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Séquence sur une lecture en œuvre intégrale :
Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor

Cette séquence a été conçue par Mme Gaelle LOPEZ-DEM, professeur certifié de Lettres Modernes, pour ses élèves de 3ème du Collège Diderot à Sorgues (classé ZEP)

La séquence proposée concerne l’étude en œuvre intégrale de Inconnu à cette adresse avec une classe de troisième. La brièveté de l’œuvre rend possible une étude relativement aisée et souple en fonction du niveau de la classe.

Ce livre permet :

— D’établir un lien interdisciplinaire avec l’histoire

— D’insérer un réel travail de l’image

— De réviser les éléments du système narratif en début de troisième

— D’appréhender, plus particulièrement, le fonctionnement narratif lié au genre épistolaire

— De mettre en évidence la structure d’une œuvre.

Progression

La première séance :

Elle peut être consacrée à l’étude de l’objet-livre, à un examen attentif du paratexte :

– Travail sur le titre et ses présupposés

– Travail sur les premières et quatrièmes de couverture de différentes éditions d’Inconnu à cette adresse, voire même sur l’affiche de la pièce de théâtre montée à partir de l’œuvre de Kressmann Taylor.

Cette étude de l’objet-livre a pour but de susciter la curiosité des élèves, de les inciter à la lecture de l’œuvre en créant un effet d’attente par la formulation, avec eux, d’hypothèses de lecture. Lors de cette séance, il est possible de proposer une méthode d’analyse de l’image fixe : une méthode pour apprendre à décrire l’image de la première de couverture dans un premier temps et à l’interpréter dans un second temps, ce qui permettra d’aborder les notions de dénotation et de connotation (Pour ce cours, on peut se référer à la contribution sur ce site intitulée : " Exploitation de l’image dans le cadre d’une étude de la dénotation et de la connotation ")

Enfin, il semble important, dès cette première séance, de soulever rapidement le problème du genre auquel appartiendrait cette œuvre : est-ce une nouvelle étant donné l’apparente brièveté de l’œuvre ? Est-ce un roman comme il est précisé sur les éditions Autrement, par exemple ? N’est-ce qu’une simple succession de lettres, voire des documents autobiographiques puisque certaines éditions classent le livre dans la catégorie " Histoires de vies " ? On répondra à ce problème du genre avec les élèves à la fin de l’étude de l’œuvre ayant tous les éléments nécessaires pour trancher. 

La deuxième séance :

Pour la deuxième séance, il sera demandé aux élèves de lire, au préalable, les quatre premières lettres de l’œuvre intégrale et de répondre à des questions portant sur la situation d’énonciation et les liens unissant les deux personnages. L’objectif principal de cette séance est d’appréhender les caractéristiques d’un incipit.

On peut éventuellement ébaucher le portrait du personnage de Martin qui sera complété lors de la séance suivante. Ce portrait servira de " modèle " à celui que l’on exigera des élèves, concernant le personnage de Max. En effet, on pourra, au fur et à mesure de la lecture de l’œuvre, leur demander de brosser le portrait de Max Eisenstein jusqu’à la lettre 12 et le rédiger en regard de celui de Martin. Ce travail permettrait de revenir sur l’art du portrait et impliquerait de la part des élèves une relecture de l’œuvre. Parallèlement, on peut mener en langue une séance consacrée aux expansions du nom, en s’appuyant sur ces portraits.

Remarque : si cela n’a pas été fait dans un groupement de textes précédant cette étude d’œuvre intégrale, ce cours peut être l’occasion de réviser les codes de la lettre.

La troisième séance :

Une préparation sur les lettres 5 à 8 sera donnée aux élèves en prévision de la troisième séance. Les questions données mettront l’accent sur les changements apparus au niveau de la situation d’énonciation dans ces dernières lettres par rapport aux lettres précédentes. On s’intéressera à la rupture qui s’opère entre les deux personnages Max et Martin en s’attardant sur l’étude plus précise des formules finales et des adresses. On demandera aussi aux élèves d’étudier l’évolution des idées politiques de Martin à travers les lettres 4, 6 et 8 ainsi que de combler les silences laissés entre les lettres, c’est-à-dire de reprendre les grandes étapes ayant ponctué cette période et permettant de comprendre l’évolution idéologique de Martin. Le cours d’histoire et le manuel scolaire pourront être ainsi réutilisés, exploités (en relation étroite avec le professeur de cette discipline). Le but est de mettre en parallèle histoire et Histoire, de montrer que l’œuvre joue sur des ellipses narratives et que ces ellipses ont du sens. Cette séance proposera un véritable décloisonnement avec le cours d’histoire et pourra s’appuyer sur l’étude de documents iconographiques, en appliquant la méthode d’analyse de l’image fixe vue lors de la première séance. Ainsi, de nombreuses affiches de propagande ou photographies de l’époque pourront venir illustrer et compléter les propos de Martin :

