Le bilan que l’on peut établir au terme de cette action est
riche d’enseignements très encourageants, non seulement parce que les résultats
enregistrés sont évidemment positifs, mais aussi parce qu’il apparaît que l’on
peut les obtenir selon des voies assez largement diversifiées. Fondamentalement,
tout ce qui est ici constaté est réellement et facilement transférable.
- Il est parfaitement possible d’accorder dans l’horaire de la classe de
français une priorité effective aux objectifs et activités d’écriture.
Cette pratique de l’enseignement du français a pu certainement apparaître
exigeante et lourde ; la difficulté, pour l’essentiel, s’explique par le
manque d’habitudes et de repères dans ce domaine chez les professeurs.
- Les erreurs orthographiques ne relèvent d’aucune fatalité ; on
peut les faire régresser dans des proportions substantielles et avec
n’importe quelle catégorie d’élèves.
- L’orthographe, cela peut et doit s’enseigner. Cet enseignement
n’est nullement fastidieux pour les élèves, qui souvent, en mesurant leur
aptitude à progresser, ont envisagé plus positivement leur travail scolaire.
- Il est parfaitement possible, dans le cadre des structures, des horaires
et des programmes existants, de définir des objectifs précis et spécifiques
à des groupes d’élèves particuliers ; de travailler et d’évaluer en
conséquence. Il est parfaitement possible de s’intéresser aux mécanismes
individuels de la difficulté et de l’erreur.
- Tous les professeurs impliqués s’accordent pour souligner l’intérêt d’un
travail collectif, fait d’échanges, de sollicitations, de témoignages et de
conseils, qui a duré toute l’année scolaire.
La priorité accordée aux activités d’écriture a pu sans doute
susciter certaines frustrations. On a pratiqué un peu moins de lectures
analytiques pendant l’année, ou bien la lecture des textes a été moins
approfondie. Le travail de l’oral, lorsque le professeur avait l’habitude de le
pratiquer, a dû être sensiblement réduit. On avoue parfois également avoir
ressenti quelque difficulté à retrouver son rôle prédominant de professeur dans
la conduite des séances d’écriture. Il y a en effet quelque mérite à avoir
respecté avec constance jusqu’au bout les principes de l’action…. Toutefois, ces
difficultés ne sauraient conduire au scepticisme et il ne faut pas perdre de vue
ici les limites méthodologiques du travail et des observations réalisés dans le
cadre de cette action :
- on n’a pas mesuré la progression parallèle des performances des élèves
dans les autres domaines de la discipline (notamment en lecture) ; il n’est
pas du tout certain que les progrès en orthographe se soient obtenus au
détriment des autres objectifs.
- On n’a pas mesuré le retentissement de ce travail dans les écrits des
autres disciplines, tant du côté des élèves que de celui des enseignants…
Les choses ne seraient-elles pas facilitées si le souci de l’écrit et de
l’orthographe était effectivement partagé par toutes les disciplines ?
- On ne s’est intéressé cette année qu’au seul niveau de la classe de
Sixième. Il serait certainement éclairant de mesurer les résultats au bout
de 4 années de pratiques analogues à celles qui sont ici décrites.
Ces limites méthodologiques peuvent susciter d’autres
actions. En tout état de cause, ce travail réalisé dans des conditions tout à
fait habituelles d’enseignement et les résultats obtenus doivent constituer un
encouragement pour tout le monde.