sur les niveaux de langue et leurs variations en fonction de l’émetteur et du récepteur. Montrer que l’on adapte son niveau de langue en fonction de celui à qui l’on s’adresse.
    • Activité proposée : Transformation de certaines phrases. Du langage familier au langage soutenu. Un tel exercice permet de vérifier que les élèves ont bien compris le contenu des propos échangés par les deux personnages.

Séance 5: Insérer une description


Cropole* n'avait pour le moment qu'un seul voyageur.
C'était un homme de trente ans à peine, beau, grand, austère ou plutôt mélancolique dans chacun de ses gestes et de ses regards.
Il était vêtu d'un habit de velours noir avec des garnitures de jais ; un col blanc, simple comme celui des puritains les plus sévères, faisait ressortir la teinte mate et fine de son cou plein de jeunesse ; une légère moustache blonde couvrait à peine sa lèvre frémissante et dédaigneuse.
Il parlait aux gens en les regardant en face, sans affectation, il est vrai, mais sans scrupule, de sorte que l'éclat de ses yeux bleus devenait tellement insupportable que plus d'un regard se baissait devant le sien, comme fait l'épée la plus faible dans un combat singulier.
En ce temps où les hommes, tous créés égaux par Dieu, se divisaient, grâce aux préjugés, en deux castes distinctes, le gentilhomme et le roturier, en ce temps, disons-nous, celui dont nous venons d'esquisser le portrait ne pouvait manquer d'être pris pour un gentilhomme, et de la meilleure race. Il ne fallait pour cela que consulter ses mains, longues, effilées et blanches, dont chaque muscle, chaque veine, transparaissaient sous la peau au moindre mouvement, dont les phalanges rougissaient à la moindre crispation.

Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, ch. VI "L'inconnu"
* Cropole : l’hôtelier

I/ Le portrait : mise en place du caractère d’un personnage

    1. Quel est le point de vue adopté par le narrateur ?
    2. Relevez les adjectifs et donnez leur fonction. Quel portrait permettent-ils de dresser du personnage ?
    3. Relevez une comparaison. Quel trait du caractère du personnage permet-elle de mettre en évidence ?

II/ L’individu dans la société

1. Que révèle ce portrait des origines sociales du personnage ? Que nous apprend le narrateur sur la société de l’époque ?

III/ La fonction du portrait

    1. Quelle vous semble être la fonction du portrait dans ce passage ?
    2. En quoi ce portrait est-il symbolique ?

Descriptif de la séance : - Objectif défini en début de séance : Quelles sont les fonctions du portrait ? Lire des portraits ennuie souvent les élèves. Pourtant, en lisant certains portraits de près, ils devraient se rendre compte qu’ils revêtent une importance capitale au sein de l’œuvre…

- Lecture puis explicitation par les élèves des termes non compris.

- Correction des questions données préalablement aux élèves.

- Rappel, effectué par les élèves, des adjectifs et de leurs fonctions.

- Réflexion sur les fonctions du portrait.

Activité proposée : réfléchir aux couleurs et à leurs connotations. Dresser ensuite le portrait d’un individu peu recommandable ou au contraire d’un personnage angélique.

Lectures complémentaires : des portraits balzaciens (portrait de Gobseck, par exemple) dans lesquels Balzac pratique la physiognomonie – équivalence de l’être et du paraître. On opposera ces portraits à ceux d’un auteur comme Hugo : le personnage de Quasimodo marque la fracture de l’équivalence entre être et paraître.

Séance 6 : Mettre en scène les sentiments humains

Edmond Dantès a été mis au secret dans la prison du Château d’If, à Marseille. Il y est resté quatorze ans et n’a pu s’évader que grâce à la mort de l’abbé Faria – prisonnier qui était parvenu à communiquer avec lui – dont il a pris la place dans le sac que les geôliers devaient jeter à la mer…L’abbé Faria a confié à Edmond son secret : sur une île se trouve un merveilleux trésor. Edmond parvient à récupérer ce trésor et prend le nom de Monte-Cristo. Il décide alors de consacrer le reste de sa vie à se venger de tous ceux qui ont comploté afin de le jeter en prison alors même qu’il n’était qu’un pauvre marin qui s’apprêtait à épouser l’élue de son cœur, Mercédès.