– l’affiche nazie, par exemple, des élections législatives de 1932 portant l’inscription " Notre dernier espoir : Hitler " confirme le désir de renouveau dont parle Martin.

– l’affiche de 1937 intitulée " le juif éternel " fait du juif le bouc-émissaire universel, selon les termes mêmes du protagoniste.

Ce travail peut avoir différents prolongements :

  • une étude des affiches de propagande de l’époque peut être menée conjointement en histoire et en français permettant par exemple d’aborder les notions de pastiche et de parodie. Il est possible, en effet, de montrer aux élèves l’une des premières affiches nazies diffusées en Alsace intitulée " Dehors le bric-à-brac français " où l’on balaie tous les symboles civils et militaires de la France républicaine (un grand coq tricolore, la Marianne, le béret basque, le képi, la tour Eiffel…). Cette affiche a été beaucoup pastichée par la Résistance, on peut alors confronter la précédente image à celle de l’illustrateur Hansi datant de 1945 où la balayeuse est désormais un char, " la grande balayeuse anglo-franco-américaine " chassant un aigle déplumé, un bourreau avec une hache en référence à certains résistants qui furent décapités…
  • une étude plus spécifique de l’affiche rouge peut être menée comme symbole de la manipulation et de la propagande nazies dont est victime Martin et pourra être reprise avec le poème d’Aragon et sa mise en musique par Léo Ferré, lors du groupement de textes sur la poésie engagée.

La quatrième séance :

Cette séance portera sur les lettres 9, 10 et 11, son but est de brosser le portrait du personnage de Griselle, de donner une définition de la litote et de préparer à l’expression écrite donnée suite à cette étude.

On fera remarquer aux élèves qu’il y a désormais un déséquilibre de la parole puisque la stricte alternance entre Max et Martin constatée depuis le début du livre n’est plus respectée, on mènera une réflexion sur la signification à accorder à cette monopolisation de la parole de la part de Max. On soulignera l’aspect contradictoire, le paradoxe apparu dans la mesure où, au théâtre par exemple, quand un personnage monopolise la parole, il est habituellement en position de force par rapport aux autres ce qui n’est absolument pas le cas de Max, ici. Cette attention portée à la répartition de la parole sera reprise ultérieurement (réflexion sur l’intérêt d’un récit par lettres).

La cinquième séance :

Elle sera l’occasion d’une évaluation en classe sous la forme d’une expression écrite dont voici l’intitulé :

Support : lettres 1 à 11 d’Inconnu à cette adresse

Sujet : Suite à la lettre 11, Max reçoit une missive de sa sœur.

Griselle lui expliquera, dans un premier temps, ce qui s’est véritablement passé à Berlin et pourquoi elle s’est faite conspuer au théâtre. Elle insistera sur ce qu’elle a ressenti en mêlant si possible des considérations sur la politique menée par Hitler et ses effets dans la ville. Elle développera, ensuite, le périple fait de dangers et de contrôles à contourner qu’elle a parcouru pour rejoindre Munich. Enfin, dans un dernier paragraphe, elle rassurera son frère et exprimera l’espoir qu’elle place en Martin, se sachant proche désormais du château Rantzenburg.

Elle ne manquera pas, dans cette lettre, d’exprimer sa révolte, sa colère face aux réactions des Allemands, sa peur également et la confiance investie en son ancien amant pour lequel elle a gardé " une infinie tendresse ".

Ce travail sera évalué en fonction des critères de réussite suivants :

— Le respect des codes de la lettre intime (reprise d’une présentation formelle rappelée en cours)

— L’interpellation constante du destinataire tout au long de la missive (la lettre étant un acte de communication, un dialogue différé dans l’espace et le temps, un écrit en projection sur l’autre).

