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Stoïcisme et Epicurisme
Séquence de latin en classe de terminale autour d’un groupement de textes


Cette séquence a été réalisée par Mme Stéphanie PETRONE, agrégée de Lettres Classiques, pour ses élèves de Terminale du Lycée Langevin à Martigues(13)



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Entrée au programme : Interrogations philosophiques.

Place de la séquence dans l’année : cette séquence est la première de l’année. Elle établit un parallèle avec le programme de philosophie que les élèves découvrent au même moment, à l’exception de ceux qui en ont eu une initiation en classe de première. Les préoccupations d’ordre pratique qui caractérisent la philosophie romaine facilitent une première approche.

Problématique : a-t-on raison d’opposer stoïcisme et épicurisme, à Rome, comme deux voies divergentes pour accéder au bonheur ?

Après avoir étudié les traits dominants des deux philosophies, il sera intéressant de dresser un bilan sur les différences, et peut-être sur les similitudes, qui existent entre elles.

Déroulement de la séquence : la séquence comprend 4 séances, à raison de 3 heures par texte (12 heures), une séance d’évaluation (1 heure) et une séance consacrée aux prolongements possibles de la séquence (2 heures).



Séance 1 : Sénèque, De Prouidentia, II, 1-4.


Présentation de l’auteur, au début ou en cours de séance.

A partir de la lecture de l’article " Sénèque " dans le Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1993, et de celui de J.-P. Néraudau, dans son ouvrage, La Littérature Latine, Paris, Hachette Supérieur, 2000, les élèves relèvent les principaux points de la vie et de l’œuvre de l’auteur. La même démarche leur sera confiée pour la présentation de Lucrèce.

Le vocabulaire est donné aux élèves, en intégralité, pour tous les textes. Au préalable, le professeur procède à une phase de reconnaissance du lexique minimal attendu pour une classe de terminale.

Repérages grammaticaux et identification des formes (à titre d’exemple et selon les besoins de la classe) :

  • les propositions subordonnées de comparaison.
  • les propositions subordonnées interrogatives indirectes.
  • le datif de possession.
  • l’emploi de " ne…quidem ".
  • le génitif comme complément d’un pronom neutre au nominatif ou à l’accusatif singulier.

Traduction du texte :

Pour ce premier texte, le texte latin est accompagné de sa traduction française. Les élèves s’efforcent alors de retrouver la traduction précise et littérale du texte. Ils sont ainsi directement confrontés à l’écart et au parti pris de tout traducteur, et cette phase d’observation peut préparer le travail d’appréciation de traductions qui leur est proposé à l’épreuve.

Questions sur le texte pour diriger le commentaire :

1) Expliquez, en prenant appui sur tout le texte, l’idée suivante, développée par Sénèque : " Nihil accidere uiro bono mali potest " (Rien de mal ne peut arriver à l’homme de bien).

2) A quels domaines Sénèque emprunte-t-il ses exemples, pour illustrer sa thèse ? Pour quelle(s) raison(s), selon vous ?

3) Quels vous semblent être les traits caractéristiques du stoïcisme, à travers ce texte ?

► En annexe : le texte latin et sa traduction française.

► En annexe : le commentaire du texte.



Séance 2 : Sénèque. De Ira, II, 3, 1.


Repérages grammaticaux et identification de formes (à titre d’exemple et selon les besoins de la classe) :

  • les verbes passifs et déponents.
  • formation et emploi du comparatif et du superlatif.
  • les emplois du parfait de l’indicatif.

Traduction du texte :

Pour ce deuxième texte, la construction seule des phrases est donnée. Les élèves, qui ont repéré la structure ou composition du texte, en traduisent des passages, le plus élégamment possible.

Questions sur le texte pour diriger le commentaire :

1) Quelle est la thèse de Sénèque au sujet de la colère ? En quoi diffère-t-elle de l’opinion que l’on se forge habituellement sur cette passion ?

2) Comment l’auteur définit-il les notions " adfectus " et " impetus " ?

3) Si l’on sait que le stoïcisme est une philosophie de l’action, quelle est, selon vous, la visée ultime de ce texte ?

En complément, le professeur propose une lecture suivie, dans la traduction française, du livre II du De Ira, afin d’avoir une idée d’ensemble de l’argumentation de Sénèque sur le processus de la colère.

► En annexe : le texte latin et sa traduction française.

► En annexe : le commentaire du texte.



Séance 3 : Lucrèce, De Rerum Natura, II, 1-36.


Traduction du texte :

Pour ce troisième texte, la construction des phrases est prise en charge par les élèves sur la première moitié du texte. Elle est facilitée par le jeu des répétitions et les phénomènes de reprises qui la jalonnent. Pour la seconde moitié du texte, le professeur procède à sa traduction juxtalinéaire.

Questions sur le texte pour diriger le commentaire :

1) Quel portrait Lucrèce dresse-t-il du sage épicurien ?