Il ruine la réputation du comte de Morcerf – anciennement Fernand Mondego, amoureux de Mercédès qui a contribué à jeter Edmond en prison pour épouser celle-ci. Albert de Morcerf, le fils de Fernand et de Mercédès souhaite se battre en duel avec le comte de Monte-Cristo. Affolée, sa mère, Mercédès, se jette aux pieds de Monte-Cristo en qui elle a reconnu Edmond…

La pauvre femme laissa retomber sa tête entre ses mains ; ses jambes plièrent sous elle, et elle tomba à genoux.

« Pardonnez, Edmond, dit-elle, pardonnez pour moi, qui vous aime encore ! »

La dignité de l’épouse arrêta l’élan de l’amante et de la mère. Son front s’inclina presque à toucher le tapis.

Le comte s’élança au devant d’elle et la releva.

Alors, assise sur un fauteuil, elle put, à travers ses larmes, regarder le mâle visage de Monte-Cristo, sur lequel la douleur et la haine imprimaient encore un caractère menaçant.

« Que je n’écrase pas cette race maudite ! murmura-t-il ; que je désobéisse à Dieu, qui m’a suscité pour sa punition ! Impossible, madame, impossible !

    • Edmond, dit la pauvre mère, essayant de tous les moyens ; mon Dieu ! quand je vous appelle Edmond, pourquoi ne m’appelez-vous pas Mercédès ?
    • Mercédès, répéta Monte-Cristo, Mercédès ! Eh bien ! oui, vous avez raison, ce nom m’est doux encore à prononcer, et voilà la première fois, depuis bien longtemps, qu’il retentit si clairement au sortir de mes lèvres. Oh ! Mercédès, votre nom, je l’ai prononcé avec les soupirs de la mélancolie, avec les gémissements de la douleur, avec le râle du désespoir ; je l’ai prononcé, glacé par le froid, accroupi sur la paille de mon cachot ; je l’ai prononcé, dévoré par la chaleur, en me roulant sur les dalles de ma prison, Mercédès, il faut que je me venge, car quatorze ans j’ai souffert, quatorze ans j’ai pleuré, j’ai maudit ; maintenant, je vous le dis, Mercédès, il faut que je me venge ! »

Et le comte, tremblant de céder aux prières de celle qu’il a tant aimée, appelait ses souvenirs au secours de sa haine. 

« Vengez-vous, Edmond ! s’écria la pauvre mère, mais vengez-vous sur lui, vengez-vous sur moi, mais ne vous vengez pas sur mon fils !

    • Il est écrit dans le Livre saint, répondit Monte-Cristo : « Les fautes des pères retomberont sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération. » Puisque Dieu a dicté ces propres paroles à son prophète, pourquoi serais-je meilleur que Dieu ?
    • Parce que Dieu a le temps et l’éternité, ces deux choses qui échappent aux hommes. »

Monte-Cristo poussa un soupir qui ressemblait à un rugissement, et saisit ses beaux cheveux à pleines mains.

Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, édition classiques Hatier, extrait 15, pp.110-111.

I/ Le désespoir d’une mère

  1. Qu’est-ce qui est à l’origine du désespoir de Mercédès ?
  2. Quelles manifestations physiologiques révèlent la douleur de Mercédès ?
  3. Comment cette douleur se manifeste-t-elle dans son discours ?

II/ L’écartèlement entre le passé/ le présent

  1. Quels sont les différents termes désignant Mercédès ? En quoi résument-ils sa vie ?
  2. Comment se manifeste l’écartèlement auquel est en proie Mercédès entre son moi présent et son moi passé ?
  3. Montrez que Monte-Cristo est en proie au même écartèlement.

III/ Se justifier

  1. De quelle façon Monte-Cristo justifie-t-il sa haine ?
  2. Quels sont les arguments utilisés par Mercédès pour tenter de sauver son fils ?
  3. L’évocation du passé vous semble-t-elle un bon argument ? Justifiez votre réponse.