— L’utilisation du point de vue interne et de ses ressources (champs lexicaux des différents sentiments que le protagoniste éprouve, usage d’une ponctuation forte et des quatre types de phrases, recours à la modalisation et au vocabulaire de la subjectivité…)

— L’organisation en paragraphes reprenant rigoureusement les différentes parties imposées par le sujet : outre un paragraphe introductif, on attend un paragraphe consacré au récit de Griselle exposant les circonstances de son lynchage au théâtre Les élèves devront, ici, combler les silences du texte de Kresmann-Taylor, imaginer comment le public a découvert la judaïcité de Griselle. Le voyage de Griselle de Berlin à Munich fera l’objet d’un autre paragraphe, dans lequel seront décrites les exactions commises par les nazis. Cette partie permet de présenter un autre point de vue par rapport à l’œuvre, celui d’une Juive constatant les ravages du nazisme, depuis l’Allemagne, cette fois-ci. Un dernier paragraphe devra formuler l’espoir mis en Martin alors que Griselle est proche du château Rantzenburg. Les élèves veilleront à équilibrer ces différentes parties.

— La reprise et la réutilisation du contexte historique appréhendé tant en histoire qu’en français (avec les lettres déjà étudiées en classe ou avec le travail mené sur la propagande nazie à travers les affiches analysées)

— La fidélité au texte-support

  • La correction de la langue et de l’orthographe

Cette grille d’évaluation peut être élaborée avec les élèves.

D’autres sujets sont possibles : Suite à la lettre 11, Max reçoit une lettre de sa sœur. Griselle " devait être épuisée car elle n’a pas couru assez vite et les S.A. l’ont repérée ". La jeune sœur de Max a été arrêtée et le moment de son exécution est proche. Elle a cependant le temps d’écrire à Max sans savoir s’il recevra un jour cette lettre. Elle revient, dans un premier temps, sur son ascension en tant que comédienne. Puis, elle raconte sa fuite du théâtre, son périple pour Munich et enfin son arrestation alors qu’elle était si proche de son but : le foyer de Martin. Griselle ne manquera pas, dans cette missive, d’exprimer toute sa révolte et sa colère envers la politique menée par Hitler et l’aveuglement des Allemands. Elle mentionnera sa peur face au supplice qui l’attend.

Ces différentes expressions écrites permettent de vérifier l’acquisition des caractéristiques de la lettre et de réutiliser des éléments vus aussi bien en français qu’en histoire. Elles peuvent également reprendre certaines lectures données aux élèves en lecture cursive comme Un sac de billes de J.Joffo ou La lettre de Conrad de Fred Uhlman ….

La sixième séance :

Avec la sixième séance, il serait bon de reprendre les onze premières lettres et d’établir avec les élèves certaines caractéristiques du système épistolaire, à savoir les invariants de ce genre :

– Son code formel

– Le principe de double énonciation (qui sera complété avec l’étude des lettres 13 et 14 puisque, alors, le destinataire est triple : Martin, le lecteur et la gestapo)

  • La notion de polyphonie

Une réflexion s’engagera avec les élèves sur les avantages d’un tel genre, sur les intérêts d’un récit par lettres. On axera cette réflexion sur :

  • l’effet de réel ainsi créé
  • les avantages que permet la polyphonie à savoir la multiplication des points de vue autour d’un même événement (la montée du nazisme) ou autour d’un même personnage (Griselle)
  • le fait qu’une communication différée engendre la réflexion (à l’image de Max qui, dans la lettre 7, évite la dramatisation d’une situation en concluant que c’est la censure qui dicte à son ami ses paroles) et permet à l’action de progresser pendant ce temps.
  • Le fait que les lettres aient des visées différentes et soient toujours en projection sur l’autre. La lettre est un moyen d’agir sur l’autre.
  • Les informations qu’une attention portée à la répartition de la parole peut fournir, reprenant en cela ce qui aura été dit lors de l’étude des lettres 9, 10 et 11.

Ce cours sera à compléter en fin d’étude de l’œuvre par une dernière remarque sur la lettre comme ressort de la fiction, avec les lettres finales de Max.

La septième séance :

Elle concerne la lettre 12 qui amorce un tournant décisif au niveau de l’intrigue.