2) Quelle définition donne-t-il du bonheur ? Quelles sont, au contraire, les entraves au bonheur, selon lui ?

3) En quoi ce texte est-il un texte poétique ?

Entraînement à l’exercice d’appréciation d’une traduction :

La classe établit des critères (peut-être sous la forme d’une grille d’évaluation) qui lui permettront d’orienter son appréciation sur la traduction.

Voici quelques critères possibles :

  • critère de concision, par respect de la brièveté du texte latin ?
  • critère lexical, avec un choix des mots approprié ?
  • critère syntaxique, quand le mouvement de la phrase latine est conservé ?
  • critère d’expression, soit par une adaptation au langage et aux concepts actuels, soit par une traduction plus neutre, mais qui se veut davantage fidèle au texte. La traduction s’éloigne-t-elle du texte originel ou pas ? Quel est son parti pris ? Est-il pertinent ? Que privilégie le traducteur : une compréhension fluide, la saveur littéraire du texte ?
  • critère stylistique. Le traducteur propose-t-il un équivalent pour rendre une audace de style ?

► En annexe : le texte latin et ses traductions françaises.

► En annexe : le commentaire du texte.



Séance 4 : Lucrèce, De Rerum Natura, I, 80-101.


Traduction du texte :

Le texte étant plus court que les précédents, les élèves traduisent de façon improvisée l’extrait entier. Un premier repérage rapide sur la composition du passage peut toutefois les aider.

Questions sur le texte pour diriger le commentaire :

1) Quelle thèse Lucrèce soutient-il ? A quel moment apparaît-elle dans le texte et comment est-elle exprimée ?

2) En quoi le tableau que Lucrèce fait du sacrifice d’Iphigénie est-il saisissant ? Quels sont les effets recherchés ?

3) Montrez l’implication et l’intervention du jugement de l’auteur dans le texte.

Entraînement à l’appréciation d’une traduction :

L’exercice proposé est le même que celui de la séance précédente. Les élèves travaillent à partir d’une seule traduction, mais ils peuvent aussi en comparer plusieurs portant sur le même texte.

En complément, le professeur propose à la classe de scander quelques hexamètres dactyliques, afin de porter une attention accrue à la construction du vers, à son rythme ainsi qu’à la place stratégique qu’occupent certains mots dans le vers.

Ainsi, le repérage de la coupe principale (césure) dans les vers de cet extrait fait apparaître le relief pris par certains termes mais aussi l’effet de dramatisation de la scène du sacrifice : religio peperit / scelerosa atque impia facta (v.4) ; aspectuque suo / lacrimas effundere ciues (v.12); muta metu terram / genibus summissa petebat (v.13)

► En annexe: le texte latin et ses traductions françaises.

► En annexe : le commentaire du texte.

Séance 5: Evaluation. Horace, Odes, I, 1.


Les élèves traduisent le célèbre texte d’Horace. Une ou deux questions de commentaire peuvent accompagner la version, en guise de bonus.

► En annexe : le texte de la version.

Séance 6 : Prolongements.


Premier prolongement possible : découvrir le stoïcisme et l’épicurisme à la Renaissance, à une époque où l’on redécouvrait avec ferveur les textes de l’Antiquité. Les élèves étudient le " Carpe diem " chez Ronsard (Quatre Premiers Livres des Odes, 1550 et Sonnets pour Hélène, 1578) et le stoïcisme de Montaigne (Essais, 1580-1588-1595).

Deuxième prolongement possible : ouvrir un débat sur les ressemblances et les différences entre les deux philosophies. Les élèves ont accumulé, par des recherches, des informations complémentaires sur les deux doctrines et rédigent un tableau synthétique de comparaison.

Le manuel de latin terminale de M.-P. Bortolussi, J. Brulé et A. Flobert, édité par Hatier, en 2003, propose d’étudier une même scène, la mort de Sénèque, à travers deux points de vue différents, l’un stoïcien, avec Tacite, l’autre, épicurien, avec Pétrone (Séquence 10. Les voies de la sagesse : le stoïcisme. Prolongements, p. 256-257)

Troisième prolongement possible : faire le lien avec le programme et les problématiques soulevées en classe de philosophie. Les philosophies antiques étaient des philosophies pratiques. Les questions débattues sont-elles les mêmes à notre époque ? Sont-elles formulées de la même façon ? Qu’en est-il aujourd’hui des philosophies du bonheur ? Dans le cadre d’un travail interdisciplinaire, le professeur de latin et le professeur de philosophie des classes concernées peuvent proposer aux élèves une bibliographie sélective : Alain, Propos sur le bonheur (1928); Michel Onfray, L’Art de jouir. Pour un matérialisme hédoniste (1991), etc…

►En annexe : exemple de travail fait en classe sur le deuxième prolongement de la séquence (fiche de bilan réalisée par une élève sur le stoïcisme et l’épicurisme et tableau de comparaison entre les deux philosophies).