« Enseignants, vous avez deux tâches à remplir en matière lexicale : enrichir le vocabulaire de vos élèves et les aider, au milieu de cette richesse, à trouver le mot le plus juste, dans un contexte et une situation donnés. » R. Picoche (Introduction au dictionnaire du français usuel)
Le collège André Malraux est classé catégorie 4, c’est donc un établissement moyen, ni favorisé ni en difficulté.
La classe de sixième avec laquelle j’ai mené cette aventure lexicale comportait 27 élèves à la rentrée, 26 à la fin du premier trimestre et 28 au milieu du deuxième trimestre.
Les résultats des évaluations d’entrée en sixième étaient de 53%1 pour cette classe contre 52%5 pour l’ensemble des classes de sixième du collège : elle est représentative du type de collège auquel elle appartient
Le dictionnaire :
Côté élèves :
J’ai eu toute l’année à ma disposition, dans l’armoire de ma classe 29 dictionnaires (Le Robert Collège), instrument indispensable pour commencer un travail lexical et le poursuivre durant toute l’année. Les élèves ont quasiment vécu avec ce dictionnaire sur leur bureau.
C’est avec cet outil qu’ont été mis en place la pratique de la recherche rapide d’un mot, la découverte de l’orthographe lexicale de mots inconnus, l’apprentissage de la lecture d’un article dans toute sa complexité.
J’ai commencé par faire pratiquer la recherche rapide et efficace d’un mot du dictionnaire puis l’étude de la lecture d’articles a impliqué en toute logique un travail immédiat sur la polysémie d’autant que pour parler de la synonymie, il faut au préalable maîtriser la notion de polysémie puisque le synonyme d’un mot dépend du sens dans lequel ce mot est employé.
A force de le fréquenter, le dictionnaire, extrêmement austère, touffu et difficile à utiliser pour la plupart de mes élèves de sixième, est devenu peu à peu familier et d’utilisation plus aisée.
Côté professeur :
Il n’était pas question de faire apprendre des mots sans lien entre eux. Pour mettre les mots nouveaux en réseaux, je me suis beaucoup inspirée du DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS USUEL de PICOCHE dont les articles, si différents de ceux des dictionnaires classiques, m’ont permis de créer des fiches de vocabulaire facilement lisibles, vivantes et motivantes pour les élèves
Lexique et lecture :
Dès le début de l’année, à chaque séance de lecture, un temps toujours important a été consacré au lexique ; cela m’a permis de mettre en place systématiquement ce que notre groupe de travail, dirigé par Mme Grimaldi, lexicologue, avait planifié : le choix du sens d’un mot dans un article polysémique en tenant compte du contexte, le choix d’un bon synonyme en tenant compte du contexte, quelques types de différences entre les mots synonymes, la formation des mots par dérivation ( étude de trois préfixes, in-, de-/dé-, re-/ré et de quelques suffixes, -ette, -iste, -eur, -er, -ier, mais surtout –able et -ment), les familles de mots, la notion de champ lexical....Aussi, mes textes ont-ils souvent été choisis en fonction de la connaissance que je voulais mettre en place : par exemple, lors de la séquence sur le conte, Le Petit Poucet offrait l’avantage de contenir de nombreux mots formés avec le préfixe in-.
Au troisième trimestre, alors que les connaissances et compétences ci-dessus indiquées étaient à peu près inculquées, je me suis dirigée vers « entrer dans un texte par un mot », pour montrer aux enfants qu’un mot bien compris peut éclairer tout un texte ou en affiner infiniment la compréhension.
Lexique et écriture
C’est en l’utilisant qu’un élève prouve qu’il s’est véritablement approprié un mot. Et c’est en lisant des phrases écrites par des élèves qu’on voit clairement ce qui est acquis et ce qui ne l’est pas.
J’ai beaucoup pratiqué le travail d’emploi de mots nouveaux non dans des rédactions, mais dans des phrases. C’était très encourageant pour les élèves plus ou moins en difficulté à l’écrit - et ils étaient nombreux dans cette classe- car ils ont pu se concentrer sur le lexique et la syntaxe et sont arrivés à produire de très jolies phrases, bien construites et prouvant par là que des mots du lexique étaient entrés dans leur vocabulaire.
J’ai aussi fait écrire des textes courts, de huit à dix lignes, l’important étant d’y injecter des mots vus dans la séquence.
J’ai bien sûr demandé de rédiger à intervalles réguliers des textes plus longs. Mais alors pour les élèves faibles, tout l’acquis lexical était perdu ou presque ; sauf lorsque j’ai modifié ma demande et que j’ai proposé d’inventer une histoire en partant de mots d’un champ lexical vu ensemble au préalable en lecture.(cf. séquence V
Fiches types
Elles sont établies au cours d’une séquence pour fixer les notions vues : fiche type sur l’article de dictionnaire, sur les synonymes, sur les mots de la même famille, sur les préfixes, sur les suffixes, sur la dérivation… Elles ont pu parfois se modifier pour s’enrichir l’année avançant. (C’est le cas en ce qui concerne les synonymes