Quelques questions préalables seront posées aux élèves :

  1. Quel personnage est au centre de cette lettre ?
  2. En quoi Martin se révèle-t-il tel qu’on l’avait pressenti dans les premières lettres ?
  3. Comment justifie-t-il son attitude ? Vous appuierez votre réponse par des citations du texte.

Les objectifs sont d’étudier l’omniprésence de l’énonciateur et d’aborder l’argumentation en définissant les notions de thème, thèse, arguments en vue éventuellement d’un prochain groupement de textes sur l’argumentation.

La correction de la première question démontrera que, de manière contradictoire, alors qu’il ne devrait être question que de Griselle, Martin est omniprésent dans cette missive. On étudiera les marques de cette omniprésence : les pronoms personnels (25 occurrences du pronom " je " !), la modalisation, le vocabulaire mélioratif / péjoratif, les types de phrases dont la modalité injonctive implicite…

Par le travail sur les marques syntaxiques de la subjectivité, on démontrera que Martin se révèle tel qu’on l’avait pressenti dans les premières lettres. Concernant Martin, on avait parlé, dès le début, d’opportunisme et de matérialisme. Ici, Martin, face à Griselle, fait passer sa position et son confort avant une femme qu’il a aimée dans le passé. De la même manière, son matérialisme s’affiche dans les dernières lignes de la lettre lorsqu’il écrit : " je ne veux plus rien avoir à faire avec les Juifs, mis à part les virements bancaires et leurs reçus… " C’est systématiquement le " je " qui l’emporte sur tout. Dans le même temps, Martin dévalorise l’attitude de Griselle.

Avec la correction de la troisième question, on montrera aux élèves que cette lettre est certes narrative (récit de la mort de Griselle) mais qu’elle se double également d’un discours argumentatif : Martin cherchant à justifier son attitude et à rejeter toute responsabilité. Martin justifie son comportement de trois manières :

— La première consiste à dévaloriser Griselle : cette dernière a été " stupide " car elle est venue malgré la présence de S.A. Cet argument est, d’ailleurs, répété à la fin de la lettre : c’est l’inconséquence de Griselle qui est la cause de tout. La même idée est développée quand il dit qu’ " elle a montré son corps impur à des jeunes Allemands ".

— La deuxième consiste à mettre en évidence une certaine fatalité, donc l’impuissance de Martin : cela ne pouvait pas se passer autrement car les circonstances étaient les suivantes : il y avait du monde chez lui, il ne pouvait donc pas la cacher. Il risquait par ailleurs d’être surpris par " une domestique ". A cela s’ajoutait le fait qu’Elsa était malade et cela aurait pu fortement la contrarier alors qu’elle venait d’accoucher du petit Adolf. Le dernier argument est qu’il risquait d’être arrêté et cela " pour une Juive ".

— La troisième enfin est que, malgré cette fatalité, ces circonstances, Martin a tout de même agi contre la loi (presque en héros tragique luttant contre la fatalité mais en vain). Il n’a pas fait ce que lui dictait " son devoir patriotique ". En effet, il aurait dû la dénoncer mais " cela, il ne l’a pas fait ". Il se félicite même d’avoir enterré le corps de Griselle à ses frais.

On a donc trois pôles qui organisent le discours de Martin : un pôle positif, lui-même, un pôle négatif, Griselle, et au-dessus de ces deux pôles, le fatum, contre lequel notre héros a tenté, en vain, de lutter.

On montrera que l’argumentation de Martin est irrecevable. Plusieurs raisons : le changement flagrant de sa manière de parler de Griselle : celle pour qui la porte de Martin devait être toujours ouverte devient une femme " stupide ". L’amour qu’ils ont pu partager est complètement balayé. Une " Juive " figure à deux reprises. Ce mot et sa connotation antisémite montrent l’étrangère qu’elle est devenue pour lui. On note le déterminant indéfini, le terme générique, elle n’est plus un être à part entière mais elle se rattache désormais à un genre, à une " race ". " Ta sœur " marque bien cette distance. La plupart du temps, il emploie le pronom " elle " qui ne met en évidence aucune émotion particulière. Une autre raison est l’opposition de caractère entre Griselle et Martin. Elle paraît héroïque en bravant les S.A et en trouvant la force une fois encore, malgré son épuisement, de fuir, elle ne se plaint pas. Lui essaie de valoriser son attitude : " par chance, c’est moi qui ai ouvert…Cela je ne l’ai pas fait… " alors qu’il n’a pas pris le moindre risque. Les paroles de Martin sont discréditées et toute la vénalité du personnage éclate en fin de lettre. Il apparaît alors comme quelqu’un de lâche. En déshumanisant sa manière de parler de Griselle, c’est finalement lui qui apparaît dénué d’humanité dans cette lettre. La logique de Martin s’inverse ou plutôt se renverse contre lui.