Descriptif de la Séance

On rappellera aux élèves les aventures du Comte de Monte-Cristo en situant leur point de départ à Marseille. On pourra d’ailleurs insister sur les légendes qui se sont développées au château d’If autour du personnage d’Edmond Dantès et de l’abbé Faria.

Ce texte sera l’occasion de définir le registre pathétique et de commencer un travail sur l’argumentation : Mercedes essaie, au nom du passé, de persuader Monte-Cristo d’épargner son fils…

On n’hésitera pas à se servir des différentes versions filmiques du Comte de Monte-Cristo pour montrer la façon dont ce passage a été interprété par les divers cinéastes. On pourra ainsi établir un tableau comparatif avec les élèves visant à montrer quels arguments de Mercedes ont été conservés ou non par les cinéastes et pour quelle(s) raison(s).

 

Contrôle de fin de séquence

EVALUATION DE FIN DE SEQUENCE

Plusieurs personnages sont rassemblés au tapis-franc, un cabaret fréquenté exclusivement par des bandits. Nous ont été présentés le Chourineur, la Goualeuse et Rodolphe, jeune bandit qui vient de « rincer » le Chourineur…Dans la salle se trouvent deux bandits observés par un autre…

Le lecteur n’a pas oublié que deux des hôtes du tapis-franc étaient attentivement observés par un troisième personnage récemment arrivé dans le cabaret.

L’un de ces hommes, on l’a dit, portait un bonnet grec, cachait toujours sa main gauche, et avait instamment demandé à l’ogresse si le Maître d’école n’était pas encore venu.
Pendant le récit de la Goualeuse, qu’ils ne pouvaient entendre, ces deux hommes s’étaient plusieurs fois parlé à voix basse, en regardant du côté de la porte avec anxiété.

Celui qui portait un bonnet grec dit à son camarade :

  • Le Maître d’école n’aboule pas ; pourvu que le zig ne l’ait pas escarpé à la capahut.
  • Ca serait flambant pour nous qui avons nourri la poupart ! reprit l’autre.

Le nouveau venu, qui observait ces deux hommes, était placé trop loin d’eux pour que leurs dernières paroles arrivassent jusqu’à lui ; après avoir plusieurs fois très adroitement consulté un petit papier caché dans le fond de sa casquette, il parut satisfait de ces remarques, se leva de table et dit à l’ogresse, qui sommeillait dans son comptoir, les pieds sur sa chauffrette, son gros chat noir sur ses genoux :

  • Dis donc, mère Ponisse, je vais rentrer tout de suite ; veille à mon broc et à mon assiette…car il faut se défier des francs licheurs.
  • Sois tranquille, mon homme, dit la mère Ponisse, si ton assiette est vide et ton broc aussi, on n’y touchera pas.

L’homme se prit à rire de la plaisanterie de l’ogresse et disparut sans que son départ fut remarqué.

Au moment où cet homme sortit, Rodolphe aperçut dans la rue le charbonnier à figure noire et à taille colossale dont nous avons parlé ; avant que la porte fût refermée, Rodolphe eut le temps de manifester par un geste d’impatience combien lui était importune l’espèce de surveillance protectrice du charbonnier ; mais ce dernier, en tenant compte de la contrariété de Rodolphe, ne quitta pas les abords du tapis franc.

Eugène Sue, Les Mystères de Paris, chapitre 4, « histoire du chourineur ».

 

PREMIERE PARTIE

A/ Questions (15 points)

I/ Le point de vue (3 points)

Dites :
- si un narrateur apparaît et si oui, qui il peut être. (0,5)

- combien de personnages apparaissent. (0,5)

- si le lecteur a accès aux pensées et sensations de tous les personnages — d’un seul — d’aucun. (0,5)

- si le lecteur en sait autant que les personnages — plus qu’eux — moins qu’eux.(0,5)

- si le lecteur a accès à des informations sur ce qui s’est passé.(0,5)

Quel est alors le point de vue adopté par le narrateur dans ce passage ? (0,5)

II/ Les interventions du narrateur (2 points)

  1. A quels moments le narrateur intervient-il ? (0,5)
  2. Pour quelles raisons ? (0,5)
  3. Quelle vous semble être alors sa fonction ? (1)

III/ Le lecteur (1 point)

De quelle façon est-il englobé dans l’histoire ?

IV/ Narration et discours rapportés (8 points)

  1. Distinguer dans le texte récit et discours rapporté. (1)
  2. Quelle(s) forme(s) de discours rapporté apparaît dans ce texte ? Quel en est l’effet ? (2)
  3. Transformez la phrase suivante en discours indirect : « Sois tranquille, mon homme, dit la mère Ponisse, si ton assiette est vide et ton broc aussi, on n’y touchera pas » (2)
  4. Le niveau de langue est-il le même dans le récit et dans le discours rapporté ? Donnez des exemples. (1)
  5. Décomposez l’adverbe « instamment », donnez-en le sens. A quel niveau de langue appartient-il ? (1)
  6. De quelle origine sociale vous semblent être les personnages. Justifiez. (1)

V/ Le portrait du charbonnier (1 point)

Relevez les adjectifs, donnez leur fonction. Quelle image ces adjectifs dressent-ils du charbonnier ?

B/ Réécriture (5 points)

    1. « Au moment où cet homme sortit, Rodolphe aperçut dans la rue le charbonnier à figure noire et à taille colossale dont nous avons parlé ; avant que la porte fût refermée, Rodolphe eut le temps de manifester par un geste d’impatience combien lui était importune l’espèce de surveillance protectrice du charbonnier ; mais ce dernier, en tenant compte de la contrariété de Rodolphe, ne quitta pas les abords du tapis franc. »

Réécrivez ce passage (en effectuant toutes les transformations nécessaires) pour qu’il soit à la troisième personne du pluriel. (3 points)

2. «  Le nouveau venu, qui observait ces deux hommes, était placé trop loin d’eux pour que leurs dernières paroles arrivassent jusqu’à lui ; après avoir plusieurs fois très adroitement consulté un petit papier caché dans le fond de sa casquette, il parut satisfait de ces remarques, se leva de table (…) »

Réécrivez ce passage au présent de l’indicatif. (2 points)

DICTEE : (/5)

Coconnas, ivre de sang et de bruit, arrivé à cette exaltation où, pour les gens du Midi surtout, le courage se change en folie, n’avait rien vu, rien entendu. Il remarqua seulement que ses oreilles tintaient moins fort, que ses mains et son visage se séchaient un peu, et, abaissant la pointe de son épée, il ne vit plus près de lui qu’un homme couché, à la face noyée dans un ruisseau rouge, et autour de lui que maisons qui brûlaient.
Ce fut une bien courte trêve, car au moment où il allait s’approcher de cet homme, qu’il croyait reconnaître, la porte de la maison qu’il avait vainement essayé de briser à coups de pavés s’ouvrit, et le vieux Mercandon, suivi de son fils et de ses deux neveux, bondit sur Coconnas, occupé à reprendre haleine.

Alexandre Dumas, La Reine Margot

SECONDE PARTIE : rédaction. (/15)

Sujet :

Le Maître d’école arrive au tapis-franc. Imaginez la façon dont les différents convives vont l’accueillir.

Vous penserez à récupérer :
- les temps employés par le narrateur.

  • la focalisation adoptée par le narrateur.
  • les personnages.
  • le niveau des langues des personnages.

Vous soignerez le style et l’orthographe.

Correction du contrôle.

Première partie

A/ Questions

I/ Le point de vue

L’histoire est racontée par un narrateur qui n’hésite pas à s’adresser directement au lecteur : « le lecteur n’a pas oublié (…) » ». Ce narrateur est peut-être un habitué du tapis-franc : il a l’air de maîtriser le langage des voleurs.