En grammaire, une séance sur les rapports cause-conséquence peut s’insérer ici puisque ce lien, de manière implicite ou explicite, sous-tend les lettres 9, 10, 11 et 12. Cela peut être l’occasion de revenir sur ces dernières lettres et de montrer que Max essaie de convaincre Martin d’intervenir en faveur de sa sœur en utilisant une rhétorique de la persuasion.

La huitième séance :

Elle s’appuiera sur les lettres 13, 14, 15 et 16 et aura pour but un travail sur la rupture narrative et la machination de Max. La notion de triple énonciation abordée lors de cette séance s’insèrera dans le cours sur les caractéristiques du genre épistolaire vu précédemment. On rappellera ce qu’était l’art dit " dégénéré " au moyen de documents iconographiques promouvant et précisant le sens de l’art pour les nazis.

La neuvième séance :

Elle concerne les lettres 17, 18 et 19 ainsi que la représentation d’une enveloppe (nouvel exemple de litote). A travers la lecture de la fin de l’œuvre de Kressmann Taylor, on constatera l’importance de la chute et on statuera sur le genre auquel appartient ce livre. Les élèves dégageront la structure de cette nouvelle épistolaire et complèteront le cours sur le système épistolaire puisqu’il aura été prouvé que la lettre peut être un véritable ressort de l’intrigue. (cf.document annexe intitulé " Les caractéristiques du genre épistolaire ")

Une dernière séance au choix peut être menée :

Soit demander aux élèves de faire une recherche sur Kressmann Taylor et à partir de sa biographie (mêlant version officielle et version officieuse) mener une réflexion sur les enjeux de l’écriture.

Soit cette étude d’œuvre intégrale peut s’achever par une analyse proposant trois niveaux de lecture possibles du livre. Ce travail permet une lecture plurielle de l’œuvre. Tout d’abord, on définit ce livre comme une tragédie contemporaine au sens où il met en scène le déclin tragique d’une amitié (histoire de deux amis entraînés inéluctablement vers la destruction de leur amitié / le pathétique autour du personnage de Griselle, voire autour du personnage de Max dans la mesure où sa vengeance implacable lui fait perdre une part d’humanité). Puis on s’attache à montrer qu’au-delà de ce premier niveau de lecture s’esquisse une dénonciation vigoureuse du nazisme, qu’Inconnu à cette adresse propose une analyse perspicace de la montée du nazisme faite par une Américaine en 1938 (le nazisme dans le texte / une œuvre qui évite tout didactisme / actualité de l’œuvre : réflexion sur le totalitarisme en général et mise en garde contre toutes tentations de tenir pour négligeables les atteintes aux droits de l’homme). Enfin, on montre que l’art peut être le symbole même de la lutte contre les idéologies totalitaires (l’art dans le texte / l’art comme moyen de lutte). En développant ces trois parties, on peut sensibiliser, un peu, les élèves au processus de la dissertation.

 

Prolongement possible : on peut proposer aux élèves l’écriture d’une ultime lettre et ainsi " lancer " une correspondance avec une classe d’un autre établissement scolaire ayant étudié cette œuvre intégrale. La rédaction de cette missive peut permettre d’évaluer et de valider certains critères de réussite du B2I. On peut se référer à la contribution sur ce site intitulée : "  Le devoir de mémoire, projet incluant les TICE "

Document annexe

Les caractéristiques du genre épistolaire :

L’ensemble des lettres d’Inconnu à cette adresse crée un univers fictionnel ; ce type d’écrit est un genre littéraire à part entière : le genre épistolaire. On peut parler de roman ou de nouvelle épistolaire dans la mesure où des caractéristiques communes à ces œuvres peuvent être clairement identifiées.

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