Plusieurs personnages apparaissent : les deux hommes ; l’homme qui les observe ; l’ogresse ; la Goualeuse ; le Maître d’école, le zig, Rodolphe, le charbonnier. Le zig et le Maître d’école sont simplement cités par les personnages et ne sont pas présents sur scène.

Le lecteur entend les propos des personnages, voit leurs réactions (geste d’impatience de Rodolphe…) mais n’a pas véritablement accès à leurs pensées et à leurs sensations. Nous pouvons supposer que les deux hommes sont anxieux, parce qu’ils en ont l’air : notre jugement est fondé sur une analyse de leur apparence et non sur l’accès direct à leur sensation. De même, nous voyons l’énervement de Rodolphe face au charbonnier mais nous ne l’entendons pas.

Le lecteur semble en savoir moins que les personnages : nous savons que le Maître d’école fait autorité en manière de combat auprès des voleurs et qu’il a participé à un vol avec les deux hommes dont nous écoutons la conversation. Nous ne savons cependant pas pourquoi on l’appelle le Maître d’école. Nous ne savons pas non plus pourquoi le charbonnier prend soin de Rodolphe ni pour quelle raison les deux hommes sont observés. Pourtant, à y regarder de plus près, nous en savons plus que certains personnages (nous savons qu’un homme observe les deux hommes – eux ne le savent pas ;  nous savons que ce que disent ces deux hommes, l’homme qui les observe ne sait pas…)

Le lecteur apprend qu’un vol a été organisé par les deux hommes et le maître d’école : les deux hommes parlent de « poupart » (vol). Il l’apprend de la bouche des deux hommes.

La focalisation adoptée semble donc être une focalisation externe : on nous décrit les événements de l’extérieur. Nous avons accès aux paroles, aux gestes et aux attitudes des personnages sans pour autant avoir accès à leurs pensées ou à leurs sensations.

II/ Les interventions du narrateur

Le narrateur intervient au début du chapitre, il s’adresse directement au lecteur : « Le lecteur n’a pas oublié (…) ». Il lui rappelle ainsi quels personnages sont présents au tapis-franc.

Le narrateur a alors une fonction de rappel.

III/ Le lecteur

La mémoire du lecteur est mise en branle par l’adresse du narrateur : « Le lecteur n’a pas oublié que deux des hôtes du tapis-franc étaient attentivement observés par un troisième personnage récemment arrivé dans le cabaret. »

IV/ Narration et discours rapportés

  1. Le texte commence par un récit assorti de courtes descriptions. Suit ensuite un dialogue entre les deux hommes puis entre l’homme qui observe et l’ogresse. Enfin, la fin du texte constitue un récit, celui mettant en scène Rodolphe et le charbonnier.
  2. On rencontre dans ce texte du discours direct, symbolisé par la présence de tirets et d’incises – « reprit l’autre ».
  3. La mère Ponisse à dit à l’homme d’être tranquille et que si son assiette était vide et son broc aussi, on n’y toucherait pas.
  4. Le niveau de langue n’est pas le même dans le récit que dans le discours. Le récit est en effet rédigé en style courant, voire, par moment en style soutenu –emploi du passé antérieur et du passé simple : « avant que la porte fût refermée, Rodolphe eût le temps de manifester par un geste d’impatience (…) ». Le discours, lui, adopte un niveau de langue bien plus familier, comme le montrent un certain nombre d’expressions comme « abouler », « le zig », « escarper à la capahut », « francs licheurs »…
  5. Instamment est un adverbe dérivé du nom « instant » auquel on a adjoint le suffixe « -ment ». « Instamment » signifie « rapidement », «très vite », « en un instant ». Il connote l’idée de rapidité et révèle ainsi l’impatience du locuteur concernant l’arrivée du Maître d’école. « Instamment » appartient au registre soutenu.
  6. Les personnages sont des bandits, issus du milieu populaire – pour ce qui est des principaux personnages. Quant à Rodolphe, rien ne nous permet de l’inscrire dans tel ou tel milieu social pour l’instant.

V/ Le portrait du charbonnier

« Noire », « colossale » qualifient le charbonnier. Ces adjectifs connotent la force.

B/ Réécriture

« Au moment où ces hommes sortirent, ils aperçurent dans la rue les charbonniers à figure noire et à la taille colossale dont nous avons parlé ; avant que les portes furent refermées, ils eurent le temps de manifester par des gestes d’impatience combien leur étaient importunes les espèces de surveillance protectrice des charbonniers ; mais, ces derniers, en tenant compte de leur contrariété, ne quittèrent pas les abords du tapis-franc. »

« Le nouveau venu, qui observe ces deux hommes, est placé trop loin d’eux pour que leurs dernières paroles arrivent jusqu’à lui ; après avoir plusieurs fois très adroitement consulté un petit papier caché dans le fond de sa casquette, il paraît satisfait de ces remarques, se lève de table (…). »

 

LECTURE CURSIVE : EVALUATION

Supports (au choix) : -Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, collection l’école des loisirs.

- Le Comte de Monte-Cristo, collection classiques hatier.

Rédaction argumentative

"Vous écrivez une lettre à un(e) ami(e) pour lui parler de votre lecture.
- vous respecterez les codes de la lettre
- vous lui donnerez un avis sur le livre et vous argumenterez cet avis avec au moins trois arguments
- vous ferez une brève description d’un personnage du livre en expliquant pourquoi il/elle vous a particulièrement plu/déplu."

Ou un questionnaire de lecture qui pourra servir soit d’évaluation, soit de questionnaire à remplir par l’élève au fur et à mesure de sa lecture. Ce questionnaire l’aiderait à mieux comprendre l’histoire afin d’appréhender au mieux la rédaction argumentative donné ci-dessus.

Exemple de questionnaire de lecture : Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.

  1. Pourquoi Edmond Dantès est-il jeté en prison ?

    Edmond Dantès est jeté en prison avant tout à cause d’une lettre dénonciatrice rédigée par Fernand (cousin de Mercedes, jaloux d’Edmond), Danglars (qui aimerait être capitaine à la place de Dantès) et Caderousse. Cette lettre prétend qu’Edmond est bonapartiste.

    Le procureur du Roi, Villefort, fait arrêter Edmond. Il est sur le point de le libérer lorsque, lisant la lettre que transportait Edmond, il se rend compte que cette lettre, rédigée par Napoléon, est adressée à son propre père, Noirtier. Aussi, afin qu’Edmond ne divulgue pas les attaches bonapartistes de Noirtier, décide-t-il d’envoyer Edmond dans la prison du château d’If.

     

  2. Comment s’appelle le prisonnier 27 qui communique avec Edmond ? Que savez-vous de lui ?

    L’abbé Faria, en creusant une galerie, est parvenu à communiquer avec Edmond Dantès. C’est un prisonnier politique qui a vite fait d’expliquer à Edmond les raisons pour lesquelles il a été fait prisonnier. Il a, en outre, découvert un trésor caché sur l’île de Monte-Cristo. Père spirituel d’Edmond, il lui apprend tout ce qu’il sait.

     

  3. Combien d’années Edmond reste-il enfermé au château d’If ?

    Edmond reste prisonnier quatorze ans.

     

  4. Comment parvient-il à s’évader ?

    L’abbé, avec lequel il creusait une galerie pour s’évader, meurt brutalement. Edmond prend sa place dans le sac que les marins vont jeter à la mer. Une fois dans l’eau, il ne lui reste plus qu’à ouvrir le sac et à s’évader.

  5. Comment devient-il riche ?

    L’abbé Faria lui a confié un secret : sur l’île de Monte-Cristo se trouve un trésor, caché par les Borgia…Edmond, que des marins ont recueilli, s’y rend et s’empare du trésor. Désormais, il se fera appeler « le comte de Monte-Cristo ».

  6. Que lui a appris l’abbé Faria ?

    → Où se trouve le trésor

    → un certain nombre de recettes de potions magiques capables de tuer ou de guérir les gens.

  7. Comment réagit Mercedes lorsqu’elle voit pour la première fois le comte de Monte-Cristo.

    → Trouble

    → Inquiétude par rapport à son fils.

  8. Qui est Haydée ? Pourquoi Monte-Cristo s’intéresse-t-il à elle ?

    C’est la fille du pacha Jamina Ali-Pacha. Fort belle, achetée comme esclave par Monte-Cristo, il ne la traitera cependant pas comme telle. Elle sera le moyen pour lui de faire chuter le comte de Morcerf –anciennement Fernand : lors d’une campagne en Orient, il a livré Ali Pacha à ses ennemis et fait de sa femme et de sa fille des esclaves…

  9. Comment le comte de Monte-Cristo vient-il à bout de Villefort et de Mme D’Anglars ?

    → Il commence par leur faire peur en leur rappelant la mort de leur enfant à l’aide d’une mise en scène particulière.

    → Il retrouve l’enfant, devenu un assassin. Cet assassin donne ses origines au tribunal et confond ainsi Villefort.

  10. Dans quelles circonstances, Caderousse, qui avait contribué à l’arrestation de Dantès, est-il puni ?

    → Amené à tenter de cambrioler celui qu’il croit être l’abbé Busoni (mais qui est en fait Monte-Cristo), Caderousse est poignardé par son complice. Agonisant, il apprend de la bouche de Monte-Cristo que Monte-Cristo est en fait Dantès. Il meurt repentant.

  11. Pourquoi Monte-Cristo épargne-t-il le fils de Morcerf (Fernand) ?

    Albert, s’il est bien le fils de Morcef, est aussi celui de Mercedes, l’ancien amour d’Edmond. C’est Mercedes qui supplie Edmond, qu’elle a reconnu, d’épargner son fils alors que celui-ci devait se battre en duel avec lui suite aux attaques lancées par Monte-Cristo dans les journaux contre Fernand.

  12. Comment se venge-t-il de Morcerf ?

    Il le diffame dans les journaux en faisant savoir que pour s’élever dans la société il a trahi beaucoup de personnes, dont Ali Pacha. En outre, le comte de Monte-Cristo raconte à Albert, le fils de Fernand, de quelle manière celui-ci s’est débarrassé de lui, vingt ans plus tôt. Albert et Mercedes quittent donc Fernand qui, fou de désespoir, se suicide.

  13. Pourquoi peut-on dire qu’en ce qui concerne Villefort, le procureur du Roi, sa vengeance échappe à Edmond ?

    S’il veut se venger de Villefort en montrant que celui-ci a fait enterrer vivant un enfant illégitime, Dantès ne veut pourtant pas que tout le monde meurt autour de Villefort…Monte-Cristo a enseigné à la seconde épouse de Villefort les secrets de l’abbé Faria…Afin que son fils, Edouard, soit le seul héritier de Villefort, elle empoissonne sa belle-fille – Valentine- et ses beaux-parents. Découverte par Villefort, elle s’empoisonne et empoisonne son propre fils, Edouard. Désastre que ne souhaitait pas Dantès…

  14. Edmond Dantès aime-t-il encore Mercedes ?

    Non, comme le montre sa façon de l’embrasser à la fin du livre.

  15. Quel est le sort de Danglars ?

    Danglars est fait prisonnier et affamé. Monte-Cristo paraît dans sa prison, lui soutire plusieurs millions, lui dit qui il est puis, face au désespoir de Danglars, lui pardonne.

  16. Comment expliquez-vous l’expression finale : « Attendre et espérer ».

→ L’accent est mis sur le travail du temps puisque c’est le temps qui a permis à Dantès de se venger.

→ L’espoir, lui, prend, dans le livre, une dimension biblique. Il faut espérer afin de voir se réaliser ses rêves.

Aussi Valentine et Maximilien devraient-ils pouvoir un jour revoir Monte-Cristo.

Mercedes a failli à ce précepte : elle n’a ni attendu, ni espéré, aussi est-elle, comme elle l’a dit, la plus coupable.

 

Séquence montée par : Delphine Imbert, collège de Saint-Andiol (13670)

Aurélie Renault, collège Edmond Rostand, Marseille (13013)